Interviewé par Lamiae Boumahrou I
Plus de 2 ans après l’entrée en vigueur de la loi sur le cannabis, un bilan d’étape de la mise en œuvre de ce nouveau cadre réglementaire s’impose. Où en est la culture du cannabis destinée à l’usage thérapeutique ? Quid du lancement du processus de transformation ? Quels sont les freins de la mise en oeuvre de ladite loi ? Autant de questions que nous avons posées au Pr Redouane Rabii, président de l’Association marocaine consultative d’utilisation du cannabis (AMCUC).
Etant l’un des pays cultivateurs du cannabis, le Maroc a fait le choix de réglementer cette culture. Ainsi en mai 2021, le Parlement marocain adoptait la loi 13-21 régissant l’usage légal du cannabis à des fins médicales, cosmétiques ou industrielles.
Ce nouveau cadre réglementaire régit ainsi tous les aspects relatifs aux usages licites du cannabis, de l’importation des semences à l’exportation des produits, en passant par les conditions de culture.
Plus de 2 ans après l’entrée en vigueur de cette loi, un bilan d’étape de la mise en œuvre de ce cadre réglementaire qui fait couler beaucoup d’encre s’impose.
Pour en savoir plus, nous sommes partis à la rencontre de l’un des militants dans ce domaine, Pr Redouane Rabii, président de l’Association marocaine consultative d’utilisation du cannabis (AMCUC).
Cette loi qui réglemente un secteur illégal va révolutionner non seulement l’activité mais aussi le secteur médical marocain. « Le Maroc doit être le premier leader en matière du cannabis médical », a affirmé le Pr Redouane Rabii.
A la question relative à la récolte des 2 dernières années, le Pr Rabii a précisé que la production a démarré bien qu’elle ne soit pas encore à la hauteur des attentes. « Ce qui est normal étant donné que nous n’étions pas préparer et qu’on disposait pas de graine certifié pour démarrer ce cycle de production », a souligné Pr Rabii. A partir de l’année prochaine la récolte du cannabis destiné à l’usage thérapeutique devrait être au rendez-vous.
En effet, faire basculer tout un écosystème qui travaillait dans l’illégalité avec des spécificités différentes à celles requises pour le domaine thérapeutique requiert non seulement du temps mais aussi un grand travail de sensibilisation des différents acteurs notamment les agriculteurs.
Concernant le retard qu’accuse le lancement effectif de la transformation du produit et la production des médicaments à base de cannabis sachant que les industriels pharmaceutiques ont déjà conclu des contrats avec les producteurs voire même payer la production, Pr Redouane Rabii affirme qu’il ne s’agit pas réellement d’un blocage, au vrai sens du terme, mais d’une lenteur du processus qui est justifiable étant donné qu’il a fallu tout lancé en même temps. Les premiers médicaments à base de cannabis seront certainement sur le marché à partir de l’année prochaine.
« L’enjeu aujourd’hui est de moderniser le processus de production et de respecter les règles et normes pour la culture du cannabis médical que nous pourrions vendre à un prix important. Il faut savoir que le Maroc a une plante spéciale n’existant nulle part ailleurs dans le monde », a insisté le Président de l’AMCUC.
En effet, les normes requises pour l’usage du cannabis dans le secteur médical sont très pointues et concernent le processus de culture de bout en bout soit de la qualité des semences, de l’eau passant par les produits agricoles utilisés. En d’autres termes, il faut garantir la traçabilité et la qualité du produit.
Et pour cause, ces médicaments seront prescris à des patients souffrant de maladies lourdes notamment le traitement du parkinson sévère, les épilepsies réfractaires, la sclérose en plaques, cancers (pour calmer les douleurs)…
Un travail de recherche et développement est en cours d’élaboration par l’Agence Nationale de Réglementation des Activités relatives au Cannabis (ANRAC) pour atteindre l’uniformité de la plante et l’hétérogénéité dans toutes les régions.
Ceci dit, le Maroc, qui cherche à se positionner sur un marché international du cannabis légal, devrait accélérer la cadence de mise en oeuvre et de production.