Ecrit par Houssifi El Houssaine I
Le PLF 2026 est accompagné d’un rapport sur les ressources humaines. L’appellation consacre à notre sens une ignorance crasse. Le rapport constitue en fait un registre d’inventaire accompagné d’une fiche de suivi analytique des coûts. L’agent public est donc réduit à un article et un centre de coûts. Le rapport est le produit d’un comptable aux pratiques révolues devant être la première victime collatérale de l’IA. Il ne traite ni de l’agent en tant compétence au service du pays par la mise en jeu des indicateurs clés de performance, ni de son bien-être, ni de l’acculturation, ni des phénomes qui rongent l’administration tels que le Burn-out, l’absentéisme, le surendettement, les maladies professionnelles, la guerre des talents qui génèrent un turn-over conséquent et bien d’autres phénomènes. Ce rapport, comme les autres d’ailleurs, est une source qui perle d’informations…comptables svp !!!
En examinant ce rapport accompagnant le PLF 2026, j’ai gobé chiffres et lettres jusqu’à ce que je sois heurté par le passage suivant : « La politique de recrutement dans la fonction publique marocaine est fortement imprégnée des dispositions de l’article 31 de la Constitution consacrant le principe d’égalité des citoyennes et citoyens pour l’accès aux emplois publics selon le mérite et également des dispositions de l’article 22 du Statut Général de la fonction publique instituant le concours comme règle générale d’accès à la fonction publique ». Là je me suis demandé si je ne suis devant un comptable Mythomane. En effet, qui ment une fois ment plusieurs fois.
Je me suis rappelé ces anges ou démons, que sais-je, mais de toutes les façons, ce sont des aimés des dieux, qui parachutent d’avions nolisés, contrats juteux à la main, dans l’administration publique. Présentés comme des perles rares voire des lumières, qui en deux temps trois mouvements, et après un léger frottement avec la réalité de la chose publique, s’avèrent un alliage de métaux de très faible valeur. En effet, Un nuage ne peut cacher éternellement le soleil. Seulement, lorsque l’erreur de recrutement se révèle, le « suppo » a déjà pris position et commence à faire ses effets et à en devenir rentier.
Il me vient à l’esprit ces fonctionnaires nomades, qui poste budgétaire en poche, commencent à flâner entre administrations à la recherche de statuts particuliers alléchants. Vous le savez très bien, un nomade ne se met pas en marche, s’il n’a pas une terre promise à laquelle rêver. Par le biais de détachement, ces mercenaires changent de postes comme de chemises. Ils ont le mérite d’exceller dans le dénichement de postes vacants pour s’en emparer. Il faut retenir que ces opérations de détachement se font en catimini et ne profitent pas aux enfants du sérail mais à des privilégiés nés avec une cuillère d’argent dans la bouche.
Je me suis rappelé également ces seniors qui refusent de battre en retraite. Bon nombre d’entre-deux n’ont fait que de faux bonds pendant le match mais espèrent se rattraper pendant les prolongations. Par l’opération du Saint Esprit, ils deviennent indispensables pour la continuité de services, sachant bien que les cimetières sont remplis de personnes qui se croyaient indispensables. Pour la prolongation de leurs séjours dans l’administration, il suffit de quelques larmes, de crocodiles certes, versés sur du papier granulé, pour décrocher le consentement favorable de la primature. Cette dernière, ayant un cœur d’or, quand elle l’entend bien sûr, et bien qu’elle suffoque en raison de la marée des demandes de prolongation, ne dit jamais non. Celui qui aime donne sans compter.
On comprend que pour cette catégorie, la mise en retraite est plus cruelle que la mort d’un être cher. Mais elle doit comprendre qu’elle doit mourir de sa belle mort et qu’elle doit mourir sans porter sur le visage les stigmates de la souffrance. On comprend leur phobie de partir en retraite mais le contribuable n’en y est pour rien. L’administration est toujours féconde et regorge de compétences. Il suffit de leur donner leurs chances.
Ici on n’est pas en train de discuter sur le sexe des anges. Ce sont des phénomènes qui doivent disparaitre de l’administration pour qu’on puisse mettre en harmonie le contenu des rapports et le vécu des acteurs.




