Le secteur du textile marocain peut enfin souffler avec l’application définitive de la mesure de sauvegarde sur les importations de certains produits turcs jusqu’en 2021.
En janvier 2018, le Maroc avait décidé d’actionner les mesures d’ajustement transitoires visées à l’article 17 de l’Accord de libre-échange entre le Maroc et la Turquie sur certains produits de textiles et d’habillement. Parmi les raisons invoquées les perturbations conséquentes de la production nationale destinée au marché domestique à cause de l’accroissement des importations à prix compétitifs originaires de Turquie. Le ministère relevait d’ailleurs que le prix moyen des produits turcs était plus faible comparativement aux produits d’autres fournisseurs du Maroc, les produits turcs bénéficiant d’un accès préférentiel sur le marché marocain en vertu de l’Accord de libre-échange conclu entre le Maroc et la Turquie. Les chiffres sont édifiants puisque les exportations turques vers le Maroc de produits finis de textiles et habillement ont cru de 175% entre 2013 et 2017, fragilisant au passage plusieurs unités industrielles marocaines orientées vers le marché domestique. L’Amith assure pour sa part que cette situation se traduit par des pertes d’emplois importantes. Le secteur, premier employeur industriel, avec 27% des emplois industriels nationaux (165.000 emplois stables pour 1.200 unités) perdrait chaque année 20.000 postes d’emploi.
Depuis janvier donc, le Maroc appliquait à titre provisoire, une mesure de sauvegarde préférentielle sur les importations de certains produits de textiles et d’habillement originaires de Turquie, sous forme d’un droit additionnel ad-valorem équivalent à 90% du droit d’importation qui leur est applicable dans le cadre du régime de droit commun et ce, pour une durée de 200 jours à compter du 9 janvier 2018.
Mais depuis les choses ont changé puisque l’arrêté conjoint du ministre de l’Economie et des Finances et du ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie numérique, n° 2769-18 du 5 septembre 2018, applique à titre définitif jusqu’au 31 décembre 2021 cette mesure de sauvegarde préférentielle, avec l’exclusion de certains produits de son champ d’application.
Publié dans le Bulletin officiel n° 6708 du 13 septembre 2018, l’arrêté qui a pris effet, invite les services de Douanes et des impôts indirects la perception définitive des montants consignés en application de la circulaire n° 5751/211 (qui instaurait la mesure provisoire). Il sera également procédé au remboursement des montants consignés en application de ladite circulaire n° 5751/211 sus visée pour les produits exclus de l’application de la mesure de sauvegarde préférentielle et au remboursement des montants consignés entre la fin de l’application de la mesure provisoire et le début de la mise en œuvre de la mesure définitive, soit du 28 juillet au 12 septembre 2018.
Le secteur en cours de restructuration peut souffler enfin et poursuivre ses projets dans le cadre du Plan d’accélération industrielle qui s’est soldé depuis 2016 par la création de trois nouveaux écosystèmes avec pour objectif à horizon 2020, la création de 16.763 emplois, la réalisation d’un chiffre d’affaires de 8,4 Md de DH, dont 2,75 Md de DH à l’export et la réalisation de 20 projets d’investissements.