La régionalisation avancée avance, le chemin à rebours vers les élections s’annonce, le modèle de développement se fait dense, et la justice entre temps, déterminée, tance.
Une justice ces derniers temps bien courroucée, mais dont les effets de publicité ne profitent pas des mêmes effets. En effet, le ministère de l’intérieur qui s’est, très dernièrement, ébroué contre des commandos à la tête de certaines collectivités territoriales, en rangs serrés fait tomber quelques pratiques radiales, et continue à promettre l’assainissement sur un nouveau ton quelque peu martial.
L’intérêt pour cette affaire est total, ou plutôt dire, désintérêt, car peu sont les Marocains qui ont pris connaissance de cette information nodale. Tout aussi nodales et en rafales, que le sont les autres séries en feuilleton, ces derniers temps. Citons :
Moulkastkita a écopé de 4 ans de prison, ferme. Fermement, Omar Radi attend le 5 mars, le préjugé de nouvelles sentences, dans de nouveaux termes. Dounia Batma, par ailleurs, décorée en 2013 d’un Wissam, est totalement dans les choux. Akhennouch, parti en pré-campagne fleur au fusil s’est déplumé de ses quelques atouts, et les dossiers en jugement continueront encore à annoncer quelques ragoûts. Ragoûtant, il faut le dire, ce type de dossiers en jugement. L’est-il moins ce dossier concomitant suivant ?. Considérons :
« Le ministère de l’Intérieur a procédé au limogeage de 84 conseillers communaux, 27 présidents de Conseils de communes et a enclenché une action publique contre 21 membres des Conseils communaux pour dilapidation de deniers publics, malversations et falsification de documents administratifs ».
A la mesure des chiffres, il ne s’agit point d’un petit tour d’adresse. C’est même bien au contraire l’annonce d’une belle prise, voire d’une prouesse, mais les effets spéciaux à y impliquer et à engager l’opinion publique ne provoquent que de maigres ivresses.
Et pourtant, c’est aussi et beaucoup à partir d’affaires publiques que l’opinion publique doit construire ses critiques. Mais qu’est-ce qui participe à l’éclipse de cette opinion publique ?
Dans le cas où les charges viennent à être retenues contre ces élus qui tiennent le peuple en joue, cela impliquerait la radiation de ces mêmes élus des listes électorales, la perte de leur capacité d’exercer leurs mandatures locales, et seront empêchés de courir des ambitions d’ascension, aussi bien monétaire que sociale.
Certes, et les questions avisées sont plutôt à considérer à cet endroit nommé:
Seront-ils condamnés à rendre les deniers volés, ou à réparer les torts publics causés, à commencer par la confiance confisquée, considérée comme bien public ?
Quelles sont les causes, diverses, de l’éclipse de l’opinion publique de ce type d’affaires pourtant tout aussi normées et authentiques, mais qui ne sont pas autant tenues en estime médiatique ?
Et si on avait montré le fil rouge de ces affaires-ci à l’opinion publique, ces élus, et ceux qui seront élus, ne rendraient-ils pas justement fière allure au service public, et même à la politique, ce pourquoi ils ont été investis de cette haute responsabilité mystique ?
Et si l’opinion publique était investie de cette critique, reviendrait-on à la refonte de cette confiance mythique ?
Les poursuites pénales méritent en effet d’être à la hauteur de l’opinion publique, mais ne peuvent certainement pas être moindres à la justice et à l’éthique.
Par Soraya Kettani, présidente FOMAGOV, chercheur, analyste en com politique et publique