Ecrit par la Rédaction I
Comme on pouvait s’y attendre, les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique ont été impactés par la succession des crises. Cette période étant marquée par des crises très sévères. Depuis sa réintégration dans l’Union Africaine en 2017, le Maroc s’est ouvert davantage sur cet espace continental et s’y affirme de plus en plus comme le plus important investisseur.
Certaines sont liées aux catastrophes naturelles aux conséquences négatives sur les activités agricoles, aux tensions géopolitiques qui nourrissent le sentiment d’incertitude chez les opérateurs économiques et sans oublier la pandémie de la Covid-19 qui a déclenché une crise économique mondiale avec des perturbations massives dans les chaînes d’approvisionnement.
Dans un pareil contexte, les investissements directs étrangers vers les pays africains ont atteint en 2022, presque 45 milliards de dollars après un record, de plus de 79 milliards, réalisé en 2021, soit une baisse de 45,5%.
« Ce recul intervient après l’importante hausse de 103% due essentiellement à l’atténuation des effets de la Covid 19 qui ont fortement réduit les flux d’investissement entre pays un peu partout dans le monde », annoncent les analystes du Centre marocain de conjoncture dans leur dernier bulletin mensuel consacré à l’Afrique. Et d’ajouter : « En conséquence les flux des investissements directs étrangers vers l’Afrique n’ont pas connu une dynamique particulière en 2022 ». Leur part dans l’ensemble des flux mondiaux a chuté pour s’établir autour de 3,5% contre 5,4% un an plus tôt et 4,1% en 2020 après 2,7% en 2019. La plus importante part de ce flux d’investissement a été destinée aux économies de l’Afrique du Nord (33,5%) suivie des pays de l’Afrique de l’Est (19,4%) et de sous-région de l’Ouest (18,8%). Les pays du Sud de l’Afrique et du Centre ont accueilli respectivement 14,9% et 13,4% du total de ces flux.
Le Maroc : un véritable catalyseur de développement en Afrique
En Afrique les plus gros détenteurs d’actifs étrangers sont des européens, mais depuis quelques années, le Maroc a développé une stratégie de coopération dans de nombreux domaines avec les pays africains. Depuis sa réintégration dans l’Union Africaine en 2017, le Maroc s’est ouvert davantage sur cet espace continental et s’y affirme de plus en plus comme le plus important investisseur.
Aujourd’hui le Maroc investit dans près de 30 pays africains contre 9 seulement en 2009. L’essentiel de ces investissements en provenance du Maroc sont accueillis par deux à trois pays suivant les années. En 2022, la Côte d’Ivoire se positionne au premier rang des destinations des investissements marocains en Afrique avec plus de 57% contre 15% une année auparavant, suivi du Sénégal avec des flux de l’ordre de 18% au lieu de 4,2% en 2021 sur les dix dernières années ces deux pays ont reçu en moyenne un volume d’investissement respectivement de l’ordre de27% et 8%. L’Égypte qui en 2017 s’accaparait 61% des investissements directs étrangers du Maroc n’en a reçu en 2022 que 5% sur un total de 4,5 Mds de DH investis en Afrique.
Ce montant n’était que d’un peu plus de 2 milliards en 2013 et il a dépassé les 8 milliards en 2017 et 2021.
Cette dynamique des investissements étrangers directs du Maroc a été rendue possible grâce aux mesures prises par les pouvoirs publics en matière de réglementation. Celles-ci offrent davantage de facilités aux opérateurs économiques marocains pour investir à l’étranger.
Ainsi l’investissement à l’étranger dans la limite de 30 millions de dirhams pour les personnes morales ayant au moins trois années d’activités a été rendu possible à partir de 2007, puis en 2010 le montant transférable au titre des investissements a été relevé à 100 millions de dirhams pour l’Afrique et un Fonds de 200 millions de dirhams a été créé aussi pour renforcer la présence des opérateurs privés marocains sur le marché africain. Malgré tous les efforts fournis pour élargir le champ d’intervention du secteur privé marocain dans cette région du monde les investissements marocains en Afrique subsaharienne sont majoritairement réalisés par les grands groupes publiques et privés de grande taille ayant le soutien de l’Etat.
Aussi, faut-il noter que trois activités concentrent l’essentiel des montants investis par le Maroc en Afrique. Il s’agit des banques, des télécommunications et des industries. Ces secteurs disposent à eux seuls des 3⁄4 des investissements marocains réalisés sur le territoire africain. La part du secteur bancaire dans le total des montants investis s’élève à 39%. Cette proportion est relativement stable depuis 2009 et Celle de l’activité des télécommunications avoisine 21,4%. La contribution du secteur industriel dans ce volume total des investissements destinés à l’Afrique s’est renforcée significativement au cours du temps pour atteindre presque 13,5%.
Quid du retour sur investissement ?
La question qui se pose d’emblée après avoir brossé le panorama des IDME est quel impact sur le Maroc ?
Le retour sur investissement est en moyenne entre 2 et 2,5 Mds de DH/an soit entre 17% et 30%. Ce qui dénote d’un effet positif sur l’économie marocaine.
Tout cela n’empêche pas de dire que l’investissement marocain à l’étranger n’est pas une mince affaire et que le parcours est semé d’embûches (réglementation du pays d’accueil, la double imposition…). D’où la nécessité pour l’investisseur d’être bien accompagné pour éviter les surprises. Comme tout investissement, il faut savoir bien saisir les fenêtres de tir et avoir les visions sur le moyen et long terme. La course aux profits dans le court terme n’est surtout pas conseillée.
L’investissement à l’étranger nécessite par ailleurs une maîtrise du savoir-faire chez soi avant de penser à l’exporter.