Cette conjoncture très incertaine a ravivé, déplore le CMC, chez les décideurs marocains, le traumatisme de la période ayant précédé le lancement du PAS au début des années quatre-vingt. La hantise de revivre le même scénario pousse les autorités à explorer toutes les voies à même de garantir un niveau de réserves de changes.
Avec ce nouvel emprunt de 2,5 Mds de dollars intervenu début mars de cette année, le Maroc aura réalisé au cours de la période 2003- 2023 pas moins de douze sorties sur le MFI ( Marché Financier International) qui lui ont permis de lever un total de 12,4 Mds d’Unités Monétaires dont 60,5% en dollars et 39,5% en Euros.
S’agissant plus spécifiquement de cette dernière sortie de 2023, les conditions financières de cet emprunt sont beaucoup plus onéreuses comparativement à toutes celles appliquées au cours des 20 dernières années. C’est que la première tranche de 1,25 Md de dollars d’une maturité de 5 ans a été souscrite par les investisseurs avec un taux de rendement de 6,22% tandis que la deuxième tranche de 1,25 Md de dollars d’une maturité de 10 ans a été adjugée au taux de 6,60%.
Ces conditions onéreuses s’expliquent par le retour d’inflation qui affiche des niveaux avoisinant les deux chiffres même dans les pays les industrialisés.
Les organismes internationaux- FMI, Banque Mondiale, OCDE… font état dans leurs dernières publications des niveaux de prix qu’il faut remonter à la décennie quatre-vingt du siècle dernier pour trouver des seuils comparables.
Autant dire que la conjoncture actuelle connait une crise économique inédite. « Cependant, et en dépit de son coût relativement élevé, ce retour sur le marché après un une absence au cours de la biennale 2021-2022, serait un franc succès à en juger par la demande exprimée qui atteint 11 Mds de dollars soit environ 4,5 fois le montant levé », indiquent à juste titre les analystes du Centre marocain de conjoncture.
Intervenant dans un contexte global entaché de fortes incertitudes dues à la montée des tensions dans les relations entre les grandes puissances économiques mondiales (USA et UE d’un côté contre la Chine et la Russie de l’autre), ce nouvel emprunt est encadré, au plan juridique, par les dispositions de loi de finances 2023 qui autorise l’exécutif à solliciter les emprunts extérieurs à hauteur de 60 Mds de DH (équivalent de 6 Milliards de dollars américains).
« Cela veut dire que d’autres sorties au cours de cette année ne sont pas à exclure. Tout dépendra de l’évolution de l’environnement socio-économique. Les conditions de taux sur le marché financier international ainsi que les perspectives de détérioration ou d’amélioration du cycle conjoncturel orienteront fortement la décision des pouvoirs publics », annoncent les conjoncturistes.
Ajoutons à cela que le FMI a accédé à la requête du Maroc de disposer d’un montant de 5 Mds de dollars au titre de LCM (Ligne de Crédit Modulable) lors de la réunion de ses instances délibératives tenue le 3 Avril 2023. Conclu pour une durée de 24 mois, cet accord prévoit qu’en cas de menace imminente de choc externe extrême sur ses comptes publics, le Maroc est autorisé à mobiliser immédiatement et sans délais, le produit de cette facilité.
Cette conjoncture très incertaine a ravivé, déplorent les conjoncturistes, chez les décideurs marocains, le traumatisme de la période ayant précédé le lancement du PAS au début des années quatre-vingt.
La hantise de revivre le même scénario pousse les autorités à explorer toutes les voies à même de garantir un niveau de réserves de changes suffisant pour se prémunir contre tout risque de contrainte financière externe susceptible de menacer la solvabilité internationale du Maroc, solvabilité dont la préservation est la condition sine qua non pour tout recours dans le futur au financement externe dans des conditions satisfaisantes.
Au total, l’objectif majeur de ces différents apports de capitaux externes-sortie sur le MFI et conclusion de la facilité LCM avec le FMI- est de permettre au Maroc de disposer de marges de manœuvre destinées d’une part à préserver la soutenabilité de la balance des paiements en cas de survenance de chocs extrêmes de nature exogène et d’autre part à assurer la disponibilité des ressources financières indispensables à la relance de l’économie nationale.
Conscient, en effet, de la nécessité de créer des opportunités d’emploi, passage obligé pour lutter contre la précarité qui s’est aggravé depuis 2020, l’Etat semble décidé à réunir les conditions financières nécessaires à une relance de l’économie nationale dans les meilleurs délais.
En atteste la LF 2023 qui projette un budget d’investissement consolidé pour l’ensemble du secteur public de 300 Mds de DH. Or, la concrétisation de tels investissements nécessite la disponibilité de ressources dont les financements d’origine externe constituent un apport appréciable.
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