Interviewé par Soubha Es-Siari I
Le basculement de la population 114 vers la CNSS suscite aujourd’hui des appréhensions auprès des compagnies et des intermédiaires en assurance. Les craintes semblent exagérées selon le Directeur général de la CNSS qui rappelle que le basculement devait se faire 5 ans après l’adoption de tous les textes réglementaires lorsque la loi sur l’AMO a été adoptée en 2002. Nous sommes en 2024 ! Les détails avec Hassan Boubrik, DG de la CNSS.
Ces décrets ou ces textes réglementaires ont pris beaucoup de temps soit 19 ans entre l’année où l’AMO est entrée en vigueur et aujourd’hui où l’on est déterminé à aller vers de l’avant et passer au basculement. Les craintes sont un peu exagérées parce qu’il est considéré qu’il y a une contradiction entre l’AMO obligatoire et la complémentaire. Bien au contraire, il y a une complémentarité entre les deux.
Le principe ayant été adopté dès le départ et sur lequel il n’ y a aucun retour c’est de dire que pour tous les Marocains, pour des raisons d’équité et de justice, vont bénéficier de la même couverture de base obligatoire. C’est pour cela d’ailleurs que pour l’AMO TNS, AMO tadamoun ou AMO travailleurs salariés, nous avons les mêmes taux de remboursement, le même panier de soins… Je pense qu’il est temps que la dernière partie qui concerne la population 114 relative aux travailleurs salariés bascule.
Mais cela n’empêche qu’il y aura un délai pour ce basculement qui se fera bien entendu dans la concertation avec le secteur qui sera nécessairement pilotée par le ministère des Finances en étroite collaboration avec l’ACAPS.
S’agissant du report de la date de basculement, le délai est fixé par voie réglementaire. Mais encore faut-il admettre que la perspective de donner encore 4 ou 5 ans est une perspective trop longue par rapport à ce qui serait souhaitable. La loi cadre donnait comme perspective 2025.
Le basculement n’est pas aussi dangereux ou compliqué mais il faut l’accompagner par des mesures très optimistes. Si on met correctement la complémentaire, l’impact sera parfaitement dépassé.
Une chose est sûre: le maintien de la couverture médicale de base dans le cadre de l’article 114 pour une grande proportion de la population, constitue une entrave aux principes fondamentaux consacrés par le préambule de la loi n° 65-00, à savoir, la solidarité et l’équité et compromet le jeu de la loi des grands nombres. Il remet même en cause la mutualisation des risques maladie. D’où l’urgence de la situation et la nécessité de s’y préparer.