Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Avec plus de 6 mois de retard du remboursement de la restitution forfaitaire sur le prix du blé tendre importé qui s’élève à 4,5 Mds de DH, les importateurs sont à bout de souffle et n’arrivent plus à maintenir leur dynamique d’achat à l’international. Résultat des courses : les importations ont baissé ce qui risque d’impacter les approvisionnements de blé tendre sur le marché national. Explications.
Après une année de sécheresse et face à des précipitations qui se font toujours attendre, la campagne agricole 2022-2023 ne démarre pas sur les chapeaux de roues. Le stress hydrique qui affecte de plus en plus notre pays menace l’une des principales denrées de base de notre pays que sont les céréales, particulièrement le blé.
Bien qu’il soit encore tôt pour se prononcer sur la récolte de blé, force est de constater que la saison s’annonce difficile. Le gouvernement, dans une optique de garantir l’approvisionnement du marché, n’aura d’autres choix que de se tourner vers le marché international pour les importations de blé.
Rappelons que plusieurs mesures ont été adoptées pour maintenir le prix stable sur le marché interne et pour garantir la disponibilité du blé tendre, notamment la suspension des droits de douane depuis mai 2021 ainsi que l’adoption d’un mécanisme de régulation qui consiste en l’octroi d’une restitution forfaitaire sur le prix du blé tendre importé du 1er novembre 2021 jusqu’à fin décembre 2022.
Il s’agit d’une prime calculée chaque mois suivant les cours mondiaux et restituée par l’Etat aux opérateurs sur les quantités importées. Ainsi, le prix de vente du blé tendre est plafonné à 270 DH/Quintal à la sortie des ports marocains.
Les remboursements à la traîne
Du 1er novembre 2021 à fin septembre 2022, le Maroc a importé plus de 5 millions de tonnes de blé tendre. La restitution de cette restitution forfaitaire s’élève ainsi à plus de 8,2 Mds de DH.
Nous apprenons toutefois que l’Etat a procédé au déblocage de 3,5 Mds de DH soit à peine 40% du montant que les exportateurs ont avancé. Une nouvelle enveloppe de 1,5 Md de DH sera prochainement débloquée dont 1,2 Md de DH pour la restitution forfaitaire et 300 MDH pour la caisse de compensation (différentiel de prix, prime magasinage…).
Pour l’orge, l’Etat a débloqué une enveloppe de 800 MDH pour les appels d’offres lancés l’hiver dernier financée par le Fonds Hassan II selon le montant prévue dans le cadre de la convention.
Ce retard n’est pas sans conséquence sur les importations de blé. La pression sur les trésoreries des importateurs en raison du retard du paiement de la restitution forfaitaire se fait ressentir sur les cadences importées. Aujourd’hui, avec des délais de remboursement qui dépassent 6 mois, les importateurs ont épuisé leur lignes de financement pour maintenir leur dynamique d’achat à l’international.
Or pour maintenir un niveau de stock de blé tendre stable, il faut que le volume des importations soit égal au niveau d’écrasement du blé qui est d’environ 400.000 tonnes par mois. Sommes-nous en train de grignoter dans nos réserves de blé?
Les importateurs de l’orge dans l’impasse
Nous apprenons aussi que pour l’orge, les opérateurs, qui ont été exhortés d’importer massivement pour faire face aux conséquences de la sécheresse au moment où les cours mondiaux étaient au plus hauts, se retrouvent aujourd’hui dos au mur.
Malheureusement, aujourd’hui ils n’arrivent pas à écouler l’orge sur le marché national. Le seul débouché de ce stock orge passe par les appels d’offres publics. Nous apprenons également que seulement 2 appels d’offres publics seront lancés dans les prochains jours portant sur des quantités limitées (660.000 tonnes). Autrement, les opérateurs se voient contraints de vendre à perte.
Cela dit, la balle est désormais dans le camp du gouvernement qui devrait accélérer le rythme de règlement de la restitution afin de permettre aux opérateurs de jouer leur rôle d’approvisionnement du marché.
2 Commentaires
INTRODUCTION :
Allah a mis à disposition des peuples les aliments qui conviennent aux climats de leurs contrées respectives. En Afrique du nord et au Maroc en particulier, Le Très Haut nous a doté d’un blé dur spécial qui convient parfaitement à notre régime alimentaire sud-méditerranéen. C’est un blé qui a toutes les caractéristiques alimentaires du blé dur mais il est facilement panifiable comme le blé tendre.
Le blé tendre convient aux peuples vivant dans les pays froids au-delà du 45ème parallèle nord. Non content de voir les peuples norafs (dixit J.M. Lepen et consorts) jouir de tubes digestifs à toutes épreuves, le ‘’protecteur’’ devenu colonialiste et colonisateur, aussitôt installé, a introduit chez nous le blé tendre dans les années 20 du siècle dernier et, tenez-vous bien, a volé notre blé mitadin indigène et l’a introduit en France juste au sud du 45ème parallèle. C’est-à-dire dans le Midi où le climat s’apparente au notre !
Ce blé tendre est incompatible avec nos tubes digestifs sud-méditerranéens et nous créent de gros problèmes d’estomacs et d’intestins. Essayez de manger un couscous au blé tendre et vous resterez ballonnés pendant 3 jours au moins.
OBSERVATIONS PERSONNELS :
A chaque fois que je rentre dans un restaurant populaire, je vois des tas de mie de pain devant chaque client !
A chaque fois que je vais dans une gargote pour tromper la faim, je m’adresse machinalement au gargotier (excusez la répétition, ce n’est pas ma langue et… je pense marocain) en lui disant : ‘’Âfak hayyed l’baba’’ (Enlève la mie, s’il te plait).
