Le Maroc a pris des mesures décisives pour la décarbonation de son économie. Cette décarbonation qui serait largement soutenue par des investissements du secteur privé, aura des impacts globalement positifs sur le PIB et le niveau d’endettement dont le ratio sur le PIB serait abaissé de 2,5 points par rapport au scénario de référence d’ici à 2030.
Le secteur industriel marocain est déjà largement électrifié avec un taux de 33 %, soit un niveau supérieur à la moyenne européenne de 31 %. La consommation industrielle d’énergie est par ailleurs dominée par les matériaux de construction, l’extraction minière et l’exploitation des carrières, qui représentent ensemble 65 % de l’utilisation finale d’énergie dans l’industrie.
Parmi ces secteurs, l’industrie du ciment, plus gros émetteur de CO2, a réussi à réduire ses émissions en obtenant de meilleurs résultats que les moyennes mondiale et européenne.
L’industrie des phosphates se dote d’une stratégie climatique ambitieuse ; l’OCP a déjà considérablement réduit son empreinte carbone et s’est fixé pour objectif de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2040.
La décarbonation des secteurs les plus énergivores d’ici 2050 étant déjà avancée, les efforts doivent désormais se concentrer selon la Banque mondiale sur les secteurs plus fragmentés et ayant moins accès aux technologies et au savoir-faire, à savoir la céramique, le textile et l’agroalimentaire.
Le verdissement des parcs industriels pourrait bien entendu contribuer à accroître la compétitivité de l’industrie manufacturière marocaine. « In fine, les simulations montrent que le Maroc devrait être bien placé pour tirer parti de l’évolution des préférences vers des produits à faible teneur en carbone », rappellent les conjoncturistes.
Les impacts macroéconomiques de la décarbonation se révèlent aussi positifs. La décarbonation de l’économie marocaine, qui serait largement soutenue par des investissements du secteur privé, aura des impacts globalement positifs sur le PIB et le niveau d’endettement dont le ratio sur le PIB serait abaissé de 2,5 points par rapport au scénario de référence d’ici à 2030. Par ailleurs, la transition énergétique générerait environ 28 000 emplois nets par an dans toute l’économie, soit environ 9 % du déficit annuel de 300 000 emplois actuellement estimé au Maroc.
L’intensité des émissions de dioxyde de carbone incorporées dans les exportations marocaines est déjà sensiblement inférieure à celle d’autres pays concurrents sur les marchés européens, tels que la Tunisie et la Turquie même si elle est encore 70 % plus élevée que celle de l’UE, et 31 % plus élevée que la moyenne de l’OCDE en 2018.
Le programme de décarbonation permettrait au Maroc de réduire l’intensité carbone de ses produits industriels et de renforcer leur compétitivité sur les marchés exigeants, notamment l’UE, améliorant ainsi la balance commerciale et alimentant une économie forte et diversifiée.
L’exemple des véhicules électriques est assez parlant puisque le Maroc a vu son attractivité augmenter au cours des dernières années, d’autant que l’élimination progressive annoncée de tous les véhicules à moteur à combustion dans l’UE d’ici à 2035, poussera les constructeurs automobiles européens à investir dans la production de véhicules électriques là où les coûts de production sont plus faibles.