L’éducation, la santé et l’emploi constituent les principales causes qui entretiennent les inégalités sociales au Maroc, puisqu’ils compromettent au départ les chances de réussite sociale d’un citoyen.
Les inégalités sociales au Maroc persistent tant que persistent les causes qui les alimentent. Trois facteurs se distinguent particulièrement en raison de leur intervention très tôt dans l’existence d’un individu.
D’abord l’éducation, qui constitue un ascenseur social… plutôt en panne actuellement. Selon la DEPF, malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics au cours des dernières années, le système éducation demeure marqué par de fortes inégalités. « L’indice de Gini pour le secteur de l’éducation, quoiqu’en baisse tendancielle depuis la décennie 1980 en lien avec la progression régulière du nombre d’années de scolarisation, demeure élevé, s’établissant à 0,55 en 2014 ».
L’analyse des dépenses publiques allouées à l’éducation par classe de niveau de vie laisse entrevoir ces inégalités éducatives. Pour illustrer ces inégalités, le rapport de la DEPF évoque les dépenses publiques destinées au cycle de l’enseignement secondaire et supérieur qui profitent davantage aux couches sociales aisées. En effet, 29% des personnes scolarisées dans ce cycle appartiennent aux 20 % des ménages les plus aisés contre 10 % pour les 20% les moins aisés.
On souligne par ailleurs que les inégalités d’opportunités ou de chance demeurent encore importantes au sein du système éducatif, au vu de l’impact significatif de l’origine sociale de l’élève et de ses conditions socioéconomiques et culturelles en matière de réussite scolaire.
Le rapport du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique a révélé, sur la base des résultats de l’étude PNEA 2016, que l’effet élève, constitué de ce que l’apprenant, en intégrant l’école, porte comme héritage social, est de 80% par rapport à l’effet établissement (20%).
En deuxième année secondaire, la différence des scores entre les élèves dont au moins un des parents possède un diplôme universitaire et deux dont les parents ont, dans le meilleur des cas, achevé le cycle secondaire collégial est de l’ordre de 64 points en mathématiques et de 62 points en sciences.
Autre domaine qui intervient très tôt dans la vie d’une personne et peut constituer un facteur d’handicap est l’accès aux soins de santé. Comme en témoignent les chiffres avancés par l’Enquête Nationale sur la population et la santé familiale 2011. Ainsi le taux de mortalité infantile s’établit à 33,9 pour 1.000 naissances vivantes pour les enfants issus des ménages pauvres contre seulement 18,7 pour 1.000 naissances vivantes issues des ménages aisés.
Les rédacteurs du rapport soulignent par ailleurs que malgré la mise en place du RAMED, les inégalités d’accès aux soins persistent, vu que ce dispositif est entravé par une offre sanitaire faible aussi bien au niveau national que régional. « Cette offre se trouve contrainte, également, par l’effectif réduit du personnel médical et l’insuffisance de l’infrastructure dédiée à la santé », relève-t-on.
Troisième facteur handicapant qui peut réduire sérieusement les chances d’un individu à améliorer sa situation sociale et qui intervient en aval des deux premiers est l’accès à l’emploi. Et là, il y a à boire et à manger en matière d’inégalités. Les premières cibles de ces inégalités sont les femmes, dont le taux d’activité est largement en deçà de celui des hommes : 23,6% contre 70,8% en 2016 (27,9% contre 76,2% en 2005). Dans la population active, elles sont les plus touchées par le chômage à 10,9% contre 8,9% pour les hommes, en 2015.
Hormis le genre, les inégalités sont fortement perceptibles par niveau d’instruction et par tranche d’âge. En effet, le taux de chômage est nettement plus élevé chez les diplômés, notamment jeunes, avec un taux de chômage, en 2016, de 22% pour les détenteurs de diplôme moyen, 14,1 % pour les détenteurs de diplôme supérieur contre 3,7% pour les sans diplôme.
C’est dire que s’il y a des leviers sur lesquels il faut agir pour réduire les inégalités sociales, c’est bien du côté de ces trois facteurs pour assurer une égalité des chances pour tous.