Ecrit par Imane Bouhrara I
Bien que le taux de pĂ©nĂ©tration de lâassurance sâamĂ©liore Ă 4% au Maroc et au-delĂ des couvertures obligatoires, la culture de gestion de risques reste rudimentaire chez le Marocain. Le digital peut-il Ă lui seul constituer un levier de croissance, notamment pour la bancassurance, second canal de distribution le plus important ?
Avec un taux de pĂ©nĂ©tration de 3,9% et un chiffre dâaffaires de 55,9 Mds de DH en 2023, le secteur des assurances poursuit sa progression, lâĂ©rigeant Ă la deuxiĂšme place sur le continent africain.
Une performance portĂ©e par un rĂ©seau de distribution composĂ© de 1.494 agents dâassurance, 959 bureaux de gestion directe, 473 courtiers dâassurance sans oublier la bancassurance avec plus de 6.000 agences bancaires de 10 banques conventionnelles, 3 sociĂ©tĂ©s de financement, 8 banques et fenĂȘtres participatives, 7 Ă©tablissements de paiement et 1 association de micro-crĂ©dit, selon YounĂšs Lammat, Directeur de la Protection des AssurĂ©s de lâACAPS.
Au Maroc, la bancassurance constitue le second canal de distribution le plus important apreÌs les intermeÌdiaires dâassurance, repreÌsentant 30 % du marcheÌ, dont 99,7 % sont domineÌs par le reÌseau bancaire.
En 2023, le volume des primes dâassurance drainĂ©es par la bancassurance a atteint 19,2 Mds de DH en 2023 avec un TCAM de 9,1% sur trois ans, assure Y. Lammat lors du Forum de la bancassurance digitale en Afrique tenu ce 21 juin Ă Casablanca.
La digitalisation a impulseÌ une croissance significative de la bancassurance en permettant une gestion commerciale plus efficace et un Ă©largissement de la clienteÌle.
Une dynamique renforcĂ©e pour lâensemble du secteur avec lâentrĂ©e en vigueur en juillet 2022 de lâinstruction de lâACAPS relative aux dispositifs Ă©lectroniques de vente en ligne de produits d’assurance qui Ă©nonce  les conditions et les modalitĂ©s que doivent observer les entreprises dâassurances et de rĂ©assurance ainsi que les intermĂ©diaires dâassurances et les autres entitĂ©s habilitĂ©es Ă prĂ©senter au public des opĂ©rations dâassurances, pour la mise en place dâun dispositif Ă©lectronique de vente en ligne permettant la conclusion de contrats d’assurance.
Dâailleurs la digitalisation et lâinnovation figurent parmi les principales orientations du plan stratĂ©gique 2024-2026 de lâACAPS.
Le Forum de la bancassurance digitale en Afrique, organisĂ© par Interwold Africa vise aÌ reÌpondre aÌ diverses interrogations sur lâeÌtat actuel et les tendances de deÌveloppement du secteur, les contraintes et leviers de croissance, ainsi que les meilleures solutions digitales et strateÌgies pour les opeÌrateurs.
Et lâune des contraintes est la culture de gestion de risques, appelĂ©e Ă Ă©voluer selon Rachid Saihi, Directeur gĂ©nĂ©ral du Centre monĂ©tique interbancaire (CMI).
« Il y a un aspect Ă©ducation Ă renforcer parce que la culture de gestion des risques chez le Marocain est trĂšs faible. Et câest un frein important », explique-t-il.
Le CMI qui a dĂ©veloppĂ© des expĂ©riences utilisateur rĂ©ussies avec diffĂ©rents partenaires, semble intĂ©resser les assureurs comme plateforme de distribution des produits dâassurances, pour contribuer Ă cette croissance espĂ©rĂ©e et une amĂ©lioration continue du taux de pĂ©nĂ©tration de lâassurance au Maroc.
Dans ce sillage, Rachid Saihi rappelle les trois prioritĂ©s qui ponctuent le travail du CMI, Ă savoir, la disponibilitĂ©, lâautomatisation et lâinnovation. Et des investissements annuels de 90 MDH pour accompagner la croissance folle de la monĂ©tique au Maroc, avec des transactions en hausse de 20% chaque annĂ©e, forçant le CMI a doublĂ© sa capacitĂ© de traitement chaque trois ans.
Bien que le secteur bancaire demeure le plus dynamique dans la distribution des produits de bancassurance, autre part en Afrique oĂč la bancarisation demeure faible, la financiarisation semble ĂȘtre un meilleur levier de croissance de lâassurance. Le cas de la CommunautĂ© Ăconomiques et MonĂ©taire de lâAfrique Centrale – Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo Brazzaville, Gabon, GuinĂ©e Ăquatoriale, Tchad), comme lâexplique Evina Landry est le Chef de DĂ©partement du DĂ©veloppement du RĂ©seau et du MarchĂ© au GIMAC (Groupement Interbancaire MonĂ©tique de lâAfrique Centrale).
En effet, lâoutil digital a un rĂŽle important dans lâĂ©largissement de la couverture assurantielle, par seulement via le secteur bancaire et par ricochet la bancarisation. En effet, si la CEMAC enregistre un taux de bancarisation de 10 Ă 15% (7 millions de comptes pour 55 millions dâhabitants des six pays), elle a un taux de financiarisation de 30% avec 42 millions de comptes Ă©lectroniques 77% des flux mobiles.
Ce qui appelle à sortir des sentiers battus et explorer de nouvelles expériences client principal enjeu de la transformation digitale bien que le M-wallet au Maroc connaßt une évolution plus que timide face une croissance considérable des fintechs.