La séance plénière tenue hier, 17 juillet, à la Chambre des Conseillers a été consacrée à la présentation des rapports des commissions parlementaires d’enquête sur l’Office national marocain du tourisme (ONMT).
Les membres de la Commission ont passé au peigne fin le rôle de l’ONMT dans la mise en œuvre de la Vision nationale du tourisme 2011-2020, notamment en ce qui concerne le volet de la promotion de la destination Maroc. L’ouverture de cette enquête fait suite au faible niveau de réalisation de cette Vision qui, à deux ans de la date d’échéance, ne dépasse pas les 40%.
Conformément aux dispositions de l’article 67 de la Constitution et des dispositions de la loi organique n ° 085.13 relative à la conduite des commissions parlementaires, cette enquête, ouverte le 14 décembre 2017, s’inscrit dans le cadre de l’application de la Constitution qui vise à renforcer les principes de la bonne gouvernance, la reddition des comptes ainsi que le rôle de contrôle du Parlement.
Plusieurs dysfonctionnements ont été relevés par la Commission, entre la période 2010-2017, époque où Abderrafie Zouiten occupait le poste de Directeur général de l’Office, notamment en matière de gestion financière et administrative du l’Office.
Sur le plan financier, la Commission s’est penchée sur le budget et le décaissement des fonds alloués aux opérations de marketing et au fonctionnement du Bureau, salaires des employés loyers des revenus immobiliers et touristiques et pertinence des résultats.
Ces dépenses ont fragilisé la situation financière de l’ONMT qui depuis souffre de :
- Absence d’un budget fixe pour la promotion du tourisme ;
- Non extraction par l’Office de toutes les recettes des impôts des nuitées qui peuvent s’élever à 190 MDH/an, alors que la collecte effective ne dépasse pas 120 MDH/an. Un vrai manque à gagner de 70 MDH/an qui a suscité des doutes voire des interrogations ;
- Augmentation des dettes pour pénalités de retard qui arrivent jusqu’à 200 jours ;
- Hausse non justifiée de certains coûts de gestion (l’indemnité de logement de fonction du Directeur général de l’ONMT est estimée à 50.000 DH/mois et la location des délégations à l’étranger coûte environ 10 MDH/an).
Concernant la gestion administrative, la Commission relève également autant de dysfonctionnements pour ne citer que :
- Plusieurs études ont été commanditées par l’Office national du tourisme du Maroc pour des enveloppes budgétaires excessives. Sur ce point, la Commission a précisé que l’Office n’a pas répondu à ses demandes pour leur fournir ces études dont il n’a pas profité.
- L’incapacité de l’Office à s’aligner sur l’évolution que connait le marché du tourisme, principalement sur le volet du marketing
- Manque de coordination et de communication entre le ministre de tutelle, qui est le Président du Conseil d’administration et le Directeur général de l’Office;
Pour y remédier, la Commission a proposé 9 recommandations :
- Revoir la loi régissant L’ONMT ;
- Activer la commission de pilotage, qui est restée gelée depuis la réorganisation de l’ONMT en 1974;
- Rationaliser et mieux orienter les dépenses de l’ONMT en matière de promotion de la destination Maroc (Publicités, Annonces…) pour plus d’efficacité.
- Diversifier les marchés touristiques du Maroc et aller à la conquête de nouveaux marchés.
- Développer le système de gouvernance de l’Office National Marocain du Tourisme par un dispositif de vigilance stratégique, notamment en matière de contrôle, de suivi et de l’évaluation de la rentabilité et la gestion des crises.
- Adopter un guide pratique rigoureux pour le travail des délégations à l’étranger en ce qui concerne la gestion financière et les nominations;
- Elaborer un manuel de procédures approfondi pour garantir la transparence de la gestion financière de l’ONMT;
- Adopter des stratégies et programmes d’actions subventionnés, qui permettront d’établir la dimension régionale, le tourisme interne …
- Regrouper les instances et les institutions publiques liées au secteur du tourisme dans une même autorité.
Cela dit, après cette analyse détaillée de la gouvernance, de la gestion financière et administrative de l’ONMT et l’impact sur la mise en œuvre de la Vision 2011-2020, la question est de savoir : quelle sera la suite de cette enquête ?
A suivre…