La Confédération Marocaine de TPE-PME dresse un tableau des difficultés croissantes auxquelles ses membres sont confrontés en cette période de la rentrée économique 2023. Au cours des derniers mois, la confédération rappelle que les TPE-PME ont dû faire face à une série de hausses des prix et de défis ayant un impact significatif sur leur capacité à maintenir leurs activités et à assurer leur croissance. Parmi ces défis, elle note :
Augmentation du prix des carburants : Les récentes hausses répétées des prix des carburants (5 fois en un mois) ont directement affecté les coûts d’exploitation des entreprises, notamment en ce qui concerne le transport des marchandises et les déplacements professionnels. Ces augmentations pèsent lourdement sur la rentabilité des TPE-PME, sans aucune compensation ni soutien du gouvernement, contrairement aux grandes entreprises.
Hausse des impôts de 10% (sur 4 ans) : Les récentes augmentations fiscales ont ajouté une pression supplémentaire sur les TPE-PME, qui font déjà face à des conditions économiques difficiles. Ces augmentations réduisent les marges bénéficiaires et limitent les capacités d’investissement et de développement des entreprises.
Augmentation du SMIG de 10% : Bien que la hausse du salaire minimum puisse être perçue comme une mesure positive pour les travailleurs, elle représente une charge supplémentaire pour les petites entreprises qui doivent s’adapter à cette augmentation soudaine des coûts de main-d’œuvre. Malheureusement, cette augmentation a été discutée uniquement avec le patronat et les syndicats, sans la participation des TPE-PME, qui représentent plus de 97% des entreprises au Maroc.
Cela peut entraîner des difficultés pour maintenir l’emploi et la compétitivité.
Augmentation du taux directeur (3 fois successives) : Les hausses successives du taux directeur par Bank Al-Maghrib ont un impact sur le coût de financement pour les petites entreprises. Cela restreint leur accès au crédit et limite leurs possibilités d’expansion et d’investissement.
Augmentation des prix des matières premières : Les hausses des prix des matières premières, notamment celles liées à l’énergie et aux matières premières importées, ont un impact direct sur les coûts de production des TPE-PME. Cela peut entraîner une baisse de leur compétitivité sur le marché national.
Inflation : L’augmentation générale des prix de tous les biens et services, combinée à la hausse des coûts mentionnés précédemment, exerce une pression supplémentaire sur les TPE-PME et les Autoentrepreneurs, qui doivent faire face à des marges bénéficiaires réduites et à des difficultés pour maintenir leur rentabilité.
Baisse de la demande et concurrence accrue des grandes entreprises : Les TPME marocaines sont confrontées à ces défis.
Ceci étant, la Confédération Marocaine de TPE-PME (CM-TPME) appelle le gouvernement marocain à prendre ses responsabilités pour soutenir les TPE-PME et les Auto-entrepreneurs en cette période de crise, notamment en appliquant la loi 156 adoptée en 2013, qui octroie un quota de 20% des marchés publics aux TPE-PME sans oublier les 10% destinés aux Auto-entrepreneurs depuis 2019 mais non appliqués aussi …
Et que le gouvernement cesse de proposer de grandes commandes dans lesquelles les petites entreprises ne peuvent pas rivaliser et fragmente ces commandes afin de donner la possibilité au plus grand nombre d’entreprises de bénéficier des investissements de l’État et de rompre avec la politique de monopole poursuivie par le patronat avec la complicité et le soutien des gouvernements successifs.
Menace directe du secteur informel : Au Maroc, le secteur informel, qui emploie 77,3% de la main d’œuvre selon la Banque Mondiale, représente une menace directe pour la survie des TPE-PME en raison de la concurrence déloyale qui en découle. Ce secteur échappe aux obligations fiscales, aux contraintes réglementaires et aux contrôles et applications des lois, créant ainsi une inégalité de conditions pour les TPE-PME et les Auto-entrepreneurs.
Difficultés d’accès aux Financements, Commandes Publiques, Fonciers : Depuis longtemps, les TPE-PME rencontrent de sérieuses difficultés pour accéder aux financements, aux marchés publics, aux terrains et pour obtenir des paiements en temps opportun.
Ces obstacles majeurs persistent et continuent de menacer et d’entraver le développement des petites entreprises, qui représentent plus de 97% du tissu économique marocain. La Confédération Marocaine des TPE-PME appelle les autorités compétentes à prendre en considération ces défis et à mettre en place des mesures de soutien urgentes pour les TPE-PME et les Autoentrepreneurs. Elle propose les actions suivantes :
- Réduction des taxes et impôts : Elle demande au gouvernement de réexaminer les augmentations fiscales récentes et de les réduire lors de l’élaboration du PLF 2024 afin de soulager la pression financière sur les TPE-PME. Cela permettra d’améliorer leur rentabilité et leur capacité à survivre à investir et à se développer.
- Compensation pour les hausses des prix des carburants : le gouvernement est appelé à envisager des mesures de compensation pour les TPE-PME et les Auto-entrepreneurs qui sont directement touchés par les hausses des prix des carburants. Cela pourrait prendre la forme de subventions ou de réductions d’impôts pour alléger le fardeau financier comme pour les subventions sous forme des chèques du programme « Ana Moukawil » lancé dernièrement par le ministère de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences
- Dialogue inclusif : le gouvernement est appelé à engager un dialogue inclusif avec la Confédération Marocaine de TPE-PME afin de prendre en compte les préoccupations des TPME et leurs besoins dans l’élaboration de politiques économiques. Il est essentiel que les TPE-PME soient consultées et impliquées dans les décisions qui les concernent directement.
- Facilitation de l’accès au financement : les autorités sont interpellées à mettre en place des mesures visant à faciliter l’accès au financement pour les TPE-PME et les Auto-entrepreneurs, notamment en renforçant les programmes de garantie de prêts, en encourageant les banques à offrir des conditions de prêt favorables et en promouvant les alternatives de financement telles que le capital-risque et le Crowdfunding.
- Promotion des marchés publics pour les TPE-PME : En la matière, il est demandé une application stricte de la loi 156 qui octroie un quota de 20% des marchés publics aux TPE-PME. Cela permettra de stimuler l’activité économique des TPE-PME et de favoriser leur croissance.
- Lutte contre le secteur informel : les autorités sont appelées à renforcer les mesures de lutte contre le secteur informel en mettant en place des contrôles plus stricts, des sanctions dissuasives et des incitations pour encourager la transition des entreprises informelles vers le secteur formel.
- Impliquer la Confédération dans le dialogue social : Sans cette collaboration, la Confédération ne pourra pas accepter les prochaines décisions qui auront un impact direct sur les TPE-PME et les Auto-entrepreneurs. Il est important de souligner que le patronat ne représente pas l’ensemble du secteur privé au Maroc et ne peut donc pas prendre des décisions en leur nom.
Compte tenu de la grave crise actuelle et des difficultés auxquelles sont confrontées les TPE-PME, la Confédération Marocaine de TPE-PME appelle les différentes banques à faire preuve de flexibilité en ce qui concerne les échéances de remboursement des divers crédits, tels que le Crédit Oxygène, la Relance TPE, l’Amende Relance, l’INTELAKA ou le crédit normal.