La difficulté des femmes à intégrer le marché du travail entrave la jouissance effective du droit à l’égalité et engendre un grave déficit qu’il faudra juguler. Le PCNS a fait le focus sur l’autonomisation économique des femmes avec la participation de Tayeb Ghazi, économiste au Policy Center for the New South.
La question de l’autonomisation économique des femmes est l’un des principaux points d’entrée pour l’instauration de l’égalité entre les femmes et les hommes. Cette question trouve son importance dans les dispositions constitutionnelles qui ont accordé une extrême importance pour l’autonomisation des femmes sur les plans économique, social et politique en tant que facteur déterminant fondamental du renforcement de l’Etat de droit.
Dans le cadre de cette dynamique, la participation des femmes à la vie économique a connu des évolutions significatives au Maroc depuis la fin du vingtième siècle. En effet, de nombreux efforts ont été consentis par divers acteurs politiques, économiques, sociaux et civils pour renforcer les capacités des femmes et créer un environnement propice à la lutte contre la discrimination à l’égard des femmes et au renforcement de leur autonomisation économique, en tant que partie intégrante des droits de l’homme.
L’objectif de ces efforts est de réduire les disparités entre les sexes, au vu de l’impact que cela est susceptible d’avoir sur la vie des femmes et sur leur rôle dans l’accélération du processus de développement, l’instauration et le renforcement de l’égalité entre les sexes conformément aux dispositions de la constitution du Royaume et au droit international dans ce domaine.
Cependant, nous observons plusieurs phénomènes qui renvoient à la difficulté d’intégrer les femmes dans le marché du travail. Une telle discrimination entrave la jouissance effective du droit à l’égalité et engendre un grave déficit qu’il faudra juguler. Les pays qui ont réussi, au niveau international, à réduire de façon significative les inégalités fondées sur le genre, ont ainsi atteint un niveau plus élevé de développement économique et humain.
Bilan des chantiers pris par le Maroc
L’engagement pris par le Maroc à l’égard des différentes conventions internationales est l’un des moteurs de la consolidation des droits des femmes et de l’égalité des sexes. En effet, le Maroc a amélioré son arsenal juridique en matière de lutte contre les discriminations fondées sur le genre et renforcé l’équité entre les sexes en tant que l’un des piliers du développement humain. Outre ces engagements, le Maroc a adopté plusieurs visions stratégiques internationales de développement, dont la plus importante est la vision du millénaire et les objectifs de développement durable des Nations Unies.
Au plan international, en plus des dispositions de la constitution de 2011, le Maroc a accéléré le rythme de l’institutionnalisation de la question des droits des femmes tout au long des deux dernières décennies à travers l’adoption de la stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes (2002) et la reconnaissance du droit de la société civile à œuvrer à la mise en œuvre de l’égalité entre les sexes.
En ce qui concerne le bilan atteint dans ce domaine au niveau national, il y a lieu de rappeler certaines réalisations telles que le code de la famille, la réforme du code électoral en renforçant la représentation des femmes, l’amélioration de la représentativité des femmes au sein de la chambre des représentants, en plus de l’accès des femmes aux postes de décision.
Accès au marché du travail : les défis
L’accès à l’éducation est l’une des principales problématiques de l’accès des femmes au marché du travail et de leur autonomisation économique. Il ne s’agit pas uniquement d’assurer leur accès à l’éducation de base, mais également de leur permettre d’accéder aux cycles avancés de l’enseignement.
S’agissant de l’accès à l’éducation de base, si l’on prend en considération l’indicateur du taux d’analphabétisme, on constate que, malgré une amélioration notable, 3 à 4 femmes sur 10 sont encore analphabètes. Quant aux cycles avancés de l’enseignement, les données indiquent une amélioration de l’accès à l’enseignement primaire, mais l’on observe encore des insuffisances dans l’accès aux cycles de l’enseignement secondaire avec seulement 38% au plan national.
Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, on constate quelques progrès vers l’égalité des chances entre les sexes. Ceci dit, et alors que l’enseignement supérieur est la dernière étape avant l’accès au marché du travail, on note une faible représentation des femmes du point de vue quantitatif et qualitatif, puisqu’elles ne représentent qu’un cinquième de la force de travail au Maroc.
L’impact de la pandémie
Les femmes marocaines ont dû supporter le lourd fardeau des répercussions de la crise sanitaire. A ce titre, on peut évoquer le fait qu’elles ont été en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. En effet, les femmes représentent 57% des travailleurs dans le domaine médical, 66% des soignants et 64% des employés dans les secteurs sociaux. Alors que les femmes ont joué un rôle important dans la lutte contre la pandémie, elles en ont été fortement affectées. Ainsi, un nombre élevé de femmes parmi les employés des secteurs industriel et touristique ont énormément souffert des effets de la crise sanitaire.
La promotion de la position des femmes nécessite des politiques globales, à commencer par la réduction des difficultés rencontrées dans la recherche d’un emploi, notamment en facilitant l’accès à l’information, en développant le transport urbain et en préparant les femmes à entrer dans le marché du travail.
A ce propos, des programmes ont été élaborés pour aider les femmes à accéder à l’emploi et à en assurer la stabilité. On peut citer, à titre d’exemple, les politiques actives relatives au marché du travail qui s’appuient sur les sessions de formation et la réinsertion, en plus des projets de soutien aux coopératives et aux entreprises féminines.
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