La crise associée à la COVID-19, par son impact négatif sur la vie économique, ne fait qu’accentuer le problème de la dette souveraine. Si le virus fait long feu, la défaillance des états ne peut être contournée.
Depuis que la COVID-19 a largué l’économie mondiale au creux de la vague, tous les marchés vaguent sans boussole. Seul le marché de la dette prospère. La chute de l’activité économique a ramené dans son élan baissier les recettes fiscales. Les pays n’ont plus qu’à se retourner vers les usuriers pour atténuer l’impact négatif de la COVID-19 et assurer la relance économique. Les pays développés se financent à bon marché, les moins avancés achètent l’argent au poids de l’Or. L’attitude des bailleurs des fonds envers ces derniers, bien qu’opportuniste, s’avère compréhensible. En effet, qui osera prendre le Titanic alors qu’il sait pertinemment qu’il va finir par chavirer.
Au cœur de la crise, le fonds monétaire international a émis une alerte se rapportant à la dette publique mondiale. Elle devrait atteindre le pic historique de 101,50% du PIB mondial. Au Maroc, et à l’aube de la déclaration de guerre prononcée par la COVID-19, gouvernement et parlementaires se sont précipités pour donner carte blanche à l’argentier du Royaume pour conduire une chasse à l’argent.
Les derniers chiffres publiés par la Trésorerie Générale du Royaume font apparaître qu’au cours des huit premiers mois de l’année COVID-19, l’endettement extérieur a été aggravé de 20,14 Mds de DH, tandis que l’endettement intérieur a été alourdi de 43,536 Mds de DH. Le service de la dette aussi bien intérieure qu’extérieure s’accapare au titre de la même période 14% des dépenses ordinaires de l’Etat. L’amortissement de la dette extérieure s’établit à 5,169 Mds DH. Il s’avère donc que la dette pèse lourd dans le budget de l’Etat.
Devant le tarissement de toutes les sources génératrices de devises, il parait que le recours au marché international vise non seulement le financement du déficit budgétaire mais également pour faire face aux échéances. En effet, les chiffres publiés par l’Office des changes dévoilent, jusqu’à fin juillet 2020, une régression des exportations de 20% et une chute des recettes voyages de 44%. Pour contourner la défaillance, le Maroc est donc obligé de s’approvisionner sur le marché international, dans plusieurs cas, à un prix fou. Toutes les économies réalisées lors des dernières sorties, bénéficiant de notations favorables des agences et des perspectives encourageantes de l’économie nationale, seront vite effacées.
Tout le risque est de voir la dette souveraine du pays mettre la souveraineté du pays en péril.
La crise n’a d’importance que par l’ampleur de la dette qu’elle crée. Celui qui maîtrise la dette maîtrisera le monde. Un nouvel ordre économique se construit alors autour de la dette. Dans une telle situation, un pays comme le Maroc, ne serait-il pas contraint un jour à se passer de ses joyaux pour financer la dette. La souveraineté du pays serait également bafouée par l’immixtion des bailleurs de fonds dans les affaires économiques et sociales du pays.
Personne ne souhaite que Tanger-Med tombe entre les mains des chinois, les autoroutes du Maroc (ADM) soient gouvernées par les espagnols, les aéroports du Maroc soient contrôlés par des allemands, le BORAK soit sous l’emprise des français ou encore la politique de l’OCP ne soit tracée par les américains. Ça serait un gâchis monumental.
Les marocains ont raison de tendre le dos. Ils assistent à une augmentation des dépenses publiques associée à une augmentation en flèche de la dette, sans que cela puisse se traduire par une création de richesses. Tout l’effort est axé actuellement sur le maintien sous perfusion des personnes et entreprises et l’effacement des ardoises. Le Maroc est en train de puiser dans ses fonds propres qui sont hélas très limités.
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A propos de la corruption , on ne peut pas enrayer un phénomène à la fois culturel ,social et sociétal par des mesures autres qu’éthique et d’éducation et de sanctions drastiques…
La corruption est devenue un facteur économique et un levier d’amélioration illicite des zones de confort notamment des détenteurs et pouvoir et de l’autorité..