Ecrit par Soubha Es-Siari I
Dans le PLF 2024, la problématique du déficit budgétaire et de son corollaire l’endettement public suscitent des appréhensions. Son amplification avec un service augmentant au fil des années risqueraient de prendre en otage l’avenir des générations futures.
La conjoncture est tellement instable et imprévisible que les économies du monde peinent à poursuivre les orientations stratégiques qu’elles se sont tracées pour leur développement.
Aujourd’hui encore, la guerre sanglante entre la Palestine et Israël plonge l’environnement international dans le chaos et ne présage rien de bon pour l’avenir du monde.
2,7 % de croissance prévus au niveau mondial en 2024. Dans ce contexte inédit, ce sont les pays en développement et plus spécialement les pays pauvres qui vont payer lourdement la note.
Au niveau interne, l’économie marocaine n’a pas pu échapper, à l’instar des autres pays, aux effets de ce contexte international peu reluisant dans lequel intervient le PLF pour 2024.
Comme chaque exercice, le projet de loi de finances divise. Celui de 2024 ne déroge pas à la règle.
D’aucuns le considèrent s’inscrivant dans la continuité, manquant ainsi d’innovation financière.
D’autres par contre, estiment que dans ces moments difficiles où la plupart des économies connaissent un ralentissement effrayant, les indicateurs budgétaire du PLF 2024 semblent bien orientés.
Il s’agit d’un projet de loi qui s’interpose au-devant de l’ampleur des problèmes conjoncturels (séisme, environnement international hostile, inflation…) pour limiter, un tant soit peu, les dégâts.
L’analyse du PLF 2024 montre que le gouvernement fait comme à l’accoutumée de l’investissement public le driver essentiel de la croissance économique.
Rapportées au PIB, les dépenses d’investissement du budget général représenteraient un ratio de 7,7% retrouvant son niveau antérieur de la période pré-covid, quant au ratio des investissements globaux, il oscillerait aux alentours de 21,7% en 2024.
En attendant que la mayonnaise prenne et que la charte d’investissement fonctionne à plein régime pour que l’investissement privé prenne le relais, les pouvoirs publics sont sommés de danser sur une seule jambe à savoir l’investissement public. L’objectif des 2/3 investissements privés et 1/3 publics à horizon 2035 ne doit pas pour autant disparaître des radars.
Autre composante importante est la demande. Si le PLF 2024 a fait le focus sur la tranche sociale la plus vulnérable à travers le mécanisme des aides directes, il n’en demeure pas moins que la classe moyenne n’a pas eu sa part de gâteau. Les mesurettes contenues dans le projet pour renforcer la demande des ménages que l’inflation a foncièrement érodée et pour réduire les effets du comportement prudent des consommateurs sur la croissance de l’économie se comptent sur le bout des doigts.
A son tour, la problématique du déficit budgétaire et de son corollaire l’endettement public suscite des appréhensions.
Son amplification avec un service augmentant au fil des années risqueraient de prendre en otage l’avenir des générations futures. Le Maroc a besoin de toutes ses ressources financières pour honorer ses engagements vis-à-vis de sa population et ne pas continuer à s’endetter à tour de bras pour financer même le fonctionnement.
Pour ce faire, il faut créer de la richesse et aller chercher l’argent là où il se trouve. L’élargissement de l’assiette fiscale est une condition sine qua none pour mobiliser les ressources. Le relèvement des taux actuels pour les mêmes catégories finira par les asphyxier et rendre le consentement à l’impôt trop délicat.
En période de ralentissement de l’activité, il est admis que l’adoption de plans d’assainissement des finances publiques pour rétablir l’équilibre budgétaire et alléger le poids de la dette risque de produire l’effet inverse de l’objectif escompté.
En effet, dans de telles situations, l’engagement dans des politiques budgétaires coercitives prive la puissance publique de son soutien aux activités productives, entraîne un ralentissement de la croissance et concomitamment induit une baisse des recettes fiscales qui sont censées alimenter les ressources du budget.
Il est fort à craindre que les finances publiques ne soient pas maîtrisées et que les critère de soutenabilité ne soient pas respectés. Un déficit budgétaire de l’ordre de 4% rapporté au PIB avec un encours de l’endettement d’environ 70% du même agrégat.
Surtout lorsqu’on pressent que les hypothèses contenues dans le PLF 2024 sont menacées allusion faite aux 75 MQX de la campagne agricole 2023-2024, au cours du baril ou de gaz, suite au conflit au Moyen-Orient. Il suffit qu’une hypothèse manque à l’appel pour que l’Etat joue à l’équilibriste. Une Loi de Finances rectificative ? Non ce n’est pas sa tasse de thé !
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La pertinence de cette analyse est plus qu’edifiante ,elle relate d’une manière claire que globalement l’économie de notre pays est atteinte d’un rhume qui a tendance à s’éterniser.