Ecrit par S.E.|
Les contours de l’ère post-Covid en ce qui concerne les IDE ne sont pas encore bien dessinés. Mais elle pourrait constituer une nouvelle phase de la mondialisation qui requiert de la proximité pour réduire la chaîne d’approvisionnement. Le Maroc, pays en développement, est exhorté à plus de vigilance pour ne pas rater le virage.
La pandémie a mis à rude épreuve la situation financière des entreprises qui étaient bien portantes. Elle les a poussées à ralentir leurs projets d’investissements notamment les moins stratégiques à des jours meilleurs carrément à les effacer. Suite aux mesures restrictives adoptées à l’échelle mondiale, de nombreux projets d’investissements ont dû être suspendus ou reportés, entraînant ainsi une baisse de 42% des IDE.
Les investissements directs étrangers (IDE) à destination de l’Afrique ont reculé de 18% en 2020 par rapport à 2019. C’est ce qu’a annoncé la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans un rapport publié le 24 janvier 2021.
Selon l’étude, cette baisse est due à une chute importante des annonces de projets d’investissements Greenfield estimée à -63% par rapport à 2019, suivie des financements de projets internationaux qui ont reculé de 40%. Cependant, ces baisses n’ont pas eu les mêmes impacts d’une région à l’autre du continent.
Les perspectives
Pour 2021, la CNUCED table sur une baisse modérée de 5 à 10%. Mais il est tout de même important de reconnaître que les perspectives restent très incertaines et dépendent de la durée de la crise sanitaire, de l’efficacité des interventions politiques et surtout des stratégies que vont mener les grands donneurs d’ordre.
L’institution onusienne a par ailleurs analysé le devenir de la production internationale à l’issue de la pandémie. Il en ressort que la crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur des évolutions déjà en marche pour ne citer que la révolution technologique et industrielle, l’importance du rôle de l’Etat et surtout la montée du nationalisme.
Pour faire simple, l’évolution globale de la production internationale va dans le sens d’un raccourcissement des chaînes de valeur, d’une concentration accrue de la valeur ajoutée et d’une diminution des investissements internationaux. Ces tendances, selon les conjoncturistes, poseront des problèmes immenses aux pays en développement. Et d’ajouter : « Depuis des dizaines d’années, les stratégies de développement et d’industrialisation de ces pays reposent sur leur pouvoir d’attraction de l’IDE, sur une plus grande captation de la valeur ajoutée au sein des chaînes de valeur internationales, et sur une modernisation technologique progressive dans les réseaux internationaux de production ».
Partant de là, il est fort à parier que dans l’ère post-pandémique, la transformation de la production internationale pourrait générer des défis en matière d’investissement et de développement pour ces pays en quête d’IDE. Ces défis sont susceptibles d’inclure plus de désinvestissements, des délocalisations, un détournement des investissements… Ce qui impliquera une concurrence plus accrue sur les investissements avec toutes les conséquences qui en découlent.
Pour le cas de notre économie, la succession des déficits du compte courant durant les dernières années, et l’incapacité des investissements directs étrangers à absorber ce déficit, a fait que l’Etat a de plus en plus recouru à l’endettement sur le marché international et auprès des bailleurs de fonds étrangers. Ce qui s’est traduit par une augmentation de la dette extérieure publique. Cette hausse de la dette n’est pas exempte d’impact sur les dépenses de l’Etat et en conséquence sur son solde budgétaire.
Ce qu’offre la ZLECAF
Pour un pays comme le Maroc, l’enjeu est de créer les conditions pour qu’au-delà des politiques industrielles et de l’attractivité de l’investissement étranger, les entreprises marocaines puissent rentrer dans des rapprochements d’actions communes et de création d’unités communes avec des pays africains disposant d’industrie embryonnaire qui souhaitent la développer. Avec l’entrée en vigueur de la ZLECAF, le Maroc, à l’instar d’autres pays africains, pourrait exploiter à bon escient les synergies et les complémentarités. Nombreuses sont les études ayant mis en évidence le développement des chaînes de valeurs régionales en Afrique du nord dans des secteurs manufacturiers et agro-alimentaires. Elles le sont également dans des secteurs tels que les services, le transport, la distribution, l’aéronautique…
Pour ne pas assombrir le tableau et comme toute crise est porteuse d’opportunités, de nouvelles opportunités pourraient être ainsi créées dont l’investissement dans le numérique qui a joué un rôle des plus importants dans le contexte de crise.
Une chose est sûre : cette phase post-Covid dont les contours ne sont pas encore bien dessinés va constituer une nouvelle phase de la mondialisation qui requiert de la proximité pour réduire la chaîne d’approvisionnement. Le Maroc est exhorté à plus de vigilance pour ne pas rater le virage.
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