Le Gouvernement El Otmani II, qui s’est passé du vote de confiance des députés ou d’une déclaration gouvernementale qui permette d’identifier un point de départ et un point d’arrivée, bouclera bientôt ses 100 jours. Pour quel bilan ? Quel changement palpable sur le quotidien des Marocains ?
Très difficile d’y répondre voire impossible. A croire que certains départements ne font que gérer les affaires courantes en attendant de voir à quoi aboutira la Commission spéciale sur le modèle de développement. Pas d’idées, de projets phares ou de mesures de rupture avec la conjoncture morose qui règne depuis quelque temps déjà.
Puis certaines déclarations et querelles partisanes laissent croire qu’on est déjà dans l’après 2021, année de législatives.
Comme une impression que ce qui importe le plus à nos partis est de remporter les batailles électorales plus que de répondre concrètement et efficacement aux besoins de la population. Pour preuve, aucun n’apporte un projet de société ni de nouveau contrat social lors des auditions avec la Commission spéciale sur le modèle de développement.
Forcément, le citoyen lui, a du mal à s’inscrire dans les dynamiques enclenchées par ci et par là, car il n’y croit pas par la force cyclique de ces événements. Une impression de déjà vu, une confiance érodée et un quotidien de plus en plus difficile.
Comment lui faire croire à une transition démocratique et à la démocratie participative alors que sa voix est inaudible.
Tiens, cette histoire à dormir debout du GMT + 1, la gestion de la communication entourant le choix de maintenir l’heure d’été toute l’année était abracadabrante. Pis, malgré les pétitions, le ras-le-bol général, les citoyens se sont confrontés à l’indifférence du gouvernement, qui est l’expression du choix du peuple. Autrement dit, on élit des personnes qui vont s’évertuer à nous faire souffrir.
Des partis qui évoluent en vase clos et qui sont au final peu représentatifs du peuple marocain. Combien de Marocains adhèrent-ils à des partis politiques ou un des syndicats ? Combien vont-ils voter lors des élections ?
On ne veut pas aborder ces questions et les partis ne veulent pas voir la réalité en face. Nous ne vivons plus une crise politique ou de confiance mais de représentativité !
Les citoyens sont las, fatigués, usés et n’ont plus aucune confiance dans les « élites » politiques sensées les représenter et les défendre. Ils se défoulent sur de nouvelles pistes d’expression de leur mécontentement.
D’autres sont sur la longue ligne d’attente pour un départ vers d’autres cieux plus cléments.
Or, ces citoyens, individus ou entreprises, sont le facteur clé du développement.
Vous imaginez bien que la meilleure des idées ne saurait se réaliser sans chevilles ouvrières.
Reddition des comptes, premier élément de reprises de confiance
Principe phare de la Constitution de 2011, la reddition des comptes est pour l’instant timorée presque inexistante. Or, à tendre un peu l’oreille pour écouter ce que dit la rue, voici les questions que se posent nos concitoyens : Qui doit être tenu pour responsable pour ces milliards de DH engloutis dans les réformes successives de l’enseignement sur des décennies sans succès ?
Pourquoi les Marocains ne reçoivent-ils pas de services de soins dignes dans les milieux hospitaliers publics ?
Pourquoi certains passe-droits continuent-ils à être accordés ?
Pourquoi l’économie et la politique de rente perdurent-elles ?
Sommes-nous réellement égaux en droits et en devoirs ?
A quoi servent les rapports de la Cour des comptes ?
Que fait le Conseil de la concurrence ?
Pourquoi les indices de développement humain du pays ne décollent pas ?
Quel rôle de la justice pour asseoir l’Etat de droit ?
Le Marocain ne se sent pas mis en valeur comme le serait le citoyen d’un autre pays. Et c’est en soi un motif de frustration auquel, il faut être très attentif car c’est ce Marocain qui est le moteur de la croissance. Commençons par l’écouter, le reste suivra.