Le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, a présenté les grandes lignes de la nouvelle génération du Plan d’accélération industrielle (PAI). Il a détaillé également la réaction de l’industrie marocaine pendant la crise sanitaire.
Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, a été l’invité de la réunion du Conseil national de l’Entreprise (CGEM) ce jeudi 24 septembre durant laquelle il a étayé les grandes lignes du nouveau Plan d’accélération industrielle pour la période 2021-2023.
Ce nouveau plan qui table sur 80% de taux d’intégration dans le secteur automobile, poursuivra cinq objectifs phares :
D’abord, accompagner les filières industrielles et renforcer leur intégration en démultipliant la création d’emplois et de valeur.
Le deuxième objectif est de développer l’entrepreneuriat industriel et favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’industriels.
En troisième lieu, le PAI tend à positionner le Maroc comme un partenaire international stratégique, dans le contexte de resserrement des chaînes de valeur.
La durabilité s’invite pour ce PAI qui prévoit de décarboner la production industrielle pour améliorer la compétitivité du secteur industriel marocain et renforcer son attractivité.
Enfin, il est ambitionné d’inscrire le secteur industriel marocain dans une démarche d’innovation.
A ce titre, le Plan d’accélération industrielle se décline en trois chantiers stratégiques pour renforcer le positionnement de l’industrie marocaine. En premier lieu, il s’agit de confirmer la place industrielle du Royaume et conquérir de nouveaux marchés. Notamment en utilisant la commande publique comme catalyseur.
Le deuxième chantier concerne l’amélioration de la compétitivité du pays, en déroulant la phase II de la stratégie industrielle pour devenir la base mondiale la plus compétitive à destination de l’Europe.
Enfin, positionner le Royaume comme base industrielle décarbonée et circulaire, en mobilisant une partie des énergies renouvelables du pays, au service d’un ancrage industriel.
La substitution dans le collimateur
Selon le ministre, la Covid-19 a créé une tectonique profonde, avec une volonté des Etats de rapatrier leur industrie. Donc ce PAI intervient dans un contexte marqué par un retour à l’industrie avec des stratégies agressives que la crise sanitaire accentue.
Déjà en 2016, il a été constaté une montée en puissance du protectionnisme avec un record historique de 428 barrières commerciales.
En terme d’objectifs et du potentiel de reconquête de nouveaux marchés, le ministre s’est attardé sur l’action phare de substitution en analysant en détail les importations de 16 filières industrielles (à noter que les importations ont totalisé 183,2 Mds de DH en 2019) et prenant en considération des capacités dormantes du tissu industriel national.
Le ministre se félicite d’ailleurs de la capacité de réactivité des entreprises marocaines durant la période de confinement, un atout qu’il compte capitaliser pour la période de relance.
La cible de substitution que se fixe le nouveau PAI en 2023 est de 34 Mds de DH (et 160 Mds de DH de valeur ajoutée) et le ministre a présenté à l’assistance les projets étudiés pour parvenir à cet objectif.
Potentiel de reconquête
Le potentiel additionnel d’export est estimé à 17 Mds de DH (soit au total 51 Mds de DH sur la balance commerciale).
Donc l’impact brut sur la balance commerciale du PAI à travers la substitution à l’import est de 51 Mds de DH et une création d’emplois entre 50.000 et 100.00 postes. Dès ce mois de septembre, le ministère dévoilera une première vague d’appel à projets pour satisfaire les besoins du marché local qui est en fait une banque de projets très détaillée. Et les investisseurs et entrepreneurs peuvent dès à présent prendre attache avec la war-room du ministère, les CRI ou l’AMDIE.
La commande publique à la rescousse
Pour accompagner cet objectif, le PAI prévoit des mesures de soutien additionnelles pour structurer dans la durée l’effort de l’industrie nationale sur le marché intérieur. Notamment le contrôle et la réglementation de la lutte contre la concurrence déloyale et la mise en œuvre de plus de normes nationales.
L’autre cheval de bataille est la formation en mobilisant tous les dispositifs de l’Etat.
Dans ce même ordre, le ministre a annoncé la création d’une nouvelle génération d’écosystèmes locomotives, fondée sur un partenariat triplement gagnant : locomotive I fournisseurs I Etat.
Le nouveau PAI est également assorti d’une batterie de mesures incitatives pour lever les freins à l’investissement et appuyer les porteurs de projets.
D’abord par la mobilisation de la commande publique au service du tissu national, avec la mise en œuvre de la préférence nationale. Des mesures d’appui financier à l’investissement sont également prévues notamment la subvention aux nouveaux investissements et la mise en contact des co-investisseurs potentiels.
La quatrième famille de mesures concerne le foncier et bâtiments industriels clés en main, dont la mise en œuvre des offres de bâtiments en LOA et en build and lease back.
Enfin, le financement bancaire à travers la mobilisation des offres dédiées à l’industrie.
L’Etat est donc appelé à jouer un rôle majeur notamment en ouvrant les marchés publics et privés aux porteurs de projets et encourager les projets à fort potentiel d’export, avec une transparence dans le choix des promoteurs.
Le ministre insiste que l’Etat accompagnera mais ne fera pas de l’assistanat !