Ecrit par L.B. |
Conformément à l’exigence du cadre environnemental et social (CES) de la Banque mondiale, qui a contribué au financement de l’opération Tadamon, le ministère de l’Economie et des Finances a mené un audit social ex-post. En voici les principales conclusions.
Certes la pandémie de la Covid-19 est derrière nous (du moins on l’espère). Mais cette crise nous a permis de tirer plusieurs leçons. Elle a également mis à nu plusieurs vulnérabilités dont souffre notre économie. Pour faire face à cette crise, l’Etat a déployé les moyens nécessaires (certes insuffisants) pour venir en aide aux milliers de Marocains qui du jour au lendemain se sont retrouvés sans aucun revenu.
Parmi les mesures d’atténuation de l’impact de la pandémie sur les ménages, l’octroi d’une indemnité forfaitaire mensuelle nette de 2.000 DH et le maintien des prestations relatives à l’AMO et des allocations familiales au profit des salariés affiliés à la CNSS déclarés en arrêt partiel ou total du travail ainsi que le versement d’indemnités dans le cadre de l’opération « Tadamon » aux travailleurs du secteur informel impactés directement par la déclaration de l’état d’urgence allant, selon la taille du ménage, de 800 DH à 1.200 DH par mois.
3 ans environ après le déclenchement de cette opération, le ministère de l’Economie et des Finances a mené un audit social ex-post qui se veut une exigence du cadre environnemental et social (CES) de la Banque mondiale (1). Et pour cause, cette dernière a financé partiellement et de manière rétroactive l’Opération « Tadamon » qui consistait en des transferts monétaires d’urgence effectués en 2020 au profit des ménages vulnérables opérant dans le secteur informel et impactés directement par la déclaration de l’état d’urgence sanitaire.
Ainsi il ressort du rapport que, d’une manière générale, « l’opération « Tadamon » des Transferts monétaires 2020 a atteint ses objectifs en réussissant à amortir la réduction des revenus qu’une grande partie des ménages les plus pauvres opérant dans le secteur informel auraient autrement subi, évitant ainsi une augmentation beaucoup plus importante de la pauvreté ».
Et bien que les bénéficiaires (échantillon de l’audit) aient exprimé leur satisfaction de la gestion en général de l’opération, des choses restent à revoir.
Ainsi le rapport d’audit révèle que les constats de l’évaluation de l’éligibilité des personnes bénéficiant du programme de transfert d’urgence indiquent d’une part un risque d’inclusion de cibles non éligibles et d’autre part un risque de cumul de transferts Tadamonet d’autres aides sociales au profit d’un même ménage.
Le rapport a également relevé que le nombre de ramédistes ayant bénéficié des deux premiers transferts monétaires de l’opération s’élève à près de 2,8 millions, soit 52% du total des ménages bénéficiaires.
Un nombre des bénéficiaires qui a été réduit de près de 617.447 bénéficiaires (ramédistes et non-ramédistes) lors du troisième transfert ce qui correspond à un montant total de 590 MDH.
Selon le rapport d’audit, cette baisse pourrait s’expliquer en partie par les rectifications et les ajustements apportés à la base initiale des bénéficiaires suite à la révélation d’erreurs et la détection d’incohérences dans les phases 1 et 2 de l’opération.
Toujours selon la rapport d’audit, « les fonds mobilisés par le ministère aux profits des bénéficiaires Tadamon s’élèvent à 16,15 Mds de DH, dont 15.20 Mds de DH ont été effectivement servis par les institutions financières (IF), le solde correspond aux fonds qui ont été restitués par le HUB au Ministère chargé des finances (un montant de 892.747.803 DH, soit 5,53 %) et les commissions de paiement (un montant de 51.683.197 DH, soit 0,32%) ».
Seulement 3 institutions financières (IF) des 17 IFs mandatées pour cette opération ont effectué plus de 38% des transactions de paiement. Il s’agit de ABB ayant assuré 15,2% des opérations, ChaaBi Bank avec 12,4% et Al Amana avec 10%.