Le radicalisme religieux menant à la violence est un phénomène universel. Les nombreuses attaques perpétrées contre des innocents ont sonné l’alarme quant à la nécessité d’agir rapidement dans la lutte contre la radicalisation, qui est à l’origine du terrorisme.
Selon le Global TerrorismDatabase, les actions terroristes auraient augmenté de 80% au cours des deux dernières années. La très grande majorité des actions serait concentrée dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique occidentale.
En effet, la radicalisation religieuse intègre une idéologie qui conduit l’individu à choisir l’action violente contre les autres membres de la société dont il rejette, inconditionnellement, les valeurs et le mode de vie. Elle est devenue un problème compliqué dans le monde, elle menace les institutions démocratiques, et bloque toute réforme politique, économique ou culturelle.
Le Maroc, comme d’autres pays du Monde, a déjà élaboré une stratégie multidimensionnelle contre la radicalisation, au niveau économique, sociale et culturelle. Dans ce cadre, nous estimons que la culture et l’éducation peuvent être des moyens efficaces pour lutter contre la radicalisation et le terrorisme, à savoir que la culture, sous tous ses aspects (arts, médias, science, enseignement, jeunesse et sport ), a un grand rôle à jouer pour prévenir le développement d’une mentalité extrémiste, et à créer un climat de tolérance, de dialogue et de respect entre les gens, entre citoyens, ou entre citoyens et étrangers.
Aussi, la culture répond à une nécessité de promouvoir une nouvelle approche alternative axée sur la démocratie, les droits humains et la primauté dela loi dans la prévention de la radicalisation. Cette approche consiste à promouvoir les relations de confiance entre les communautés, le dialogue et l’interaction, l’accès à une éducation inclusive et de qualité, la justice sociale et la lutte contre les discriminations.
D’autre part, l’éducation, peut aussi prévenir la radicalisation et l’extrémisme. Elle constitue un instrument efficace de promotion des valeurs communes. Par exemple, à travers l’éducation aux droits de l’homme et à la citoyenneté, par des programmes éducatifs, dans les institutions d’enseignement, La société peut créer les conditions qui permettront à l’apprenant de renforcer ses défenses contre l’extrémisme violent.
Ainsi, les nouvelles technologies d’information peuvent constituer des plateformes d’engagement positif, de paix et de respect face aux menaces qui visent une jeunesse particulièrement vulnérable dans des quartiers marginalisés.
Dans ce sens, on ne peut construire une société saine, productive et épanouie sans investir dans le capital humain, plus particulièrement dans l’éducation. Cette dernière est la clé de voûte de toute société. Quand le système éducatif échoue dans sa mission de garantir l’égalité des chances et d’offrir aux gens l’espoir d’un avenir meilleur et d’être des membres productifs de la société, les couches défavorisées n’ont plus que le désespoir, l’analphabétisme et l’ignorance, un terreau propice à l’endoctrinement et la radicalisation.
Dans ce cadre, nous proposons trois niveaux de prévention qui doivent être pris en considération par les décideurs:
- la prévention primaire consiste à lutter contre la radicalisation cognitive qui envahit peu à peu les esprits des jeunes. Cette prévention se fait par la culture, l’éducation, l’inclusion sociale.
- la prévention secondaire consiste à éviter le basculement de jeunes vers des actes radicaux. Cette prévention intervient souvent après le signalement du jeune, pour qu’il ne tombe pas dans les bras des terroristes via internet et réseaux sociaux.
- la dernière prévention vise à favoriser chez les jeunes la rupture avec les idées terroristes et les intégrer dans la société, de manière qu’ils soient des citoyens positifs.
Par ailleurs, la réforme du champ religieux, engagée sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, traduit une vision royale stratégique pour la consécration des fondements d’un Islam juste tout en respectant l’identité authentique du Royaume du Maroc : pays de cohabitation, de tolérance et de dialogue.
Sa Majesté le Roi Mohamed VI, depuis les premières années de son intronisation, fait de cette réforme un champ fondamental, le but étant de garantir une gestion sage et sereine du champ religieux. Le discours prononcé par Sa Majesté, le 30 avril 2004, devant les membres du Conseil Supérieur et des Conseils provinciaux des Ouléma a constitué une véritable feuille de route ayant décliné les étapes à franchir pour la concrétisation de ce projet sociétal.
Dans ce discours historique, Sa majesté le Roi Mohammed V a souligné que la réforme du champ religieux ne se limite pas uniquement à doter le Maroc d’une stratégie harmonieuse et intégrée, susceptible de l’aider à affronter les défis propres au champ religieux et de les relever sous l’impulsion de la Commanderie des croyants, mais également à contribuer, de façon rationnelle et ciblée, à redresser l’image de l’Islam, sciemment pervertie et mise à mal par des campagnes enragées, en réaction à l’extrémisme d’individus désaxés et au terrorisme aveugle qui n’a ni patrie ni religion.
Par Khalid Cherkaoui Semmouni
Directeur du Centre de Rabat pour les Etudes Politiques et Stratégiques