Ecrit par Soubha Es-Siari I
Au moment où le taux de chômage caracole à 13,6%, le ministre de l’emploi évoque à l’enceinte du Parlement la création de 600.000 emplois en une année. Des chiffres qui paraissent dénués de toute vérité et restent tout de même à vérifier. D’autant plus que les TPE-PME, composante importante du tissu économique soit plus de 80%, ne bénéficient pas comme il se doit de l’appui nécessaire du gouvernement.
Le taux de chômage caracole à des niveaux élevés, s’installe et dure dans le temps comme en attestent les chiffres du 3e trimestres 2024 publiés par le HCP. « Le taux de chômage est ainsi passé de 13,5% à 13,6% au niveau national, en stagnant à 17% en milieu urbain et passant de 7% à 7,4 en milieu rural », a annoncé le HCP le 4 novembre dernier.
Peut-on reconnaître enfin que l’équipe de Aziz Akhannouch a failli à l’une de ses principales missions à savoir améliorer le taux d’emploi notamment celui des jeunes (taux de chômage 39,5%) qui devient de plus en plus préoccupant. Face à cette situation, vu que l’emploi n’est que la résultante des politiques publiques, nous sommes en droit de se poser la question si l’équipe au pouvoir peine à trouver des solutions pour réduire le taux de chômage à travers des politiques publiques en parfaite adéquation avec les nouveaux défis de l’économie.
On ne peut nier que la crise sanitaire liée au Covid-19 a exacerbé le chômage dont le taux a gagné deux points entre 2019 et 2020. Mais aujourd’hui que fait exactement l’équipe Akhannouch pour sauver les meubles ? Nous avons l’impression que l’équipe est dans l’attente d’une baguette magique pour éradiquer le problème.
Certes, elle mène des politiques et des stratégies dans des secteurs névralgiques (santé, eau, énergie…) mais s’agissant de l’emploi, les fruits à récolter tardent à venir. Ce n’est pas nous qui le disons mais ce sont les chiffres publiés par le Haut-Commissariat au Plan. Au moment où le taux de chômage oscille autour de 13,6%, le ministre de l’emploi évoque à l’enceinte du Parlement la création de 600.000 emplois en une année. Des chiffres qui paraissent dénués de toute vérité et restent tout de même à vérifier. D’autant plus que les TPE-PME, composante importante du tissu économique soit plus de 80%, ne bénéficient pas comme il se doit de l’appui nécessaire du gouvernement.
Le président de la confédération des TPE-PME ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur la marginalisation de cette frange du tissu économique, cette frange qui crée plus de 80% des emplois. Les 14 Mds de DH comme appui à la politique de l’emploi suscite des interrogations. Et pour cause : les 12 Mds de DH au profit des TPE annoncés dans le cadre de la charte de l’investissement, ayant accusé un retard de deux ans, ont besoin d’un décret d’application. Idem pour les 30% consacrés aux TPE-PME dans le cadre de la commande publique et dont les décrets d’application n’ont pas encore vu le jour.
C’est pour dire que le gouvernement est encore au stade de la phase de prévoir sortir ledit décret.
Et nous ne pouvons rester silencieux sur la fameuse retenue à la source, mentionnée nulle part dans la loi cadre portant réforme de la fiscalité, un dispositif très compliqué qui gangrène davantage la situation financière notamment celle des TPME et qui se veut en contradiction avec la simplicité des procédures administratives tant prônée par le Souverain.
Ajoutons à cela comme source de problème, l’échec d’une politique dédiée au monde rural parce que le plan Maroc Vert avait surtout servi les investisseurs et desservi les petits agriculteurs. La Génération Green maintient à peu près le même cap et c’est ce qui donne raison aux chiffres publiés régulièrement par le HCP se traduisant par des centaines de milliers de chômeurs dans le monde rural.
Les programmes Forsa, Awrach,…des slogans qui n’ont finalement servi à rien comparativement aux milliards de DH qu’ils engouffrent chaque année. Pis encore depuis leur création, aucune évaluation n’est effectuée pour justement être convaincus de leur intérêt.
On ne peut continuer à se cacher ad vitam æternam derrière les crises (sanitaire, conflit ukrainien, inflation, changement climatique…) sous prétexte qu’elles ont mis sous pression la création d’emplois dans notre économie suite au chamboulement des paradigmes. Les crises étant internationales, toutes les économies sont logées à la même enseigne et pourtant nombreuses d’entre-elles réalisent des taux de chômage raisonnables, peu alarmants.
Si des politiques plus efficaces visant à dynamiser le marché du travail ne sont pas mises en œuvre, cette situation qui a caractérisé la période 2019 -2024 risque d’être dégradée davantage au cours des prochaines années.