L’examen des propositions d’amendement au PLF 2020 du patronat fait apparaitre qu’hélas elles ont été râtelées auprès des différentes fédérations dans le projet de contenter leurs attentes. Ces propositions n’ont de fil d’Ariane que l’annulation ou au mieux la révision à la baisse de l’imposition.
A bon entendeur !
L’amnistie, la sortie à l’international pour s’endetter et la mise en veilleuse de la saisie des avoirs de l’Etat n’étaient pas assez satisfaisants pour certains de réaliser que le Maroc est en période de vache maigre. Les pouvoirs publics n’oseront jamais traiter explicitement de la crise. Leur mission est de vendre de l’espoir et ne pas semer la panique. Ils ont dû emballer et maquiller ces mesures pour répandre l’assurance. Mais l’Etat doit comprendre qu’un bon citoyen (ménage ou entreprise) doit préférer les paroles qui sauvent à celles qui plaisent.
Alors que le PLF 2020 fait son entrée dans la chambre des Conseillers, le patronat fait brandir une longue liste de revendications. Il semble que les patrons qui ont le flair des affaires n’ont pas saisi avec discernement la situation du pays. Avec cette liste de près de quarante propositions de meurettes, le patronat donne l’impression qu’il s’en tamponne le coquillard. Il ne faut pas oublier que la CGEM est le syndicat des patrons et que son rôle principal est de défendre le bifteck de ses adhérents. Seulement, un syndicat citoyen est tenu également de défendre bec et ongle la veuve et l’orphelin.
La CGEM ne donne pas sa langue au chat
L’examen des propositions d’amendement au PLF 2020 du patronat fait apparaitre qu’elles ont été râtelées auprès des différentes fédérations dans le projet de contenter leurs attentes. Ces propositions n’ont de fil d’Ariane que l’annulation ou au mieux la révision à la baisse de l’imposition. Une attitude digne de mercantiliste et d’individualiste. Apparemment l’équilibre budgétaire de l’Etat est le cadet des soucis dudit syndicat. Une telle liste vise également à fédérer les différentes entités du groupement secoué ces derniers temps comme un prunier par des événements inédits. Il est donc certain que cette liste est destinée à régler des affaires intestines plutôt que de tirer des avantages fiscaux et pour cause l’Etat se montre radin : crise oblige.
Dans un esprit d’objection, nous devons saluer l’initiative du patronat au profit de la classe moyenne. Cette dernière a eu droit à deux meurettes. A travers cette proposition, le patronat escompte améliorer le pouvoir d’achat de cette population. Le syndicat s’attend à ce que cette amélioration impacterait la demande privée et donne un stimulant à la consommation. Par ce biais, le patronat trouvera demandeur à son offre et rapatrie de ce fait les revenus jadis distribuées aux salariés. Il n’a jamais eu à l’esprit que cette amélioration puisse impacter l’épargne et ne pas générer de flux financiers immédiats au profit des entreprises. Autant dire que même lorsque la CGEM recommande des mesures en faveur des salariés, il s’agit in fine de mesures qui sont plus profitables à ses membres.
L’inventaire des propositions brille par l’absence de l’évaluation de l’impact de chaque mesurette sur le budget de l’Etat. Il est certain que, dans la situation actuelle, l’Etat n’adhérera qu’aux amendements sans conséquences. L’estimation de l’impact permet de dégager le possible et d’éviter de faire des doléances impossibles à exaucer puisque à l’impossible nul n’est tenu. Au-dessus du marché, le patronat exige des faveurs fiscales sans donner de contrepartie. Il aurait dû, pour trouver preneur, à ses souhaits présenter des données chiffrées sur des engagements en termes d’investissements ou d’emplois et ce au profit de l’économie nationale.
CGEM : le sens de l’imagination
En fin, et avant d’obtenir l’avantage fiscal associé à la recherche et développement, le laboratoire de la CGEM nous a gratifiés d’une création nouvelle : le Revenu Caméléon. En effet, il change de couleur fiscale comme il change de montant. Ce qui risque de saisir même les plus érudits du droit fiscal de vertige.
Nous espérons que la CGEM ait son content de l’Etat, et espérerons également que ses sorties ne soient pas limitées à la discussion de la carotte fiscale. Elle doit faire preuve du même enthousiasme et de la détermination lors de la discussion d’autres politiques économiques telles que la politique monétaire, politique de change, politique de l’emploi, politique des alliances économiques….