Ecrit par S. Es-Siari |
Les années difficiles se succèdent et les 1ers Mai se ressemblent. Celui de 2023 ne fait pas l’exception. Les défilés syndicaux se sont mis en ordre dispersé pour défendre les intérêts de la classe ouvrière tant dans le secteur privé que public et d’une classe moyenne en perte de pouvoir d’achat depuis plusieurs années.
Si les syndicats se retrouvent sur les slogans de cherté de la vie, ils restent cependant obsédés par les luttes partisanes. Autrement dit, les combats sont différents et leurs positions sont également différentes.
Cette dispersion des syndicats contribue à faire malheureusement du 1er Mai, un jour normal comme les autres.
Et pourtant la conjoncture actuelle marquée par une hausse sans précédent des prix et un taux d’inflation oscillant autour de 8% se veut une occasion propice pour que les syndicats (CDT, UMT, UGTM…) s’entendent, unissent leurs forces et surtout construisent un rapport de forces avec le gouvernement.
De prime abord, il est utile de rappeler que les syndicats ne représentent pas les personnes en chômage, sans emploi et ceux opérant dans l’informel qui subissent de plein fouet les effets négatifs de la cherté du coût de la vie.
Ajoutons à cela que cette dispersion des centrales syndicales n’est en fait que le reflet d’une action plus politique que syndicale.
En matière de code de travail, problématiques au sein des entreprises, droit de grèves, redistribution des produits de travail, bref les vrais problèmes du monde de travail…, les syndicats sont, faut-il le rappeler, aux abonnés absents. Depuis pratiquement 20 ans, il n’a pas été touché au code du travail. Idem le projet de loi sur la grève traîne toujours et pas de visibilité à ce sujet. Des accords signés de part et d’autre qui ne voient jamais le bout du tunnel. A telle enseigne que l’on se demande à quoi servent tous ces accords signés s’ils ne se concrétisent pas ?
Aussi en ce 1er Mai, on constate de la part des syndicats, une absence de renouveau en matière de propositions au-delà de la hausse des salaires pour faire bouger les lignes et améliorer comme il se doit les conditions de travail de la classe ouvrière. Pis encore, le monde du travail change au fil de l’eau mais les syndicats dépourvus de moyens non. Un déphasage qu’il n’a plus lieu d’être dans un contexte de plus en plus contraignant où les crises ne sont plus une exception.
Ces crises exhortent les syndicats à se mettre à table avec le gouvernement pour faire aboutir les réformes et mener des changements en profondeur pour sortir des sentiers battus de la précarité qui frappe une frange importante de la population.
Compte tenu des structures actuelles des syndicats, la situation fragile et précaire du monde ouvrier est partie pour durer encore.
D’où la nécessité de lancer la réflexion sur l’utilité, la portée… des syndicats dans un monde de travail hétéroclite. Sinon les mêmes maux continueront à produire les mêmes effets.