Les résultats des banques se sont repliés de 13% en raison de l’impact de l’évolution des taux monétaires et obligataires sur la valeur des portefeuille-titres détenus, selon le rapport 2022 de la supervision bancaire présenté ce 24 juillet à Casablanca.
Bank Al-Maghrib a relevé à deux reprises son taux directeur pour le porter à 2,5% à fin 2022 tout en maintenant les autres mécanismes de renforcement des besoins de liquidité des banques.
Dans ce contexte, le crédit bancaire aux entreprises a vu son rythme de progression s’accélérer, reflétant la hausse de leurs besoins en fonds de roulement, tandis que le crédit aux ménages a observé un ralentissement, selon rapport 2022 sur la supervision bancaire élaboré par Bank Al-Maghrib.
Les résultats des banques se sont repliés de 13% en raison de l’impact de l’évolution des taux monétaires et obligataires sur la valeur des portefeuille-titres détenus.
Après une hausse de 6,5% une année auparavant, le produit net bancaire a reculé de 4,8% à 50,2 milliards de dirhams sous l’effet de l’impact de la hausse des taux monétaires et obligataires sur la valeur de marché du portefeuille-titres des banques.
Avec une part de 75% du PNB, la marge d’intérêt a ralenti de 2% à 36,2 milliards de dirhams, après 6% en 2021.
Par composante, le produit net d’intérêt sur les opérations avec la clientèle, a ralenti à 1% à 35,3 milliards de dirhams reflétant une stagnation des intérêts perçus qui se sont établis à 41,4 milliards et une baisse des intérêts servis sur les dépôts de 5,3% à 6,1 milliards de dirhams, en lien avec la hausse des dépôts non rémunérés.
Le produit net d’intérêt sur les opérations avec les établissements de crédit et assimilés a reculé de 4,3% à 1 milliard de dirhams, reflétant une hausse des intérêts servis sur les emprunts de 43,2% à 3,9 milliards ayant surpassé celle des intérêts perçus sur les prêts de 30,5% à 4,8 milliards de dirhams.
Tout en restant négatif, le produit net d’intérêt sur titres de créance s’est atténué d’un solde de 392 millions à 4 millions de dirhams. Cette évolution traduit une baisse des intérêts servis sur les titres de créance émis de 3,4% à 3,5 milliards de dirhams, conjuguée à la progression de 8,1% des intérêts perçus sur les titres détenus, à 3,5 milliards de dirhams.
De son côté, la marge sur commissions a augmenté de 6,3% à 8,4 milliards après une hausse de 7,6% observée au cours de l’année précédente.
A ce titre, les commissions perçues sur prestations de services ont totalisé 9,3 milliards, marquant une progression de 8,1%, soutenue d’une part par les activités monétiques à la faveur de l’accélération des transactions par canaux numériques et d’autres part par les activités de change en lien avec la hausse des couvertures de change destinées à la clientèle.
Les commissions sur les prestations des services de crédit se sont repliées de 12,3%, en lien avec le recul de la production de crédit après la fin des mesures préférentielles mises en place dans le contexte pandémique. Les commissions sur opérations de change se sont accrues de 141% sous l’effet de l’augmentation du volume des importations.
Pour sa part, le résultat des activités de marché a enregistré une baisse de 51,6% à près de 4 milliards de dirhams. Cette contraction reflète un repli du résultat des opérations sur titres de transaction et du résultat sur titre de placement qui font ressortir un solde déficitaire de -1,1 milliard et -660 millions de dirhams respectivement en lien avec la correction de la valeur de marché de ces portefeuilles. Cette baisse a été atténuée par la hausse du résultat des opérations de change de 40,9% en lien avec la hausse des volumes de ces opérations et celle du résultat des opérations sur produits dérivés de 553,6%.
Les charges générales d’exploitation ont totalisé 26,6 milliards de dirhams, en hausse de 3,8%, après 3,4% une année auparavant. Compte tenu de la baisse du PNB, le coefficient moyen d’exploitation s’est déprécié de 4,4 points à 52,9%.
La hausse des charges générales d’exploitation reflète une progression des charges externes7 de 4,5% à 10,5 milliards, ainsi que l’accroissement des charges du personnel de 2,9% à 12,4 milliards de dirhams.
Le portefeuille-titres accuse le coup
A fin 2022, l’encours du portefeuille-titres détenu par les banques s’est établi à 417,3 milliards de dirhams, en hausse de 10,8% représentant 24,5% du total des emplois bancaires.
Selon la comptabilité d’intention, le portefeuille de transaction s’est replié de 4,7% à 192,7 milliards de dirhams, après une hausse de 13,8% une année auparavant, reflétant d’une part la correction de valeur induite par la hausse des taux obligataires et d’autre part les opérations effectuées par les banques pour optimiser leurs portefeuilles au vu des évolutions des prix du marché.
Aussi, le portefeuille de placement a vu son encours progresser de 9,9% à 77,7 milliards et les titres d’investissement ont enregistré une accélération de 90,4% à 77,4 milliards, reflétant les anticipations d’évolution de taux par les banques commerciales.
S’agissant du portefeuille de participations, il a connu un accroissement de 10,4% à 69,4 milliards en relation avec l’accroissement des participations dans les entreprises privées de 16,2% à près de 28 milliards. Aussi, les participations dans les établissements de crédit et assimilés marocains ont progressé de 4,8% à 9,2 milliards de dirhams. Celles détenues dans les établissements de crédit à l’étranger ont stagné à 26 milliards de dirhams.
L’encours des provisions pour dépréciation du portefeuille-titres a progressé de 54% pour s’établir à 6,9 milliards de dirhams, dont près de 77% sont affectées à la couverture notamment des titres de participation détenus dans des entreprises liées.