Ecrit par Imane Bouhrara I
De la liberté d’expression, à la liberté de la bêtise il n’y a qu’un pas ou plutôt un clic. Bien que les avancées technologiques aient des impacts positifs sur la vie des personnes, il y a toujours un revers à la médaille : tel un usage abusé ou détourné de la fonction initiale. Et il y en a un rayon en la matière sur les réseaux sociaux au Maroc. Cela dépasse souvent voire régulièrement, les limites de l’acceptable et du légal.
Violation du droit à l’image, à la vie privée, violation de la présomption d’innocence, des données à caractère personnel, désinformation, pub mensongère, arnaque, diffamation… et là on est juste sur le soft des infractions commises par des gens souvent honnêtes et sans histoire dans la vraie vie ou plutôt la vie physique, puisque la vraie vie est désormais la jonction entre le physique et le digital.
Pourtant si ces gens devaient être jugés sur ce qu’ils publient sur les réseaux sociaux, plus d’une moitié se retrouverait derrière les barreaux sans exagération aucune, qu’ils soient créateurs de contenus ou dans les commentaires en réaction à ces contenus.
Souvent les gens sont encouragés à y aller de main forte pour avoir de faux comptes ou des comptes à travers lesquels ils ne peuvent pas être identifiés. Enfin, c’est ce qu’ils croient à tort.
Si en effet, le crépage de chignon à volonté entre influenceurs peut être divertissant pour les gens souffrant d’oisiveté, il peut facilement verser dans la diffamation ou l’apologie de la violence. Et c’est malheureusement le cas. L’insulte n’en parlons pas, c’est également quelque chose de très répandue dans les réseaux sociaux mais la palme d’or, pour le cas marocain, au réseau social Tiktok où la bêtise humaine prend vie en image et en son.
C’est typiquement un réseau social qui commence à échapper à tout contrôle pourtant destiné en premier usage, à l’art, spectacles et activités récréatives (Sic). TikTok est devenu d’ailleurs la tribune des règlements de comptes, de la pub mensongère, de la désinformation et de l’obscénité en flux continu livrant l’une des images les plus viles du Maroc par certains usagers.
Quelle que soit leur motivation, ils arrivent à éclipser tout l’excellent travail que font les autres en proposant un contenu diversifié, au niveau soutenu… Malheureusement là encore, la médiocrité prend le dessus.
Il faut s’amuser le soir à suivre des Lives (c’est ce qui est rémunéré d’ailleurs et donc rapporte le plus d’argent aux plus ingénieux ou culottés) sur la plateforme pour comprendre l’étendue de la catastrophe à laquelle sont exposés les usagers notamment les plus jeunes.
Le public averti n’est pas à l’abri non plus le cas d’Instagram où des boutiques éphémères proposent une pléiade de produits, dont certains sont des contrefaçons, ou encore des influenceurs qui louent les bienfaits de produits oubliant au passage de citer qu’il s’agit de collaboration rémunérée…
Il y a également un fait grave à souligner celui ayant trait à la santé publique, et il est commun à l’ensemble des réseaux sociaux, celui de la prescription et la vente de médicaments par des personnes dont la qualification reste à prouver et si elle est prouvée, dans le cas du Maroc, interdite du moins la prescription en ligne par les professionnels de santé. Malheureusement des pages et des publicités continuent d’abreuver le public en toute impunité.
Et ce n’est là qu’une partie infime de ce qui se passe sur ces réseaux sociaux.
C’est dire qu’il faut mettre de l’ordre dans tout ce bazar qui déteint sur la vie des Marocains et provoquent même leur colère sans que cela ne les empêche de continuer à fréquenter ces profils et pages et en alimenter la notoriété. La seule interdiction de ces réseaux n’est pas une solution en soi.
Le pire dans tout cela c’est lorsque les médias ou certains du moins deviennent une caisse de résonance à ce capharnaüm des réseaux sociaux. Mais c’est là une autre paire de manche !