Ecrit par Soubha Es-Siari I
S’il y a bien un enseignement à tirer de ce changement climatique, c’est que le risque est bien réel et peut surgir à tout moment. D’où l’enjeu de l’intégrer dans les politiques publiques à travers une stratégie nationale multidimensionnelle de gestion des risques climatiques.
De plus en plus, nous nous rendons compte que le changement climatique n’est pas un Slogan mais une réalité à laquelle nous devons nous préparer et nous armer comme il se doit.
Au moment où on craignait une 8e année consécutive de sécheresse, des pluies torrentielles se sont abattues sur le Maroc même dans les zones qui généralement sont, durant la saison hivernale, peu desservies.
Ces pluies devraient en principe apporter du baume dans nos cœurs d’autant plus que notre économie dépend drastiquement de l’agriculture et notre PIB agricole, bon an mal an, conditionne la croissance économique nationale.
Depuis ces deux dernières décennies, le secteur agricole marocain subit de plein fouet les effets du changement climatique qui menacent directement sa performance et sa durabilité. Le pays a connu une succession de sécheresses sévères, une irrégularité marquée du régime des pluies, l’apparition de vents chauds desséchants et un stress hydrique généralisé qui s’est installé comme une nouvelle norme. Cette situation climatique dégradée a entraîné une détérioration accélérée des sols agricoles, a fortement impacté la productivité des principales cultures, a perturbé le fonctionnement des filières agricoles et a renforcé les risques pesant sur la sécurité alimentaire nationale.
Outre l’agriculture, ce changement climatique se traduisant aujourd’hui par les fortes pluies a malheureusement entraîné des dégâts matériels et humains dans certaines villes où le handicap lié à l’infrastructure est trop criard. Comparativement à d’autres cieux, où les inondations sont dévastatrices, ces pluies restent, faut-il le reconnaître, moins abondantes.
Peu importe, le problème est que cette situation pourrait se reproduire encore entraînant dans son sillage des dévastations plus importantes voire meurtrières. Et pour cause, comme l’ont si bien analysé les experts, ces perturbations se traduisent de plus en plus par des évènements extrêmes, en particulier des précipitations abondantes concentrées sur de très courtes périodes.
La Direction générale de la météorologie a expliqué que le Maroc est actuellement concerné par une dépression d’altitude froide isolée, de type cut-off, stationnant sur une vaste zone du pays. Ce système correspond à une masse d’air très froide, à l’origine de perturbations difficiles à prévoir avec précision, dont certains effets peuvent être soudains. Des situations quasi identiques ont déjà été observées dans d’autres pays, notamment lors des inondations survenues à Valence, en Espagne, en 2024, liées au même type de configuration atmosphérique. Ces dépressions restent marquées par une forte imprévisibilité et soudaineté, ce qui impose une vigilance accrue de la part des autorités et des populations.
Les inondations qui ont frappé de plein fouet la ville de Safi sont un signal fort que dans un laps de temps très courts, les dégâts humains et matériels pourraient être fatals.
A ce titre, il est impératif de renforcer les infrastructures, de procéder à une planification urbaine intégrant pleinement les risques climatiques et une prise en compte des changements dans l’aménagement du territoire notamment dans les villes qui valeur aujourd’hui présentent des signes de retard et de faiblesse en la matière.
L’élaboration de cartes précises des zones exposées aux risques d’inondation, l’interdiction de construire dans les lits d’oueds et à proximité des cours d’eau, ainsi que le renforcement des investissements dans les infrastructures hydrauliques et de protection figurent parmi les leviers identifiés à actionner impérativement.
S’il y a bien un enseignement à tirer de ce changement climatique, c’est que le risque est bien réel et peut surgir à tout moment. D’où l’enjeu de l’intégrer dans les politiques publiques à travers une stratégie nationale multidimensionnelle de gestion des risques climatiques.
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