Le secteur de l’immobilier continue de plonger dans une léthargie. L’année 2019 s’est soldée par une faible activité du marché de l’immobilier qui a accusé les coups. Manque de visibilité sur la reconduction des incitations fiscales, annulation de dérogations octroyées par les CRI, les Walis et les Gouverneurs, absence de signe de relance dans les différents segments…, autant de facteurs qui freinent la relance du secteur.
Dans un rapport de l’année 2019 sur marché immobilier professionnel à Casablanca de Jones Lang Lasalle, leader mondial en conseil immobilier d’entreprise, il ressort que l’activité du marché immobilier est restée faible au cours du second semestre de 2019, avec un recul des transactions pour toutes les catégories d’actifs. Seules quelques livraisons ont été enregistrées sur le marché, d’autres achèvements sont néanmoins attendus à court et à moyen terme.
Par segment, il ressort une certaine maturité du marché de Bureaux notamment avec le nombre croissant de grands projets qualitatifs. Pour le secteur du Retail, il montre des signes de saturation dans le centre-ville, poussant ainsi des enseignes à se développer en périphérie.
Quant au secteur de l’hôtelier, malgré une faible performance, le marché arrive à tirer son épingle du jeu en poursuivant son expansion avec le développement de nouvelles unités hôtelières.
Le rapport de JLL tire toutefois la sonnette d’alarme sur les prix et les loyers dans la capitale économique du royaume qui risquent de subir une pression à la baisse durant les 12 à 24 prochains mois soit à mesure que l’offre augmente dans toutes les classes d’actifs.
Bien que JLL dessine un tableau noir de l’immobilier à Casablanca, il met à l’évidence l’ouverture d’une brèche notamment avec l’agrément délivré par l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) au projet de règlement de gestion de l’OPCI CDG Premium Immo géré par Ajarinvest. Un agrément qui devrait ouvrir la voie à un nouveau véhicule d’investissement qui s’est révélé très attractif dans d’autres marchés.
« L’introduction des OPCI devrait stimuler l’activité du marché des capitaux et contribuer à la reprise du marché après les performances relativement faibles réalisées en 2019. Les perspectives restent positives pour les années à venir, avec une activité d’investissement soutenue et une croissance de l’activité des entreprises qui stimulera la demande dans le secteur des bureaux », lit-on dans le rapport de JLL.
Ce dernier fait ressortir que la faible demande au second semestre de 2019 serait due principalement à une offre limitée d’immeubles de bureaux de qualité. Il ressort que les loyers moyens sont restés stables à environ 150 DH/m2, quant au taux de vacance il a légèrement augmenté au second semestre 2019 pour atteindre 10 %, comparé à 9 % au premier semestre de la même année.
Quid de l’immobilier industriel ?
Mises à part les zones industrielles structurées qui sont actuellement en cours de développement à Casablanca et ses environs, l’année 2019 a été marquée par une stagnation des ajouts. « Les principaux projets en cours de développement comprennent la zone industrielle d’Oulad Hadda (840 ha) dans la province de Mediouna et la zone industrielle d’Ahl Loughlam à Sidi Bernoussi (10 ha). D’autres projets importants verront le jour au cours des prochaines années à l’instar du parc industriel de Sahel-Lakhayayta (140 ha) mené par le gouvernement marocain et le Millennium Challenge Corporation (MCA-Maroc). La livraison de la première phase du parc industriel de Soft Group à Sidi Bernoussi a été repoussée au premier semestre de 2020 », précise le rapport.
« Nous nous attendons à ce que les loyers diminuent au cours des prochaines années avec le développement de nouvelles zones industrielles proposant des terrains aménagés et des installations industrielles à des loyers très compétitifs », précisent les experts de JLL.
Une prévision fondée sur les dispositions prévues par le gouvernement dans la loi de finances 2020 visant à renforcer le secteur industriel.
Parmi ces mesures, le taux de l’impôt sur les sociétés qui a été revu à la baisse passant de 31% à 28%, en plus des nouvelles réductions prévues au cours des prochaines années pour arriver à 20%. La loi prévoit également la transformation des zones franches en Zones d’Accélération Industrielle (ZAI) avec un nouveau règlement cadre.
Les entreprises nouvellement installées dans ces zones continueront à bénéficier d’une exonération de l’IS pendant les cinq premières années d’activité et d’un taux réduit de 15% au-delà de cette période. Une autre mesure importante annoncée est la création d’un nouveau fonds, doté d’une enveloppe budgétaire de 6 milliards de dirhams sur trois ans, destiné à soutenir les PME et les micro-entreprises. Sans oublier, les droits de douane sur les importations seront également augmentés afin de protéger les industries nationales.
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