Comme d’habitude, nous donnons ici un rappel historique de l’évolution des chiffres de COVID-19 ainsi qu’une tentative de prévision sur les quatre prochaines semaines.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons.
La Figure 1 permet d’apprécier l’évolution globale de la situation :
- le tableau figurant en haut de la Figure 1 donne les chiffres de fin du 15/08/2021,
- les deux graphiques figurant dans le bas de la même Figure 1 montrent l’évolution historique segmentée des confirmés dont les décédés, les rétablis et les actifs : quantités et pourcentages.
Figure 1 Tableau récapitulatif de la situation en fin de semaine et évolution de la segmentation des testés positifs et des cas actifs
En passant de 66’565 (record absolu de la semaine dernière) à 63’174 à, les nouveaux cas hebdomadaires ont diminué de 5% cette semaine, à cause de la combinaison :
- d’une baisse de (-1.6%) du nombre de tests (de 287’173 à 282’514),
- d’une baisse (-4.5%) du taux de positivité (de 23.18% à 22.36%),
Après avoir subi une violente augmentation durant la semaine du 11/07, le taux de progression est monté au-dessus de 160% pour redescendre autour de 140% avant de remonter autour de 250% et de descendre vers 120-130%. En conséquence, la situation reste encore inquiétante mais le léger infléchissement (ralentissement de la croissance) réapparaît dans la courbe orange des cas actifs montrés dans le bas de la Figure 1. L’immunité introduite par la combinaison de la contamination et de la vaccination a sans doute fortement restreint l’espace de circulation du virus qui a été essentiellement dopée par l’augmentation du nombre de contacts (assouplissement des mesures de confinement et ouverture des frontières). En réussissant à faire différer les restrictions à après la célébration Aïd El Adha, les lobbys des éleveurs ont eu raison de l’intérêt général et le gouvernement n’a tiré aucune leçon de l’année dernière. En effet, le graphique ci-dessous montre l’évolution le nombre de cas de 7 jours glissants (en vert de rapportant à l’échelle de gauche) et la résultante part des contaminations (en bleu se rapportant à l’échelle de droite) dans les 34 Provinces majoritairement rurales[2].
Contaminations de 7 jours glissants dans les 34 Provinces les plus rurales et leur part
Tant en 2021 qu’en 2020, la transhumance pour vacances annuelles de juillet n’avait pas augmenté significativement la part d’infection dans les 34 Provinces à majorité rurale. A l’inverse, la part des contaminations dans celles-ci était même en train de décroître à la veille de Aïd El Adha. Puis, la part de la contamination dans ces 34 Provinces rurales (représentant 29.3% de la population) a entamé une montée brutale dès la semaine précédent l’Aïd et les semaines qui suivirent et, en 2020, elle n’a commencé à décroître qu’après que l’effet des contacts commerciaux et familiaux de l’Aïd El Adha n’ait commencé à s’estomper. Beaucoup de contaminations, d’hospitalisations et de décès auraient pu être évités si l’on avait interdit la célébration de Aïd El Adha et anticipé les mesures de restriction d’une ou deux semaines.
Il semble que la circulation du virus soit limitée par l’espace laissé par la vaccination et que les taux de progression, provinciaux et nationaux, de l’épidémie ne dépassera pas les niveaux actuels.
Nous ne sommes certes plus au front de montée mais il faut toute de même prendre nos prévisions avec précautions.
DÉPISTAGES ET CONTAMINATIONS HEBDOMADAIRES
- Le taux de positivité hebdomadaire a augmenté très lentement, mais de façon continue depuis la semaine finissant le 07/03 (de 3.62% le 07/03 à 6.47% le 25/04) puis il a subi une chute rapide à 2.53% durant les 3 semaines qui ont suivi. La chute à 2.53% durant la semaine finissant le 16/05 (Figure 2 à gauche) n’était qu’une fluctuation circonstancielle. En tous cas, nos simulations l’ont considérée comme telle et indiquent maintenant que le taux de positivité hebdomadaire, actuellement à 22.36%, aurait passé son maximum à 23.18% et devrait finir à 9.7% dans quatre semaines (Figure 2 à gauche). Tout indique que la descente devrait être beaucoup plus rapide qu’au dernier hiver.
Figure 2 Evolution du taux de positivité (gauche), des tests (droite) et des contaminations (bas) hebdomadaires
- Si les tests de dépistage continuent à évoluer au rythme indiqué sur la Figure 2 à droite, et si, l’on accepte les prévisions de taux de positivité (Figure 2 à gauche), le nombre de contaminations détectées aurait déjà atteint son maximum à 65’993 hebdomadaires avant de redescendre vers 28’764 dans 4 semaines, comme montré dans le graphique du bas de la Figure 2.
DÉCÈS ET GUÉRISONS HEBDOMADAIRES
- Après une fluctuation entre 52 et 45, et malgré la hausse de cette dernière semaine finissant le 15/08, le nombre des décès hebdomadaires a été tendanciellement en baisse mais il est de nouveau en hausse depuis 6 semaines et nos simulations prédisent qu’ils devraient continuer à croître vers 2’402 hebdomadaires dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de gauche de la Figure 4.
