- Proparco a financé à hauteur de 271 millions d’euros au Maroc, soit à peu près 40% de son activité en Afrique du nord.
- Le Maroc continuera à constituer entre 33 et 40% de l’activité en Afrique du nord.
- Deux conventions sont signées avec le groupe BCP et Al Amana.
- Détails avec Yazid Safir, représentant Afrique du Nord de Proparco.
EcoActu : Qu’est-ce qui explique cet intérêt grandissant de Proparco pour le Continent africain en général, et pour le Maroc en particulier ?
Yazid Safir : L’Afrique a toujours été dans notre ADN et continuera à l’être. La priorité accordée à l’Afrique ne date d’hier et continuera à l’être parce que les principaux besoins sont en Afrique. Au Maroc, qui ne fait pas l’exception, les besoins sont aussi très importants. Ils sont certes différents de ceux de l’Afrique subsaharienne, mais ils sont cruciaux.
Il existe des enjeux en matière d’inclusion financière, des défis en matière d’emploi des jeunes, d’amélioration de l’exploitation des ressources, des besoins dans les secteurs de la santé et de l’éducation…et c’est exactement les secteurs sur lesquels nous souhaitons intervenir parce nos actions pourraient avoir le plus d’impact aussi bien sur les populations que sur le développement économique.
Au fil des ans, comment ont évolué les interventions de Proparco que ce soit en prises de participations ou en financement direct ?
Je ne vais pas revenir sur 40 ans d’histoire. Mais je dirais que sur les dix dernières années, Proparco a financé à hauteur de 271 millions d’euros au Maroc, soit à peu près 40% de son activité en Afrique du nord. Ce chiffre est biaisé parce qu’il ne tient pas compte de nos investissements dans les fonds régionaux dont une partie a été réinvestie au Maroc. Notre objectif aujourd’hui est de réaliser quasiment en trois ans ce que nous avons fait au cours des dix dernières années. Le Maroc continuera à constituer entre 33% et 40% de notre activité en Afrique du nord.
Comment Proparco accompagne-elle l’expansion du Maroc en Afrique et surtout l’implantation des entreprises marocaines dans le continent ?
D’abord pourquoi nous le faisons ? Parce qu’il y a un besoin. Un entrepreneur sur deux nous contacte pour accompagner son développement à l’international et dans la majorité des cas, il s’agit d’un développement en Afrique.
Nous le faisons également parce que ça s’inscrit idéalement en totale cohérence avec la stratégie des autorités marocaines. C’est le Maroc qui a souhaité cette impulsion africaine. Cela fait plus de dix ans que les banques marocaines ont commencé à être actives sur le continent africain. De ce fait, Proparco a accompagné ce développement d’abord avec le groupe BMCE Bank of Africa (BOA). Nous sommes actionnaires dans quatre filiales de BOA en Afrique, nous sommes égalementdans le tour de table d’Attijari Mauritanie. Nous sommes également entrés, il y a quelques mois, dans le capital de TGCC, parce que Mohamed Mezouar est un entrepreneur éclairé qui a une réelle vision africaine et qui a compris l’intérêt de faire entrer les institutions de développement comme Proparco dans son tour de table pour réussir son expansion en Afrique.
Au-delà des financements, Proparco souhaite apporter de plus en plus la mise en réseau des acteurs privés qui constituent nos partenaires depuis des décennies en Afrique.
Concrètement, lorsque TGCC souhaite rechercher, financer, investir ou construire des projets dans un autre pays, Proparco peut la mettre en relation avec des clients dans ce pays. On crée ainsi des synergies qui permettent le développement de TGCC avec des retombées importantes aussi bien pour le Maroc que pour le pays d’accueil des futurs projets de TGCC.
Quelle appréciation faites-vous du climat des affaires au Maroc et quelles sont les contraintes qui pèsent encore sur l’exercice de votre activité ?
Le climat des affaires au Maroc est dynamique certes, mais se caractérise par certaines contraintes. Aujourd’hui, comme le reflètent les chiffres, c’est un pays qui est très important pour nous parce qu’il recèle d’opportunités.Le classement Doing business montre bien que le Maroc s’améliore, gagne des places et cela est dûaux réformes entamées au cours des dix dernières années. Et puis il y a un réel dynamisme du secteur privé.
Les contraintes sont par contre liées à des difficultés de trésorerie et de BFR parce que les délais de paiement sont extrêmement longs.
Cela nous interpelle et nous pousse à réfléchir sur ce que nous pouvons faire pour essayer de limiter cette contrainte.
J’espère que bientôt nous trouverons des solutions pour résoudre cette problématique qui conditionne effectivement l’environnement des affaires.
Vous venez de signer deux conventions qui sont très importantes avec le Groupe Banques populaires et l’association Al Amana. Dans quel cadre s’inscrit la signature de ces conventions et qu’est-ce qui explique le choix de vos partenaires ?
Le choix des partenaires va dans les deux sens. Proparco choisit ses partenaires mais ce sont surtout les partenaires qui viennent nous voir pour explorer ensemble les opportunités de coopération. Les deux contextes sont par contre différents. Avec Al Amana, nous avons signé une convention de prêt de 3 millions d’euros qui est la suite logique de ce que nous faisons avec l’association au niveau du compte AFD (Agence française de développement)depuis à peu près 15 ans. Côté BCP, il s’agit d’un accord de partenariat que nous avons voulu ancrer pour solidifier notre relation existante. BCP étant le plus important client de Proparco en Afrique du nord et même dans le monde. Vous ne pouvez pas imaginer une visite du Directeur général de Proparco au Maroc sans marquer une étape importante et nouvelle de notre relation avec le groupe BCP. Nous accompagnons le groupe en ce qui concerne ses filiales au Maroc, ses activités offshore et micro finance. Aujourd’hui, nous regardons les cofinancements avec BCP en Afrique de l’Ouest et donc c’est important pour nous de faire un point d’étape et de faciliter le commerce en Afrique du groupe BCP, privilégier les cofinancements lorsque des clients de la BCP souhaitent développer de gros projets, et envisager la possibilité pour Proparco et BCP d’être dans le capital de nouvelles filiales de BCP qui verraient demain le jour en Afrique.