Ecrit par la Rédaction I
Cette crise d’eau au Maroc est rendue encore plus critique par la présence de températures plus chaudes qui accélèrent son évaporation. Ce contexte climatique très difficile n’a pas permis aux activités agricoles de réaliser de bonnes performances au niveau des rendements et des récoltes.
Bien qu’elles ne soient pas nouvelles, les difficultés que connait actuellement le secteur agricole sont de plus en plus contraignantes. En cause : des sécheresses excessives très sévères et des crises géopolitiques entraînant le plus souvent des crises économiques aux effets négatifs sur l’ensemble des économies au niveau mondial.
Face à des configurations pareilles, la plupart des activités du secteur sont amenées à opérer les adaptations nécessaires pour faire face aux changements profonds que connait l’environnement dans ses multiples dimensions, naturelle, économique et sociale. De telles adaptations cherchent selon les économistes du CMC à promouvoir une agriculture plus productive, respectueuse de l’environnement et de la biodiversité et aussi plus résiliente et plus inclusive.
Au cours des deux dernières années, le secteur agricole, pilier économique du Maroc, est fortement touché par une sécheresse très sévère donnant lieu à une pénurie d’eau qui frappe durement le pays. La situation des barrages est devenue alarmante. Leur niveau de remplissage a atteint les plus bas niveaux, jamais enregistrés par le passé.
Cette crise d’eau est rendue encore plus critique par la présence de températures plus chaudes qui accélèrent son évaporation. Ce contexte climatique très difficile n’a pas permis aux activités agricoles de réaliser de bonnes performances au niveau des rendements et des récoltes et a poussé les responsables du secteur à chercher à utiliser de nouvelles technologies permettant une utilisation plus efficace de l’eau et garantissant une croissance optimale des cultures.
Mais cela n’empêche que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour surmonter les obstacles actuels, et développer une agriculture plus résiliente, plus diversifiée et capable de faire face au déficit pluviométrique et de préserver les ressources hydriques du pays.
Les économistes ont tenu à rappeler que durant la campagne agricole 2022-2023, le cumul pluviométrique n’a été que de 207 mm. Il s’est inscrit en baisse de 36% par rapport à une année normale (327 mm). Comparé à la campagne précédente, ce niveau est en hausse de 13% mais demeure insuffi- sant. Les pluies ont été faibles et mal réparties depuis le début de la campagne agricole, ce qui n’a pas été favorable à l’installation des cultures d’automne. On relèvera de plus que le taux de remplissage des barrages au cours de cette période n’a pas dépassé 33%.
Et d’ajouter : « la dégradation des conditions climatiques s’est poursuivie au cours la nouvelle campagne agricole 2023-2024. La chute des précipitations est encore plus importante. Elle est de 67% par rapport à la moyenne saisonnière habituelle et le niveau des eaux des barrages est en chute avec un taux de remplissage des barrages qui ne dépasse guère actuellement 23,5%. Le Maroc, qui subit les effets négatifs des conditions climatiques difficiles depuis déjà quelques années, devrait à l’avenir favoriser les cultures peu consommatrices d’eau et résistantes à une sécheresse qui se fait de plus en plus fréquente ».
A noter qu’en dépit des efforts fournis par les pouvoirs publics pour introduire de nouvelles techniques comme les semis-direct plus adaptées pour améliorer les rendements des cultures, la production céréalière en 2023- 2024 risque d’être faible, voire compromise en raison des retards des pluies et de la part encore insuffisante des terres concernées par ces nouvelles techniques. Le Maroc ambitionne, cependant, d’atteindre 260.000 hectares cultivés en semis direct en 2023-2024, contre seulement 100.000 ha en 2022-2023 où le pays a réalisé une production de près de 55,1 millions de quintaux contre 34,0 millions de quintaux en 2021-2022.
Notons au passage que les céréales sont pratiquées en quasi-totalité en culture pluviale. Elles occupent la moitié de la superficie agricole utile du pays, soit 4,5 millions ha sur 9 millions. La céréaliculture irriguée est limitée à une superficie de 300.000 ha. malgré la prévalence d’un contexte pluviométrique déficitaire.
S’agissant des autres cultures, on relèvera en particu- lier que la production attendue d’agrumes au terme de la campagne agricole 2023-2024 est d’environ 1,7 millions de tonnes soit 5% de plus qu’en 2022-2023. Celle des olives est estimée à presque 1,1 millions de tonnes et reste comparable à la production de la campagne précédente. Le volume des dattes récolté atteindrait 115 000 tonnes et serait en hausse de 6,5%.
La baisse de la superficie des emblavements dans les zones irriguées et les restrictions d’irrigation dans les périmètres du grand hydraulique à cause des niveaux critiques de remplissage des barrages où la priorité a été donnée à la sauvegarde des arbres fruitiers, expliquent cette situation.
En conclusion, l’agriculture est un pilier central de l’économie marocaine. Elle est essentielle à la fois pour l’économie nationale et pour le bien-être des citoyens, en particulier dans les zones rurales. Les efforts continus pour moderniser ce secteur et le rendre plus résilient face aux défis environnementaux sont donc cruciaux pour le développement futur du Maroc. Mais ce secteur reste vulnérable aux changements climatiques, notamment aux variations des précipitations et aux périodes de sécheresse.
Cela souligne la nécessité d’une gestion durable des ressources naturelles et de l’adaptation aux changements climatiques. Des investissements dans le domaine agricole et l’introduction de nouvelles techniques plus adaptées sont encore nécessaires pour relever les défis actuels et positionner le secteur agricole marocain comme un secteur clé pour le développement économique durable à long terme.