Interviewé par Soubha Es-Siari I
Dans un contexte marqué par une succession des crises de plus en plus sévères, les pays du continent africain ont du mal à rembourser leurs dettes. Sur 53 pays en cessation de paiement, 23 pays sont africains. Le G24* appelle les institutions de Bretton Woods (FMI et BM) à concilier entre la lutte contre le changement climatique et l’allégement du fardeau de la dette notamment pour les pays les plus pauvres. Comment ? Les réponses de Adama Coulibaly, président du G24 et ministre de l’Economie et des Finances en Côte d’Ivoire au micro de EcoActu.ma à l’occasion des Assemblées annuelles BM/FMI.
EcoActu.ma : On reproche aux institutions de Bretton Woods de se pencher sur le changement climatique et l’insécurité alimentaire, deux nouveaux chocs, au détriment de la problématique de l’endettement qui pèse lourdement sur les pays africains. Quel commentaire faites-vous à ce sujet ?
Adama Coulibaly : Ce que nous disons c’est que l’agenda lié au changement climatique est un bon agenda. Si nous voulons un monde meilleur, il faut que la croissance économique se fasse dans un monde où règne le bien-être. Or, nous observons déjà les effets du changement climatique dans différents pays. C’est souvent des inondations, des sécheresses aigües… des situations désastreuses que nous déplorons.
Donc des effets qui montrent que le changement climatique doit être adressé. Ce que nous disons également c’est que tout en adressant les questions du changement climatique, il ne faut pas oublier que les pays africains sont dans une situation difficile et qu’il faut impérativement trouver des solutions.
Dans le continent africain, il y a de nombreux pays pauvres et donc nous ne pouvons demander à ces pays africains de contribuer à réduire les effets du changement climatique en négligeant la question de la pauvreté. C’est impossible. Nous disons simplement qu’il faut allier les questions des agendas nouveaux sur le changement climatique avec la nécessité de répondre aux besoins des pays en matière de pauvreté et de l’amélioration des conditions de vie de la population.
Dans le cahier revendicatif du G24 dont vous êtes président, vous avez appelé les deux institutions à une annulation de la dette des pays pauvres ou très vulnérables. Mais qu’en est-il des pays en développement ou intermédiaires, certes moins vulnérables mais souffrent du poids du service de la dette pesant lourdement sur le budget. Ces pays qui se trouvent astreints à s’endetter pour payer leurs dettes ?
Nous savons très bien que ces pays ne pourront jamais payer leurs dettes parce qu’ils sont pauvres, dépourvus de moyens. Quel que soit le scénario retenu, ces pays ne pourront jamais rembourser leurs dettes. D’où notre recommandation d’annulation de dettes.
Pour les autres pays, la recommandation qui est faite est le traitement en termes de rééchelonnement, d’autres modalités de traitement de la dette de ces pays. Ce n’est pas parce que ces pays n’ont pas les moyens mais parce qu’ils sont temporairement contraints pour une raison ou une autre. Par la suite, ils seront à même de rembourser leurs dettes d’où la proposition du rééchelonnement.
A propos du G24
Le G24 a été créé en 1972 par le G77, inquiet devant la montée en puissance du G10. Au début, ses travaux ont consisté à préparer des positions des PED pour le Comité des Vingt. Depuis la mise en place du Comité Intérimaire et du Comité de Développement, il a élargi le champ de ses préoccupations aux problèmes liés au développement. Il est un porte-parole des PED comme le G10 est celui des pays de l’OCDE.