Alors qu’on s’attendait à une stabilité des prix des carburants voilà que les compagnies ont en décidé autrement. Les prix à la pompe ont été revus à la hausse depuis le 1er octobre. Les prix varient entre 9,83 et 9,87 DH pour le diesel et entre 11,03 et 11,10 DH pour l’essence. Soit une augmentation d’environ 30 centimes pour le diesel et 20 centimes pour l’essence. Et pourtant les prix à l’international sont en baisse en août par rapport au mois de juillet avec des fluctuations qui ne dépassent pas 63 dollars à l’exception du pic enregistré le 16 septembre après les attaques des installations pétrolières saoudiennes qui s’est rapidement aspiré.
Une source très proche du dossier des hydrocarbures nous avez assuré que les prix n’augmenteraient que si le marché ne retrouve pas son équilibre d’ici à la fin du mois.
Sauf qu’à l’analyse des fluctuations du cours du pétrole entre le 15 septembre et le 1er octobre les prix sont en baisse soit entre 65 à 59 dollars. La baisse a même atteint 57,5 dollars le baril le 2 octobre.
D’autant plus, comme il nous a été expliqué, le Maroc n’est pas directement exposé aux risques des actes perpétrés en Arabie Saoudite pour la simple raison que les compagnies ne s’approvisionnent pas en brut directement de l’Arabie Saoudite (fermeture de la raffinerie de Samir) ni en gaz ni en gasoil.
Plus encore, l’approvisionnement des compagnies se fait dans le cadre des contrats (mensuels, trimestriels voire annuels) avec des pays autres que l’Arabie Saoudite.
D’où la question comment justifier cette hausse alors que le marché est en baisse ? Pourquoi les compagnies ne sont-elles pas tenues par la justification des hausses pour plus de transparence et pour mieux rassurer les consommateurs ?
Nous avons tenté de contacter le Groupement des pétroliers du Maroc (GPM) pour en savoir davantage sur les raisons de cette augmentation, mais en vain.
Faut-il les en vouloir ? Non dans la mesure où ce qui les motive c’est le gain. Et face à l’insouciance du gouvernement autant continuer à renflouer leur caisse au détriment du citoyen. Car face au retard que le dossier du plafonnement des hydrocarbures a accusé on ne peut que qualifier le gouvernement d’insouciant pour ne pas dire incapable de prendre une telle décision.
Nous n’avons cessé de revenir à la charge auprès de tous les concernés pour savoir où en est ce dossier. Mais en vain. Depuis qu’il a atterri sur le bureau du Chef du gouvernement en février 2019 après l’avis du Conseil de la concurrence, seul élément manquant pour statuer sur le plafonnement, c’est silence radio. Aucune information n’a filtré sur le sujet ne serait-ce que pour rassurer les Marocains.
Saadeddine El Othmani avait déclaré, une fois, que ce retard était dû à une étude complémentaire lancée par la primature pour compléter le dossier. Et pourtant, à la lecture de l’article 4 de la loi sur la concurrence qui stipule l’adoption de mesures temporaires de plafonnement des prix (pendant 6 mois), aucune allusion n’est faite sur cette étude complémentaire.
En lisant entre les lignes, doit-on comprendre que ce retard n’est qu’une façon de retarder une décision qui n’arrangerait pas les compagnies voire même de classer le dossier ? Du moins c’est l’avis et le sentiment que beaucoup partagent aujourd’hui sans que cela semble déranger plus que ça le Chef du gouvernement qui a bien d’autres nœuds à dénouer.
Contacté par nos soins, Ouadi Madih, président de l’Association de la protection du consommateur UNICONSO a souligné que cette augmentation est injustifiée et appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités pour mettre fin à cette situation qui devient inacceptable et non pas sans impact sur le pouvoir d’achat du consommateur marocain et sur la compétitivité de notre économie.
« L’augmentation du prix des carburants depuis le 1er octobre nous confirme une fois de plus la malhonnêteté des professionnels du secteur puisque selon les courbes de fluctuation du baril au niveau international, il y a une tendance baissière en dehors de l’augmentation enregistrée le 16 septembre en raison des attaques. Ce constat confirme ce que nous avons soulevé à plusieurs reprises suite à l’adoption de la libéralisation des hydrocarbures. La Fédération n’a pas cessé interpeller le gouvernement sur ce dérapage et sur la non-adoption des garde-fous nécessaires à la protection du consommateur », a revendiqué Ouadi Madih.
Et d’ajouter que « nous sommes face à une situation déplorable qui doit être maîtrisée par le gouvernement qui malgré plusieurs promesses pour appliquer le plafonnement, n’a toujours pas honoré ses engagements ».
Cela dit, ce dossier continuera de faire couler beaucoup d’encre tant que les règles du jeu ne sont pas claires, tant que les lois en vigueur ne sont pas appliquées et tant que la protection du pouvoir d’achat du consommateur n’est pas protégé.