Le taux de chômage au sein de la population active marocaine a récemment atteint un sommet sans précédent, établissant un record qui surpasse même les périodes de la pandémie de Covid et de l’après-Covid, d’après les données du HCP.
Les principaux chiffres alarmants sont les suivantes : 1.625.000 de personnes actives au chômage au trimestre 3 de l’année en cours, 297.000 postes d’emploi perdus en un an, et 66.000 personnes rémunérées qui se sont retrouvées du jour au lendemain sans ressources pour subvenir à leurs besoins.
De ce fait, les dernières données du Haut-Commissariat au Plan (HCP) révèlent une augmentation historique du taux de chômage au Maroc, avec une hausse de 2,1 points, passant de 11,4% à 13,5% entre le troisième trimestre de 2022 et celui de 2023. Cette hausse du taux de chômage se distingue nettement dans les deux environnements, urbain et rural, avec une progression respective de 2 points, portant ainsi le taux à 17% en milieu urbain, et de 1,8 point le faisant atteindre 7% en milieu rural.
L’impact sur les catégories de la population se manifeste de manière transversale sur la société marocaine. En effet, la montée du chômage frappe en particulier les deux catégories, les jeunes et les femmes. La tranche d’âge des 15-24 ans est la plus sévèrement touchée avec un taux de chômage qui a grimpé de 6,5 points pour atteindre un niveau critique de 38,2%. La situation n’est pas plus clémente pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, qui ont vu leur taux de chômage augmenter de 2,5 points, les positionnant à 20,9%.
Les données statistiques mettent également en lumière des disparités significatives entre les sexes. Chez les hommes, le taux de chômage a enregistré une augmentation de 2,2 points, passant de 9,5% à 11,7%, tandis que chez les femmes, la hausse a été de 2 points, faisant passer le taux de 17,8% à 19,8%. Cette dichotomie souligne l’impact disproportionné du chômage sur les femmes rurales en particulier, accentuant les disparités sur le marché de l’emploi.
Les écarts persistent également en fonction du niveau de formation, avec une tendance à la hausse persistante. Les diplômés voient leur taux de chômage augmenter de 2,1 points, passant de 17,7% à 19,8%. Du côté des non-diplômés, la hausse est de 1,4 point, faisant passer le taux de chômage de 4,1% à 5,5%. Ces variations soulignent les défis persistants auxquels sont confrontés les chercheurs d’emploi, indépendamment de leur niveau de qualification.
Quant à l’évolution du sous-emploi, Au cours de la période étudiée, marquée par un taux d’activité national modeste de seulement 43,2%, elle constitue une autre problématique qui s’est accentuée. Le taux a grimpé de 8,5% à 9,6% au niveau national, passant de 7,5% à 8,1% en milieu urbain et de 9,9% à 12% en milieu rural. En chiffres concrets, cette hausse représente 94 000 personnes supplémentaires, portant le total des Marocains en situation de sous-emploi à 1 005 000 personnes.
S’agissant des efforts du Gouvernement face au chômage, on constate un bilan en demi-teinte faisant face à des obstacles dans la concrétisation des engagements ambitieux annoncés en début de mandat gouvernemental en matière de création d’emplois au Maroc, malgré la mise en place de diverses mesures telles que la promotion de l’investissement, le soutien à l’entrepreneuriat et le renforcement de la formation professionnelle.
Bien que des programmes tels que « Idmaj », « Tahfiz », « Forsa » et « Awrache » aient été déployé, le programme « Awrache », doté de 2,25 milliards de dirhams, est censé créer à lui seul 250 000 emplois dans ses deux versions. En outre, des initiatives plus vastes, comme le « Plan d’accélération industrielle » avec un financement de 20 milliards de dirhams et la promesse de créer 500 000 emplois, ont également été lancées. Et malgré ces efforts, le marché du travail national continue de souffrir de dysfonctionnements quantitatifs, qualitatifs et de déficit en matière de gouvernance. Des actions plus décisives et une prise en compte des disparités régionales, ainsi que des facteurs culturels et sociaux, s’avèrent essentielles pour résoudre cette énigme du chômage au Maroc.
Cependant, une gouvernance efficace des programmes gouvernementaux est essentielle pour maximiser l’impact sur la réduction du chômage. La rentabilité des programmes garantit que chaque dirham investi génère des résultats tangibles en termes de création d’emplois. Une gestion transparente et efficace contribue à minimiser les inefficacités, garantissant que les fonds alloués sont utilisés de manière optimale pour stimuler l’économie et favoriser l’emploi.
Ecrit par Nabil Asmane, Conseiller au Sein du Centre Marocain pour la Gouvernance et le Management