La problématique de l’emploi inquiète à plus d’un titre. Les jeunes, et particulièrement ceux appartenant au groupe des NEET (Not in Education, Employment or Training), sont confrontés à des difficultés significatives pour trouver des emplois correspondant à leurs qualifications. Les inadéquations entre les formations dispensées et les compétences requises par le marché du travail, les normes sociales restrictives et les barrières institutionnelles sont autant de facteurs qui compliquent l’insertion professionnelle.
Dans leur bulletin mensuel, les conjoncturistes se penchent sur les défis de l’employabilité dans un contexte en ébullition. Ils rappelent ainsi le rôle que jouent les secteurs émergents dans la transformation économique, représentant à la fois des moteurs de croissance et des sources importantes d’emplois qualifiés.
En réponse à la nécessité de réduire la dépendance aux énergies fossiles et de répondre aux engagements internationaux en matière de changement climatique, le Maroc a investi massivement dans les énergies renouvelables. Le plan solaire Noor, par exemple, est l’un des plus grands projets solaires au monde, mettant en évidence l’engagement du pays à devenir un leader régional en matière d’énergie propre.
Il nécessite des compétences spécifiques, allant de l’ingénierie à la gestion de projets, en passant par la maintenance technique et la recherche et développement. La formation professionnelle et académique doit ainsi évoluer pour répondre à ces besoins, intégrant des cursus spécialisés et des programmes de formation continue pour les professionnels en activité.
Parallèlement, le traitement et l’analyse des données connaît une croissance rapide, alimentée par la digitalisation croissante de l’économie et la multiplication des sources de données. Le Big Data et l’intelligence artificielle représentent des opportunités majeures pour les entreprises cherchant à améliorer leur efficacité opérationnelle et à développer de nouveaux produits et services.
Les compétences requises, à cet égard, sont variées et incluent la science des données, l’informatique, les statistiques, ainsi que des compétences analytiques et techniques avancées. La demande pour ces compétences dépasse largement l’offre actuelle, soulignant l’importance de développer des programmes éducatifs et de formation qui peuvent combler ce fossé.
L’essor de ces secteurs émergents est également soutenu par un cadre réglementaire favorable et des incitations gouvernementales. Des initiatives telles que les zones franches, les subventions pour les projets de recherche et développement, et les facilités d’investissement pour les entreprises innovantes sont fondamentales pour attirer les investissements étrangers et encourager l’entrepreneuriat local.
Ces mesures créent un environnement propice à l’innovation et au développement de nouvelles technologies, stimulant ainsi la création d’emplois qualifiés et bien rémunérés. Cependant, malgré ces avancées, le développement des zones d’émergence rencontre plusieurs adversités. Le manque de compétences adéquates, les infras- tructures insuffisantes et la nécessité d’une meilleure coordination entre les différents acteurs sont autant de freins à surmonter.
Branches conventionnelles et emploi intensif
Tout ce qui précède n’empêche pas de dire que les branches conventionnelles, telles que le bâtiment et travaux publics (BTP), l’agriculture et le textile, continuent de jouer un rôle prépondérant, en raison de leur capacité à générer un grand nombre d’emplois.
Bien que traditionnelles, elles constituent les piliers fondateurs de l’économie nationale et participent manifestement à l’absorption de la main-d’œuvre, en particulier dans les zones rurales et semi-urbaines. Cependant, elles sont confrontées à des défis structurels et nécessitent des réformes pour améliorer leur compétitivité et moderniser leurs pratiques.
Le BTP est un moteur important de l’emploi,en grande partie grâce aux investissements publics et privés dans les infrastructures. Sauf que la modernisation des techniques de construction, l’amélioration des conditions de travail et l’intégration de normes de sécurité plus strictes sont des impératifs pour rendre le rendre plus attractif et durable.
L’agriculture, autre pilier de l’économie, emploie une part importante de la population active, notamment dans les zones rurales. Malgré son importance, elle est souvent caractérisée par une faible productivité, des techniques de production traditionnelles et une dépendance aux conditions climatiques. Les politiques publiques, telles que le Plan Maroc Vert, ont été mises en place pour moderniser l’agriculture, promouvoir l’irrigation, et améliorer la productivité et la rentabilité des exploitations agricoles.
Ces efforts viseraient à encourager l’adoption de nouvelles technologies et pratiques agricoles, ainsi qu’à diversifier les cultures pour réduire la vulnérabilité aux chocs climatiques. Néanmoins, sa transformation nécessite une formation accrue des agriculteurs, un meilleur accès aux financements et une infrastructure rurale améliorée pour soutenir la commercialisation des produits agricoles.
Le textile, bien qu’il ait connu des périodes de déclin en raison de la concurrence internationale, reste un employeur majeur, surtout dans les régions urbaines et semi-urbaines. Il se distingue par une main-d’œuvre qualifiée et une longue tradition de production de vêtements et de textiles divers. Pour renforcer sa compétitivité, des initiatives ont été prises pour moderniser les unités de production, améliorer la qualité des produits et adopter des normes internationales. La formation des travailleurs, l’innovation dans les techniques de production et l’ouverture à de nouveaux marchés d’exportation sont des stratégies clés pour le revitaliser. A cet effet, le respect des normes sociales et environnementales est essentiel pour attirer les investisseurs internationaux et répondre aux exigences des marchés mondiaux.
Les défis communs à ces branches conventionnelles incluent la nécessité de moderniser les pratiques, d’améliorer les conditions de travail et de garantir une formation continue pour les travailleurs. La transition vers une économie plus moderne et compétitive passe par l’intégration de technologies avancées, l’améliora- tion des infrastructures et le renforcement des capacités institutionnelles.