- Même si le nombre de guérisons avait baissé tendanciellement depuis mi-avril, le voici dans une nouvelle phase de croissance et nos simulations actuelles montrent qu’il devrait continuer sa montée vers 61’251 guérisons hebdomadaires la semaine prochaine avant de commencer à décroître vers 39’614 dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de droite de la Figure 4.
Figure 3 Evolution des décès (gauche) et des guérisons (droite) hebdomadaires
NOMBRE DE CAS ACTIFS ET SA VARIATION HEBDOMADAIRE
- Le maximum aurait eu lieu cette semaine à 81’209. Des simulations montrées ci-dessus (des contaminés, des guéris et des décès) se déduisent nos prévisions du nombre de cas actifs qui montrent une baisse vers 40’869 hebdomadaires dans quatre semaines (Figure 4 à gauche). Ainsi, il dépasserait très largement le nombre de cas actifs atteint à l’automne 2020 et le nombre de cas graves (dont le maximum atteindrait 2’566 la semaine prochaine, Figure 4 à droite) aussi, bien que le nombre d’intubés ne devrait probablement pas dépasser ceux de l’automne grâce à un taux d’intubation nettement plus faible.
Figure 4 Evolution des cas actifs en fin de semaine (gauche) dont celle des cas graves (droite)
APPRECIATION DE LA PROGRESSION
- Après que la limite basse de l’intervalle de confiance à 98% du taux de progression de l’épidémie calculé sur 7 jours (à gauche de la Figure 5) :
- soit restée au dessus de l’unité pendant 45 jours du mercredi 04 mars au vendredi 16 avril,
- après qu’elle soit repassée en dessous de l’unité depuis samedi 17 avril,
- après qu’elle soit de nouveau passé au dessus de l’unité depuis le 21 mai jusqu’à dépasser 250%.
Le taux de progression de l’épidémie calculé sur 7 jours vient de descendre en dessous de l’unité, confirmant les bons chiffre précédents, grâce notamment à sa baisse dans la Préfecture de Casablanca où l’épidémie régresse maintenant depuis le 11/08, soit 5 jours, (à droite de la Figure 5).
Figure 5 Evolution du taux de progression de l’épidémie au niveau national (gauche) et au niveau de Casablanca seule (droite)
- Depuis la fin de la première décade d’avril, le nombre de Provinces où l’épidémie régresse (taux de progression provincial en dessous de l’unité) a montré une nette tendance à s’approcher du nombre total de Provinces (75). Ceci était un sérieux indicateur de ralentissement de la circulation du virus mais, même en oscillant fortement, le nombre de Provinces où l’épidémie régresse a maintenant commencé à remonter à 36 en cette fin de semaine.
INCIDENCE ET SA RÉPARTITION TERRITORIALE
- Avec une moyenne nationale encore montée à 21’124 cas détectés par million d’habitants au 15/08 (soit 2.1124% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts intermédiaires entre celui des Provinces de Casablanca, la plus impactée avec 6.2288% de la population préfectorale (qui a pris la place de Oued-Ed-Dahab depuis le 26/11), et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée à 0.1989% de la population provinciale (Figure 6). L’insert de la Figure 6 montre que les deux Régions les plus impactées sont celles de Dakhla-Oued Ed-Dahab (avec 4.5258% de la population infectée) et de Casablanca-Settat (avec 3.9609% de la population infectée) alors que la moins impactée est celle de Fès-Meknès (avec 0.6146% de la population infectée).
Figure 6 Répartition géographique de l’incidence provinciale
- Au niveau provincial, la Figure 7 montre les cartes de la répartition géographique des contaminations par million d’habitants : incidence totale dans le graphique de gauche et sa variation durant la dernière semaine dans le graphique de droite.
Figure 7 Carte de répartition géographique de l’incidence provinciale et sa variation durant la dernière semaine
VACCINATION
- La Figure 8 montre l’évolution du nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en rouge de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le nombre de vaccinations hebdomadaires a atteint un nouveau record dépassant 1,9 millions la semaine finissant le 15/08, l’organisation existante avait confirmé sa capacité à dépasser plusieurs fois le million de nouveaux vaccinés hebdomadaires mais il nous semble impossible d’y ajouter une quelconque prévision car reste limitée par l’approvisionnement en doses pour lequel il n’y a encore aucune visibilité claire, comme pour une majorité des pays du monde.
Figure 8 Nombre total et quotidien des premières doses de vaccins inoculés au Maroc
- Il nous semble utile d’ajouter que si l’on pouvait considérer que les 7.584 millions d’habitants testés fussent représentatifs de la population marocaine, celle-ci comporterait alors 10.013% déjà contaminés, soit 3.600 millions de personnes partiellement immunisés. Quoique encore très loin du seuil de l’immunisation collective, considérant ce chiffre (parmi lesquels sans doute les individus à risque s’exposant plus volontiers à la contamination) ainsi que celui des 16.262 millions d’habitants qui ont reçu la première dose vaccinale (parmi lesquels 11.402 ont reçu même la deuxième dose), il semble que la circulation du virus soit limitée par l’espace laissé par la vaccination et que les taux de progression, provinciaux et nationaux, de l’épidémie ne dépasseront pas les niveaux actuels.
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx,
Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx