Ecrit par Soubha Es-Siari I
Depuis plus d’une décennie, le Maroc a mis les petits plats dans les grands pour faire du tourisme, un cheval de bataille. Aujourd’hui, tous les indicateurs augurent qu’une réelle dynamique est enclenchée. Le rapport de l’organisation onusienne basée à Madrid, publié samedi dernier rassure à plus d’un titre. Des efforts certes restent à déployer mais il faut reconnaitre que des avancées sont réalisées.
Le Maroc, une destination de choix pour les investisseurs. C’est ce qu’a affirmé le Secrétaire général d’ONU Tourism, Zurab Pololikashvill dans un rapport de l’organisation onusienne basée à Madrid, publié samedi dernier. Une affirmation pleine de promesses pour un pays comme le Maroc qui depuis plus d’une décennie a mis en place une panoplie de mesures sur le plan économique, social et environnemental pour faire du secteur du tourisme, un cheval de bataille. Sur le plan financier, le secteur a bénéficié d’un investissement cumulé de 2,2 Mds de dollars entre 2014 et 2023, tandis que le développement des infrastructures hôtelières a mobilisé 2,6 Mds de dollars entre 2015 et 2024.
On peut dire que le Maroc commence enfin à récolter aujourd’hui ce qu’il a semé : comme en attestent les chiffres : en 2024, le Maroc a accueilli 17,4 millions de touristes, enregistrant une hausse de 35 % par rapport à 2019, ce qui a permis au secteur de quasiment doubler sa contribution au PIB, passant de 3,7 % en 2020 à 7,3 % en 2023. Durant cet exercice, le secteur du tourisme au Maroc a réalisé de très bonnes performances. Il a même franchi un nouveau cap historique.
Mieux encore, le Maroc s’est distingué comme la destination africaine ayant enregistré la plus forte progression des recettes touristiques, avec une hausse de 43% par rapport à 2019, atteignant 10,5 Mds de $ en 2023, soit une augmentation de 28% par rapport à la même année.
Des indicateurs très rassurants dans un contexte où la sécheresse conjuguée aux crises géopolitiques a pesé lourdement sur le budget entraînant dans son sillage une hausse de la dette publique et son corollaire les intérêts. Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, savourons plutôt ces indicateurs. ONU Tourism a par ailleurs mis le curseur sur les atouts du Maroc dont notamment 9 sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, 11 parcs nationaux, des infrastructures de premier plan comprenant 19 aéroports, 27 ports de commerce et 2.000 kilomètres d’autoroutes.
ONU Tourism confirme des réalités que nous connaissons déjà suite à la publication régulière des indicateurs sur le secteur. Il met en évidence le potentiel dont recèle le secteur pour contribuer à la croissance économique et à la création d’emploi.
Récemment des études ont même annoncé qu’il y a plus de 86 millions de touristes dans le bassin méditerranéen qui souhaitent visiter le Maroc. Aujourd’hui, le Maroc capte 17, 4 millions de touristes… une hausse de 20% en janvier 2025. Cela dénote de la résilience du secteur et de sa capacité à être un moteur de croissance de l’économie marocaine.
Autre indicateur et pas des moindres est la capacité d’hébergement qui à son tour a nettement augmenté au cours des 5 dernières années sans omettre l’aérien qui témoigne des efforts déployés par l’autorité de tutelle, l’ONMT… qui n’ont pas lésiné sur les moyens pour ouvrir de nouvelles lignes aériennes.
Le Maroc dispose d’une offre de luxe étant donné que de grandes enseignes internationales l’ont pris comme cible. En matière d’investissement, le Maroc est à 35 Mds de DH dans le secteur du tourisme (vs 7 Mds de DH il y a une dizaine d’années).
Ces résultats ne sont pas le fruit du hasard mais d’une feuille de route bien travaillée, imaginée, étudiée… une réelle synergie entre secteur public et privé. D’où l’importance du partenariat public-privé pour réaliser des résultats probants.
Tous ces chiffres en évolution ne doivent pas nous faire oublier qu’i y a encore du travail à faire. Le Maroc n’a pas encore atteint les niveaux d’investissement atteints par l’Espagne, la Turquie… Les taux d’occupation n’ont pas encore atteint les seuils souhaitables…
Pour ce faire, le Maroc devra investir davantage dans ses ressources humaines. Il faut reconnaître que le service demeure un énorme trou dans la raquette.
Aussi, cette dynamique évolutive devrait-elle s’inscrire dans la durabilité eu égard aux échéances footbalistiques que s’apprête à accueillir le Maroc en l’occurrence la coupe du monde 2030 devant être opportunité pour le Maroc et de ses responsables pour travailler avec abnégation afin d‘occuper des rangs honorables dans le bassin méditerranéen. Le Maroc ne peut ainsi se limiter aux 17 millions de touristes aujourd’hui ou au 20 millions attendus dans quelques années, il doit porter haut l’étendard de ses ambitions.
En principe, ces évènements footbalistiques constituent de puissants leviers pour la modernisation du pays. Pour preuve, l’Espagne a bien profité du Mondial 78, organisé chez elle, pour rattraper son retard économique vis-vis des économies européennes. Le Royaume peut très bien rééditer l’exemple en profitant de cette aubaine pour renforcer ses infrastructures indispensable à toute accélération du rythme de création des richesses. De cet accès à de nouveaux paliers de croissance dépendra l’accélération de l’émergence économique du pays, passage obligé à tout développement socio-économique inclusif.
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