A chaque fois que je passe devant une gargote pire que la mienne, j’entends de façon presque continue des dizaines de ‘’Khay ! ’Âfak hayyed l’baba !!’’
A chaque fois que j’ai l’occasion de manger chez-moi (le soir et les weekends), ma femme, mes enfants et votre serviteur, nous laissons un tas de mie de pain devant nous avant de quitter la table !
A chaque fois que je passe devant un restaurant chic et que ma curiosité me pousse à jeter un regard discret sur les tables visibles à travers de larges baies vitrées, je vois des petits paniers à pains, mais jamais de tas de mie devant chaque client ! Qu’ils sont civilisés ces gentlewomen et gentlemen qui respectent ce don divin et ne le gaspillent point !!
Une fois dans ma vie, pas plus, nous étions invités, mes collègues et moi pour très bon rendement annuel, à un déjeuner dans l’un de ces restaurants où je n’ai jamais mis les pieds avant et où tout est parfait : Climatisation, propreté, confort, serveurs élégants avec papillons noirs au cols, serveuses triées sur le volet comme pour un concours de beauté. La bonne bouffe n’était pas en reste, bien entendu !
A table, Il y avait aussi entre deux voisins ces petits paniers de pain en tranche que j’ai mentionné ci-avant. Nous mangions tout le pain servi et n’arrêtions pas de répéter : Khouya ! ou khiti ! Zidi chwiwa khoubze aâfak ! Mais que se passe-t-il ? me disais-je. Nous mangions tout, et la croûte et la mie ! Ça, ce n’est pas notre ‘’pain quotidien’’ et pourquoi ne le mériterions pas comme la minorité privilégiée ?!
Quand je suis rentré chez-moi, j’ai commencé à penser à tous mes faux festins sans mie de pain dans les gargotes et à mon seul festin royal dans le restaurant des gentille-femmes et gentilshommes et décidé d’affleurer seulement la problématique du gaspillage du pain dans notre pays car je ne suis pas un spécialiste de la question et je n’ai pas les moyens de réaliser une telle entreprise.
DONNEES DU PROBLEME :
– La croûte du pain que j’ai mangé au restaurant des gentille-femmes et gentilshommes même froide demeure croustillante, la mie est bien cuite et alvéolée et le tout en fait un produit exquis et sans problème pour ‘’leurs’’ appareils digestifs.
– La croûte du pain en blé tendre devient plastique quand elle est froide et fatigue les muscles les plus puissants de nos corps que sont les muscles masticateurs. La mie, elle, reste une pâte compacte et humide qui, isolée, peut-être modelée, une fois encore, en miche qui mérite une deuxième cuisson pour qu’elle puisse être ingurgitée.
– Le prix 2022 du blé tendre est de 270 dirhams le quintal.
– Le prix estimé 2022 du blé dur est de 510 dirhams le quintal. Aussi navrant que louche, aucune source ne vous donne le prix réel du blé dur dans nôtre pays. C’est la manière la plus facile d’en faire l’objet de toutes les spéculations.
– Les rendements à l’hectare du blé tendre et du blé dur, chez nous, sont pratiquement égaux.
ESSAIS PERSONNELS
Sur la base de tout ce qui précède, j’ai procédé à une simple expérience et pas du tout simpliste comme le penserait des personnes chics qui ne consomment que le pain chic acheté dans des boulangeries chics ou consommé dans des restaurants chics.
J’ai pris une miche de pain en blé tendre et j’ai demandé à moi-même : Âfak hayyed l’baba. Ensuite, j’ai mesuré séparément la croûte et la mie avec la balance électronique de cuisine avec laquelle ma femme procède aux dosages des ingrédients nécessaires à la chébakia, feqqas et autres kaâb ghzal pendant le mois sacré de Ramadan (cela revient beaucoup moins cher que de les acheter). J’ai fait la même chose pour une baguette en blé tendre.
J’étais littéralement sidéré de constater que dans les deux cas les poids de la croûte et de la mie étaient égaux à très peu de choses près !
CONCLUSION
Ces deux essais très simples montrent :
– que nous jetons à la poubelle une miche ou une baguette de pain sur deux miches ou deux baguettes en blé tendre SUBVENTIONNEES par l’Etat et que l’Etat gaspille lui-même l’argent public en nous obligeant au gaspillage du pain de mauvaise qualité !
– que le prix du quintal de blé tendre revient donc à 2×270 = 540 dirham le quintal contre 510 dirhams à tout casser pour le blé dur !
– Que nos organismes souffrent du blé tendre depuis qu’il a été introduit par le colonisateur colonialiste dans notre pays sans aucune étude d’impact sur notre santé et que notre pays y participe, malheureusement, à cet état de fait en achetant du blé tendre chez celui-là même qui nous contraint de consommer son blé inconvenable pour notre santé et s’est permis le luxe de voler notre blé beldi et le cultiver chez lui dans tout le sud de la France.
J’espère que nos services agronomiques disposent de banques de gènes céréales qui permettraient de faire revivre nos deux blés beldis à épis blanches et noirs et pour soulager nos estomacs des effets néfastes du blé tendre frenchy. Cela nous évitera un double gaspillage, celui de jeter du pain et celui de nous faire soigner à vie.
Un de mes amis me téléphone pour me dire à juste titre que le prix de 270 dirhams que j’ai utilisé pour le blé tendre est le prix du blé subventionné par l’Etat et que le prix réel est autour de 370 dirhams.
CORRECTION CONSEQUENTE :
– que le prix du quintal de blé tendre revient donc à 2×370 = 740 dirhams le quintal contre 510 dirhams à tout casser pour le blé dur !!!
Bien vu l’ami et merci.