L’économie souffre voire même agonise. Nous ne savons pas avec certitude à quel stade est-elle infectée par le virus, mais ce qui est sûr c’est que toutes les constantes sont alarmantes.
Beaucoup d’opérateurs économiques n’arrivent plus à garder la tête hors de l’eau. C’est pourquoi le Patronat appelle le gouvernement à intervenir au plus vite pour intégrer les secteurs les plus impactés par la crise notamment en raison de décisions gouvernementales dans tout ce qui concerne les indemnités forfaitaires. Mais entre vouloir et pouvoir, il y a un profond fossé.
Et pour cause, on se demande bien où l’Etat ira chercher les fonds nécessaires pour pouvoir indemniser tous les secteurs touchés par la pandémie. D’après le vice-président de la CGEM Mehdi Tazi, l’Etat aurait déjà épuisé 30 Mds de DH des 33,7 Mds de DH du Fonds Covid. Donc plus que 3,7 Mds de DH pour gérer une crise où l’on ne voit toujours pas le bout du tunnel.
Mohammed Benchaâboun sera appelé à jouer aux équilibristes pour financer les attentes d’une bonne partie du tissu économique qui s’est retrouvée du jour au lendemain en arrêt forcé ou au meilleur des cas au mode ralenti.
A cet effet, le Patronat s’impatiente pour l’adoption des plans de relance sectoriels qui pourront donner un coup de pouce aux opérateurs et huiler ainsi la machine.
Dans ce contexte mondial de crise, la CGEM est consciente, plus que jamais, que la croissance passera par la demande intérieure tout en réduisant le volume des importations afin d’encourager la vente des produits marocains. Toutefois, la préférence nationale requiert également un effort des opérateurs qui doivent se retrousser les manches pour mieux adapter leurs produits et services aux consommateurs nationaux et ne pas attendre uniquement l’intervention de l’Etat.
« La loi de finances rectificative a prévu des dispositions pour l’opérationnalisation des mécanismes de préférence nationale. Le gouvernement nous a rassurés sur l’effort qu’il sera déployé pour maintenir la demande à travers la révision des dispositifs encadrant la commande publique en vue d’encourager les secteurs à forte valeur ajoutée locale. Ces actions seraient en principe accompagnées par un support fort pour encourager la consommation de produit marocain », a souligné de son côté Abdelilah Hifdi, le résident du groupe parlementaire de la CGEM au sein de la Chambre des Conseillers.
Abus fiscaux
Plus que jamais, la CGEM appelle à la consolidation des ponts de confiance entre le gouvernement et les opérateurs économiques. Chakib Alj a fait allusion dans son intervention à l’acharnement du fisc sur les opérateurs économiques. « Les entreprises sont encore traumatisées des contrôles fiscaux qu’elles ont subies en 2018 et 2019. Afin de protéger les entreprises des abus fiscaux, nous allons proposer un amendement ou une loi dans le cadre du projet de la loi de finances 2021 », a précisé le président du Patronat.
Pour la CGEM, le climat de confiance passe aussi par la manière dont sont effectués les contrôles fiscaux. Elle propose ainsi l’amélioration du cadre juridique fiscal au niveau de la DGI afin que l’inspecteur soit mieux encadré. Le Patronat fait référence aux montants faramineux qui découlent des contrôles fiscaux mais qui finissent par se solder par des accords avec des montants beaucoup plus faibles.
En d’autres termes, la CGEM reproche la latitude dont jouissent les inspecteurs qui dans beaucoup de cas se trompent au moment d’évaluer le redressement fiscal.
« C’est uniquement pour établir un équilibre entre le contribuable et l’administration fiscale que nous appelons à revoir les lois qui encadrent ce contrôle », précise Chakib Alj.
Où en est le dialogue social ?
Malheureusement la pandémie a mis en veilleuse plusieurs réformes et chantiers. Certes il faut gérer les urgences mais il ne faut pas oublier que la crise risque de perdurer et qu’il faudra reprendre les chantiers prioritaires sur lesquels le gouvernement était penché. C’est le cas du dialogue social qui est en stand-by non pas sans conséquence sur le climat social qui est déjà assez tendu. Signé le 25 avril 2019, les engagements dudit accord n’ont pas été tous honorés en raison de la crise qui a secoué l’économie comme l’a précisé Zouanat Hicham, Président de la Commission Sociale de la CGEM.
Parmi les engagements non tenus celui de l’augmentation du Smig. Interpellé sur la question le patron des patrons a précisé qu’il ne s’agit nullement d’un renoncement aux engagements mais d’un report d’une année eu égard à la conjoncture. « Notre réflexion majeure aujourd’hui est comment préserver les emplois. Or en augmentant le Smig on se retrouve en grande difficulté face à l’informel. Un informel qui ne fait que proliférer », a précisé C. Alj.
En effet, aujourd’hui l’informel représente plus que 50% de l’économie, ce qui est énorme et grave à la fois.
La CGEM a toutefois demandé aux entreprises qui peuvent appliquer l’augmentation du smig sans incidence sur leur situation financière de la faire. Quant aux autres qui risquent un impact en matière de pertes d’emploi ou de faillites, elles doivent attendre les arbitrages du Chef de gouvernement et des résultats du dialogue social. Un 3ème round est d’ailleurs prévu prochainement pour trancher sur la situation.
Voir également : [WebTV] PLF 2021 : les propositions du Patronat à l’ère de la Covidl