Ecrit par S. Es-Siari |
La zone de libre-échange, entrée en vigueur le 1er janvier 2021, est un enjeu majeur pour la transformation du continent en encourageant le commerce intra-africain. Toutefois si le processus du démantèlement tarifaire suit son cours, les barrières non-tarifaires s’érigent en de véritables obstacles.
Quelle logistique pour la Zlecaf ? C’est la thématique de la rencontre organisée le 12 juillet par l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX) en partenariat avec le Ministère du Transport et de la Logistique et le Ministère de l’Industrie et du Commerce.
Un sujet d’une actualité brûlante face aux énormes défis que le contient africain est appelé à relever dans un contexte malmené par une succession de crises dont le réchauffement climatique.
La zone de libre-échange, entrée en vigueur le 1er janvier 2021, est un enjeu majeur pour la transformation du continent en encourageant le commerce intra-africain et l’émergence d’une industrie africaine plus forte arrimée aux chaînes de valeur mondiales.
Sa mise en œuvre permettrait de sortir 30 millions d’Africains de l’extrême pauvreté et d’augmenter les revenus de près de 68 millions d’autres personnes qui vivent avec moins de 5,50 dollars par jour ainsi que d’augmenter les revenus de l’Afrique de 450 milliards de dollars d’ici à 2035 (soit une progression de 7 %). L’enjeu est donc de taille.
De prime abord, il a été rappelé lors de la présente rencontre que le processus du démantèlement tarifaire suit son cours avec comme principal dessein le développement des échanges commerciaux intra-africains qui restent malgré les efforts déployés au-dessous des seuils tolérables.
Toutefois comme annoncé par Mohamed Benabdeljalil, ministre du transport et de la logistique ayant pris part à ladite rencontre : » Ce sont plus précisément, les barrières non tarifaires qui s’érigent comme un véritable obstacle notamment tout ce qui est en rapport avec les infrastructures et le transport ».
Et d’enchaîner : » Force est de rappeler que lors des deux dernières décennies, le Maroc a fait un bond intéressant en termes de développement des infrastructures et également de l’amélioration des services de transport ».
L’élimination des droits de douane sur le commerce intra-régional augmenterait le commerce dans la région d’environ 15% à 25 % à moyen terme, alors que la réduction de moitié des barrières non-tarifaires ferait “plus que doubler” ces effets.
Sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, nous avons assisté à une libéralisation des services de transport notamment aérien.
En dépit des difficultés liées à l’open Sky, les acteurs ont pu au fil de l’eau s’adapter et faire face aux défis qui se posent. Le Maroc a par ailleurs libéralisé le volet relatif au transport routier de marchandises.
En dehors de la libéralisation, sur le plan infrastructures, on remarque, rappelle le ministre, que le Maroc est classé numéro 1 à l’échelle portuaire sur le continent. Tanger Med est classé 35e mondial au niveau conteneurisés.
La connectivité du Maroc vis-à-vis des autres pays africains est ainsi assurée aussi bien par le biais de Tanger Med que par l’aérien. Aussi, le transport international routier est-il devenu également intense au Sud sur les quatre dernières années. Les échanges commerciaux passant par la Mauritanie vers l’Afrique de l’Ouest ont pratiquement doublé.
Fort de ce constat, le Maroc peut grâce à la qualité de l’infrastructure et des services logistiques jouer un rôle inestimable en tant que pays hub continental pour le développement de l’intra Afrique. En revanche, le développement du commerce intra africain nécessite également le développement de la logistique et de l’infrastructure dans les autres pays du Continent.
Dans la foulée, M. Benabdeljalil rappelle qu’au niveau de son département, le ministère continue à œuvrer à deux niveaux :
Le premier concerne le développement du transport routier avec d’autres pays dans un cadre bien entendu structuré et ce en parfaite ligne avec les accords bilatéraux.
Le deuxième niveau est qu’avec l’initiative du Royaume et le soutien financier de la BID, il y a une étude qui a été publiée et les résultats dévoilés il y a quelques mois. Cette étude a pour objectif d’identifier 11 zones logistiques dans 11 pays d’Afrique subsaharienne pour réaliser un noyau de la plateforme des zones logistiques.
De son côté, Abdelaziz Mantrach, Président du pôle logistique de l’ASMEX interrogé sur le potentiel du Maroc en tant que hub continental répond : » Je suis personnellement optimiste concernant la place que peut jouer le Maroc dans la logistique africaine. Le Maroc se trouve à la croisée des chemins des flux mondiaux maritimes. La situation géostratégique du Maroc étant névralgique. Bref, le Royaume jouit de plusieurs opportunités pour devenir un hub continental ».
Selon ses propos, le Maroc devrait se mobiliser à attirer davantage les gros investissements pour servir comme il se doit le continent africain. Il cite certes le port de Tanger Med qui joue un rôle important en matière de commerce intra africain. Mais également les autres ports tels que Casa, Jorf Lasfar et celui d’Agadir.
Pour compléter le schéma, il cite le projet de Nador west med port qui sera opérationnel à partir de 2026.
« L’attrait du Maroc en terme logistique ne fera que se consolider et se renforcer et dont une bonne partie sera ainsi dédiée à l’Afrique », tient-il à assurer.
Les aéroports sont un élément clé pour assurer la connectivité aussi bien des marchandises que des personnes entre les différents points du globe. L’Afrique reste malgré tout peu connectée par rapport à d’autres continents.
Vu le déficit routier, l’aérien joue à ce titre un des rôles les plus importants. « Le développement des routes devrait nous permettre de générer plus de flux. Le Maroc est bien développé en ce qui concerne l’infrastructure aéroportuaire et d’autres projets sont dans le pipe avec la tutelle », rappelle à juste titre Abdelhamid Addou, Président Directeur Général de Royal Air Maroc.
Et d’ajouter : » Le principe du ciel unique africain, une volonté politique, a du mal à voir le jour. Il y a beaucoup d’entraves au niveau des pays qui n’appliquent pas les accords signés. En Europe, à titre d’exemple, cela a pris une quarantaine d’années pour se concrétiser « .
L’élargissement de la flotte est aussi un défi à relever par les pays du Continent pour qu’ils puissent s’engager sur les accords conclus.
A long terme et pour tirer pleinement parti des opportunités économiques de la ZLECAf, les décideurs politiques devront adopter des politiques de soutien pour encourager la transformation structurelle de leurs économies respectives.
De plus, dans un grand marché comme la ZLECAf, un système d’information sur le commerce qui fournit aux décideurs, importateurs, exportateurs, détaillants et investisseurs des données détaillées actualisées est plus que crucial.
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