Ayant bénéficié de l’état d’inertie du Conseil de la concurrence pendant de longues années, les marchés de gros de fruits, de légumes, de viandes et de poissons sont sous les projecteurs de l’Institution de Driss Guerraoui. Le secteur est qualifié de plusieurs maux au grand dam du consommateur, maillon faible de la chaîne.
Les marchés de gros de fruits, de légumes, de viandes et de poissons sont souvent pointés du doigt pour moult raisons. Ces dernières vont du manque de transparence du système de commercialisation des produits alimentaires, des relations concertées entre les différents maillons de la chaîne (mandataires, acheteurs et vendeurs)…, jusqu’au pouvoir de monopole de certains opérateurs.
Il s’agit de facteurs qui sont susceptibles de créer des conditions d’une compétition déséquilibrée. Pis encore, ils engendrent des coûts supplémentaires et agrandissent, souvent les écarts dénoncés, entre les prix pratiqués par les producteurs et ceux supportés par le consommateur. Ce qui se traduit par une détérioration de son pouvoir d’achat. Il est utile de signaler que le budget des ménages, consacré aux produits alimentaires, constitue l’essentiel du panier de dépense des ménages. Le coefficient budgétaire alimentaire (Dépenses alimentaires/Budget total) est de l’ordre de 50% en milieu rural et de près de 38% en milieu urbain.
Face à ce constat qui préoccupe aussi bien les pouvoirs publics que les citoyens relevant de différentes catégories et dans un souci d’exercer ses prérogatives constitutionnelles, le Conseil de la Concurrence envisage de mener une étude. L’objectif étant de mettre la lumière sur l’organisation du secteur, sa contribution dans l’économie nationale, les pratiques régulatrices et les différents dysfonctionnements à même d’atteindre la concurrence. Le montant du marché est estimé à 750.000 DH TTC.
A ce titre, il est utile de rappeler que le commerce de gros est une sous-branche du grand secteur du commerce et distribution. Ce dernier occupe une place déterminante dans l’économie nationale. En quelques chiffres, il est le deuxième pourvoyeur d’emploi au niveau national après l’agriculture, employant ainsi plus de 13% de la population active. Il contribue à hauteur de 8% au PIB national et sa valeur ajoutée s’est établie à 84 Mds de DH en 2017.
Outre l’activité d’approvisionnement, les marchés de gros remplissent d’autres fonctions économiques, sociales et sanitaires. Sur le plan économique, ces marchés sont considérés comme un outil efficace permettant de :
- Regrouper les offreurs et demandeurs dans un même espace, ce qui encourage la compétition et incite à plus de transparence dans la détermination d’un prix d’équilibre (prix juste) ;
- Limiter le nombre d’intermédiaires, généralement sans valeur ajoutée, exerçant une pression sur les prix finaux supportés par le consommateur ;
- Encourager la spécialisation des opérateurs en optant pour une fonction de grossiste et abandonnant les cumuls de statut (détaillants/grossiste) ;
- Favoriser l’augmentation de la taille de lots commercialisés et l’utilisation d’unité de transport de tonnage supérieur, réduisant ainsi les coûts de la tonne kilométrique (charges répercutées sur le consommateur final).
Le déroulé de l’étude
L’étude se focalisera sur trois activités en l’occurrence celle du commerce de gros de fruits et légumes, de viande et de produits à base de viande et l’activité de commerce de gros de poissons, crustacés et mollusques.
Sur le plan géographique, le Conseil s’intéressera à l’analyse de l’état de la concurrence dans trois principales régions (Casablanca et deux autres à proposer par le cabinet prestataire).
L’étude va se décliner en trois missions. La première vise à analyser l’état des lieux du secteur de marché de gros par activité en procédant à une présentation générale de chaque marché. La seconde s’intéresse à analyser les données déterminantes de l’état de la concurrence des marchés pour les trois activités retenues, en traitant les aspects horizontaux et verticaux de la concurrence, les circuits de commercialisation et l’analyse des marges par étape d’intervenant dans le processus allant du producteur jusqu’au consommateur final.
Mieux encore, un benchmark avec des expériences étrangères est prévu en se basant sur des pays (au moins cinq) pionniers dans ce domaine.