Au moins trois mises en service importantes constituent autant de faits éoliens marquants de l’année 2023 :
- Inscrit dans le cadre de la production privée d’électricité dans le cadre de la Loi 13/09 sur les énergies renouvelables, le parc éolien de Aftissat situé au Sud de Boujdour, opérationnel depuis mars 2018, a doublé sa capacité depuis juillet 2023, passant de 201.6 MW (56 éoliennes de 3.6 MW) à0 MW (par ajout de 38 éoliennes de 5.3 MW). La presse avait pourtant repris une dépêche de la MAP datée du 25 juillet 2023 citant une annonce de l’ONEE de « la mise en exploitation commerciale de la totalité du parc« .
- Agissant dans le cadre dans le cadre de la production d’électricité concessionnelle, la dernière tranche du parc éolien situé à 22 km au Nord Est de Boujdour est entrée progressivement en fonction, ses 87 éoliennes de 3.4 MW (295.8 MW) ayant alimenté progressivement le réseau électrique entre février et juillet 2023. La presse avait pourtant repris une dépêche de la MAP datée du 26 février 2023 citant une annonce de l’ONEE de « la mise en service du poste de transformation qui lui est dédié« .
- Agissant dans le cadre dans le cadre de la production d’électricité concessionnelle, une partie du parc éolien de Jbel Lahdid situé à l’Ouest de Essaouira est entrée en fonction sans doute depuis Octobre 2023 et ses 269.7 MW (87 éoliennes de 3.1 MW) alimentent progressivement le réseau électrique. Leur rotation est parfaitement visible au Nord de la nationale menant à Essaouira peu après Mejji.
Concernant ce dernier, je dois avouer n’avoir rien trouvé sur la presse récente mais les grandes éoliennes sont toujours visibles car installées en plein air, de très loin car elles sont très hautes et leur mise en service est toujours trahie par leur rotation. Maintenant, ce qui est étonnant, c’est que, par tristesse, par paresse ou par maladresse (!), les journalistes des médias marocains n’aient rien publié sur la question de l’impact énergétique extrêmement favorable qu’auront ces trois mises en service sur la production électrique du Maroc :
- La capacité éolienne totale du pays va augmenter de moitié, passant de 1’505 à 2’272 MW permettant enfin de dépasser l’objectif de 2’000 MW qui était initialement prévu pour l’année 2000.
- Bien que les trois parcs éoliens ne soient que graduellement entrés en fonction durant l’année 2023, la production d’électricité éolienne totale du pays va augmenter de 24% par rapport à 2022, passant sans doute de 5’290 à 6’530 GWh. En 2024, les trois parcs devraient produire, à eux seuls, le double de la production de l’électricité solaire sortant du complexe de Ouarzazate (cylindro-parabolique + tour).
- Les deux derniers parcs (Boujdour Nord et Jbel Lahdid) permettront à MASEN de se renflouer en augmentant la part des « énergies bon marché » dans le mix électrique qu’elle propose à l’ONEE.
- L’ensemble de la production éolienne de 2023 :
- dépassera 15% de la production nationale d’électricité et contribuera sans doute à une amélioration de 1.5% de l’indice de dépendance énergétique et son corollaire d’économie en devises,
- contribuera, avec le retour à la cadence normale de la production d’électricité par le gaz naturel substituant du charbon et du pétrole de 2022, à baisser l’intensité des émissions de gaz à effet de serre de la production d’électricité de près de 11%.
Tout ceci était pour dire que, malgré le retard d’une communication institutionnelle qui continue à parler des chiffres de 2022, la rotation de pales d’éoliennes très hautes et visibles même à des dizaines de kilomètres depuis des grandes routes nationales aurait pu (ou dû ?) aurait mérité une saine curiosité de la part de la presse… pourtant, « environnement, indépendance et argent« , que demande le peuple ? Je ne peux résister à profiter de l’occasion pour rappeler que l’électricité d’origine renouvelable n’a, dit-on, que l’avantage d’être bon marché lorsqu’elle est produite par et pour les « gros poissons » mais qu’elle a une fâcheuse habitude d’acquérir spontanément, disent-ils, l’inconvénient d’être intermittente dès qu’elle est produite de façon dispersée par les « petits poissons » que sont les particuliers ou les PME ! Vous avez dit bizarre ?