Jawad Kerdoudi, président de l’IMRI nous éclaire sur comment ont évolué les relations bilatérales Maroc-Espagne au cours des dernières années et comment se profilent les perspectives de ce partenariat.
EcoActu : Aujourd’hui, le Maroc accueille le Roi Felipe VI et la Reine Leitizia, Souverains du Royaume d’Espagne. En tant que président de l’Institut marocain des relations internationales, quelle appréciation faites-vous de cette visite ?
Jawad Kerdoudi : Je ne peux que marquer ma satisfaction pour cette seconde visite du Roi Felipe VI d’Espagne après celle qu’il a effectuée en 2014. Ce sera l’occasion de faire le point des relations entre les deux pays sur tous les plans : politique, économique, social et sécuritaire.
Justement dans un contexte empreint d’un ralentissement du commerce international, comment se sont comportés les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Espagne et comment évolueront-ils en 2019 ?
Les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Espagne se sont développés d’une façon remarquable durant ces dernières années. C’est ainsi que l’Espagne est devenue depuis 2013 le premier partenaire commercial du Maroc, devançant la France. En 2017, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 132 milliards de dirhams avec 58,8 milliards à l’export et 73,7 milliards à l’import, soit un taux de couverture de 80%. D’ailleurs les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Espagne ont progressé de 10% par an depuis 2011. L’Espagne est aussi un partenaire privilégié, puisqu’elle absorbe 33% des exportations du Maroc sur l’Europe, et 26% des importations du Maroc en provenance d’Europe viennent de l’Espagne. Cette situation favorable s’explique par la proximité géographique, l’Accord d’Association du Maroc avec l’Union européenne, et aussi le dynamisme des milieux d’affaires marocains et espagnols. L’Espagne se classe parmi les premiers fournisseurs du Maroc en carburants, huile de soja, matières plastiques, circuits électriques, voiture de tourisme et tissus.
A l’inverse d’Espagne est parmi les premiers clients du Maroc en produits de la mer, tomates fraîches, les engrais et acide phosphorique, fils et câbles électriques, voitures, bonneterie et vêtements. Quant à l’avenir, il est prévu que les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Espagne doubleront d’ici 2025.
Aujourd’hui, le Maroc s’est lancé dans de nouveaux métiers (aéronautique, automobile, agroalimentaire, offshoring…), quelles sont les perspectives de développement dans lesdits secteurs ?
Au niveau des investissements espagnols au Maroc, l’Espagne avec un stock de 50 milliards de dirhams se place en troisième position après la France et les Emirats Arabes Unis. L’intérêt des IDE espagnols est qu’ils sont constitués surtout de PME, en joint-venture avec des PME marocaines, assurant un maillage assez dense sur tout le territoire marocain. On décompte 1046 sociétés espagnoles installées au Maroc dont 446 filiales d’entreprises ibériques.
L’Espagne est déjà présente dans la Centrale thermo-solaire Noor à Ourzazate, dans le dessalement de l’eau de mer, et dans la fabrication des pales éoliennes à Tanger. D’autres opportunités existent dans le secteur industriel, les transports, les services d’ingénieries et le tourisme.
Depuis plusieurs années, l’Espagne a compris l’importance de coopérer avec le Maroc sur le plan sécuritaire. Aujourd’hui, comment évolue la coopération entre les deux pays à la lumière du développement de la situation géopolitique au Sahel et en Libye ?
La coopération sécuritaire entre le Maroc et l’Espagne est excellente, et les autorités publiques espagnoles ne cessent de louer cette coopération, tant au niveau de la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue, que dans les problèmes de la migration.