Les mesures prises par le CVE devraient amortir l’ampleur du double choc sur la conjoncture. Néanmoins la nature de la crise sanitaire Covid-19 devrait rendre difficile le rétablissement des équilibres macro-économiques, notamment les déficits jumeaux.
Dans une récente étude, CDG Capital analyse la situation économique nationale à l’aune de la crise sanitaire liée au Covid-19 qui s’est propagée partout dans le monde. Après avoir rappelé les mesures prises par le CVE au lendemain de la crise, CDG Capital considère que lesdites mesures visent d’une part à faire réussir la phase transitoire (jusqu’au 30 juin) de lutte contre cette pandémie, en favorisant le confinement dans les meilleures conditions pour l’ensemble des ménages, et d’autre part, garantir la reprise de l’activité après cette crise conjoncturelle en accordant l’appui nécessaire aux entreprises aujourd’hui en difficulté.
Toujours est-il que la particularité de cette crise sans précédent est que l’ampleur et la gravité sont difficiles à estimer. « … de par l’exclusion des approches comparatives, en absence de crises similaires, au cours des dernières décennies, que de la difficulté de prévoir l’intensité des chocs sur les différents équilibres macro-économiques », expliquent les analystes de CDG Capital.
En retenant comme hypothèse principale de prévisions que les solutions apportées par le CVE portent sur une période de 4 mois, allant de mars à juin, les analystes projettent de prendre en compte cet horizon de résolution de la crise, avec une reprise de l’activité en juillet 2020.
La sécheresse sévit
Dans la même lignée, CDG Capital se penche sur le comportement de la campagne agricole. Telle qu’elles se déroulent, les conditions climatiques de la saison agricole 2019/2020 laissent présager une campagne agricole en détérioration comparativement à la précédente. En effet, les données disponibles à fin février 2020 ressortent plusieurs signaux sur les faibles résultats de la campagne en cours avec un couvert végétal en situation faible, un cumul pluviométrique en recul de 38% comparativement à l’année précédente et un taux de remplissage des barrages en régression à 47,3% à fin janvier 2020 contre 60% une année auparavant. A ce titre, CDG Capital table sur une saison quasi-similaire à celle de 2016 avec une production céréalière autour de 30 Mqx.
Le Covid-19 frappe fort !
Hormis l’agriculture et compte tenu de l’arrêt d’activité dans plusieurs secteurs non agricoles, la croissance non-agricole devrait fortement ralentir à un niveau historiquement bas de 1,2% générant ainsi, une baisse, pour la deuxième année consécutive, de la croissance nationale qui devrait évoluer en dessous de 1% contre 2,2% estimée par le HCP pour 2019.
En termes des emplois de la croissance, la demande intérieure, principale locomotive de l’économie nationale, devrait fortement ralentir sous l’effet des pertes d’emploi causées par cette nouvelle crise conjoncturelle et ce malgré les mesures prises par le CVE pour soutenir les ménages. Ajoutons à cela, la détérioration du pouvoir d’achat dans le monde rural suite à la succession de deux mauvaises campagnes agricoles, la forte dégradation prévue des transferts des MRE et le ralentissement attendu de la distribution des crédits bancaires en cette conjoncture difficile marquée par le Covid-19.
En ce qui concerne la demande étrangère, CDG Capital table sur un redressement pour contribuer à hauteur de 1,3% au PIB en 2020 contre -0,4% l’année précédente. Cette amélioration résulte d’une atténuation du déficit du commerce extérieur avec d’une part un recul en volume et en valeur des importations à une baisse moins atténuée des exportations, compte tenu de la hausse de la demande sur l’agroalimentaire et la résistance de la chaîne d’expédition des phosphates et dérivés.
Pour ce qui est de l’inflation, après une année 2019 marquée par une inflation quasi nulle autour de 0,2% contre 1,9% en 2018, l’année 2020 devrait connaitre un léger rebond à 1,3%.
La LPL à la rescousse
En ce qui concerne les devises, sur la base d’une hypothèse de recul de 50% du solde voyage, de 30% des transferts des MRE, ainsi qu’une baisse similaire à celle de 2019 des IDE, soit -42%, le flux net global de ces trois sources devrait reculer de -54,5 Mds de DH à 87,3 Mds de DH pour l’année 2020. A rappeler que dans le cadre des mesures préventives en vue de disposer d’une marge confortable, le Maroc a procédé le 7 avril 2020, à un tirage sur la LPL pour un montant équivalent à près de 3 Mds de $.
Il ressort également de l’analyse de CDG Capital que la reprise enregistrée en matière de distribution de crédit en 2019 devrait ralentir en 2020 suite aux conditions défavorables de la conjoncture nationale et à l’arrêt temporaire de l’activité dans certains secteurs importants de l’économie. « En effet, comme précisé, les décisions d’investissement, aussi bien des entreprises que des ménages, devraient être reportées et la capacité de distribution des banques affectées par la montée prévue des créances en souffrance », nous apprend la même source.
En guise de conclusion, CDG Capital estime qu’en dépit des efforts mutuels des différents acteurs aussi bien public que privé pour contrecarrer les effets néfastes de la pandémie Covid-19, la profondeur de cette crise et ses répercussions devraient impacter fortement les équilibres macro-économiques en 2020.