Ecrit par S. Es-Siari |
Un dĂ©bat des plus houleux entre la FNACAM et la FMA (ex FMSAR) ce jeudi 06 juillet Ă l’occasion de la rencontre annuelle des agents et courtiers. Le recouvrement des crĂ©ances est un sujet permanent sur lequel butent toujours les intermĂ©diaires et les compagnies dâassurance.
A lâoccasion de chaque rencontre, les deux partenaires liĂ©s par le destin tentent de trouver un terrain d’entente mais se sĂ©parent sur un goĂ»t dâinachevĂ©. Le stock des arriĂ©rĂ©s dans la branche Auto estimĂ© actuellement Ă 3,4 Mds de DH plombe la relation entre les compagnies et les intermĂ©diaires.
La 7e rencontre annuelle de la FNACAM organisĂ©e ce jeudi 06 juillet sous la thĂ©matique « Entre encaissement des primes et TVA sur les commission » a Ă©tĂ© une occasion pour la FMA (ex FMSAR) et la FNACAM de revenir en dĂ©tails sur cet Ă©pineux problĂšme qui pĂšse lourdement aussi bien sur la situation financiĂšre des compagnies dâassurances que sur celle des agents et courtiers dâassurance. Et surtout de dĂ©battre des solutions sur comment apurer ce stock et entamer lâavenir avec sĂ©rĂ©nitĂ©.
Il sâagit bien entendu dâun sujet qui tient Ă cĆur aux deux fĂ©dĂ©rations qui souhaitent trouver un compromis mais tout en prĂ©servant leurs intĂ©rĂȘts respectifs.
De prime abord, il est tenu de rappeler que sur le plan rĂ©glementaire, lâintermĂ©diaire est appelĂ© Ă rĂ©gler la prime Ă la compagnie dĂšs quâil lâa encaissĂ©e soit 15 jours fin du mois. Si câest en dĂ©but du mois, il a un dĂ©lai de 45 jours, si câest en fin de mois, il a un dĂ©lai de 15 jours pour la reverser. Câest la rĂšgle gĂ©nĂ©rale.
Si sur les autres risques, le processus est bien rodĂ©, sur lâassurance automobile, il en est autrement. Sur 6 millions dâattestations auto dĂ©livrĂ©es par an, il y a beaucoup dâincidents de paiement et du coup le processus dâester en justice et recourir Ă des mises en demeure est complexe et compliquĂ©. Le fractionnement du paiement de lâassurance auto par lâassurĂ© y est pour beaucoup dans l’intensitĂ© des incidents de paiement.
« La circulaire de 2016 est venue pour clarifier la situation et fixer les dĂ©lais de reversement des primes encaissĂ©es par les intermĂ©diaires aux compagnies dâassurance. Lorsquâune prime est encaissĂ©e, elle doit ĂȘtre reversĂ©e dans le dĂ©lai fixĂ© par la rĂ©glementation soit 15 jours suivant le mois dâencaissement », rappelle Younes Lammat, Directeur de la DPA Ă l’ACAPS.
Le dĂ©bat a portĂ© Ă©galement sur le Cash Before Cover qui nâest pas prĂ©vu aujourdâhui par la rĂ©glementation marocaine pour une foultitude de raisons dont les rĂ©percussions sociales qui ne sont pas Ă nĂ©gliger. En Europe Ă titre d’exemple, le problĂšme des impayĂ©s est marginal justement grĂące au Cash Before Cover qui se fait mĂ©caniquement a fortiori lorsque l’achat est effectuĂ© par le biais du canal internet.
En CĂŽte d’Ivoire, pays membre du CIMA, la rĂ©glementation interdit Ă l’intermĂ©diaire d’encaisser la prime sauf mandat express de l’assureur, de fractionner le paiement, de retenir la commission sauf mandat de l’assureur… Il est interdit aux intermĂ©diaires de dĂ©livrer une attestation d’assurance sans l’accord de l’assureur. En 2011, les compagnies des pays de la CIMA n’ont pas le droit de renouveler un contrat d’assurance dont la prime n’est pas payĂ©e ou de dĂ©livrer une attestation dont la prime n’est pas payĂ©e. Ce sont en gros les propos de Mamadou Kante, Past PrĂ©sident ANCARCI-CĂŽte d’Ivoire qui a rappelĂ© les avantages du Cash Before Cover appliquĂ© par les 14 pays du CIMA et partiellement en Europe.
Au Maroc, la situation est trĂšs diffĂ©rente. Le prĂ©sident de la FNACAM, Farid Bensaid, ne comprend d’ailleurs pas pourquoi les intermĂ©diaires ont la responsabilitĂ© totale de ces encaissements contrairement aux autres polices existant sur le marchĂ©. » Avant 2016, il y avait un flou juridique mais la circulaire de 2016 a bien tirĂ© au clair les choses. Pour l’assurance auto, l’intermĂ©diaire est censĂ© encaisser la prime avant de la reverser Ă la compagnie d’assurance. Mais dans la pratique les choses ne se passent pas de cette maniĂšre parce que le paiement fractionnĂ© est ancrĂ© dans les habitudes des citoyens », annonce Bensaid. RĂ©sultat des courses : des impayĂ©s qu’assument lĂ©galement les intermĂ©diaires.
Il alerte sur des intermĂ©diaires en souffrance et des compagnies d’assurance qui leur font la pression pour payer et apurer les stocks sinon ils ne recevront pas d’attestation. Une situation qui s’avĂšre dure pour l’intermĂ©diaire qui n’a pas touchĂ© la prime de la part de l’assurĂ©.
Pour Bachir Baddou, Vice-prĂ©sident dĂ©lĂ©guĂ© de la FMA, la circulaire de 2016 avait pour enjeu que l’intermĂ©diaire encaisse au nom de la compagnie d’assurance. Sinon, l’agent est rĂ©putĂ© avoir encaissĂ©. Toutefois cette disposition n’a pas Ă©tĂ© respectĂ©e. Preuve en est le nombre d’intermĂ©diaires qui continuent Ă souffrir des impayĂ©s Ă cause des facilitĂ©s offertes aux assurĂ©s. Baddou considĂšre que la situation n’est pas aussi dramatique qu’elle apparaisse puisque les impayĂ©s portent sur une proportion de primes qui reste assez maĂźtrisable et assez minime au regard de la taille du secteur des assurances. La profession travaille pour que demain les primes d’assurance soient payĂ©es avec des outils modernes de monĂ©tique. Le projet est en cours espĂ©rant qu’il aboutira, selon B. Baddou en 2024.
La rĂ©flexion est aujourd’hui engagĂ©e et un travail de fond est entamĂ© par la FNACAM, la FMA et l’ACAPS. Il ne reste qu’Ă espĂ©rer que le concret voit incessamment le jour pour permettre aux compagnies et aux intermĂ©diaires de se concentrer sur le cĆur de leurs mĂ©tiers.
Lire également : Assurance TRC et RC Décennale : entrée en vigueur dés 2024