Réalisé par Soubha Es-Siari I
L’année 2023 tire à sa fin avec des réalisations mais aussi un tas de défis à relever pour un pays aspirant intégrer le cercle des pays émergents. Pour faire une rétrospective de l’année 2023, nous avons invité Omar Bakou, économiste et spécialiste de la politique de change pour dresser un bilan de l’exercice et décrire le rôle joué par les politiques budgétaire, monétaire et de change en tant que leviers dans un contexte marqué par une croissance atone et une inflation inédite.
Nous sommes à quelques jours de la fin de 2023, une année très rythmée en évènements ( poursuite du conflit russo-ukrainien, éclatement de la guerre à Gaza, sécheresse et son corolaire le déficit hydrique, inflation, séisme qui a frappé la région d’Al Haouz… ) toutes ces crises ont impacté d’une manière ou d’une autre l’économie nationale à telle enseigne que l’on se demande si le Maroc parviendra à honorer ses engagements et jouer convenablement le rôle d’un Etat social avec un budget sous pression.
Pour voir également la moitié pleine du verre, on peut dire que 2023 restera dans les annales de l’histoire du Maroc comme étant l’année où le Royaume se voit accorder, par les instances du football africain (CAF) et mondial (FIFA), le privilège de l’organisation des éditions de 2025 (CAN2025) et de 2030 (CdM2030).
Encore faut-il réaliser que la perspective d’organisation de ces deux tournois est loin d’être une sinécure. Dans la conjoncture actuelle marquée déjà par la hausse des prix, la hausse des besoins en fonds pour résorber les effets du séisme, mobiliser des financements additionnels pour l’organisation de ces deux tournois est un défi de taille.
Dans ce podcast, Omar Bakkou a rappelé que 2023 va se solder avec un taux de croissance de 2,7% comme annoncé par le Wali de BAM. C’est un taux nettement supérieur à celui réalisé en 2022 soit 1,2%. Si on fait le comparatif entre le taux réalisé au début de la décennie et celui enregistré au cours des dernières années, on peut dire que le Maroc s’est inscrit dans une tendance baissière en terme de rythme de la croissance. Ajoutons à cela que les croissances enregistrées au cours des dernières années sont artificielles parce que financées essentiellement par l’endettement public. Le volume de la dette publique a plus que doublé durant cette période.
Autre fait à relever c’est qu’il s’agit d’une croissance moins créatrice d’emplois étant donné que les modes de production ont quasiment changé et sont devenus fortement consommateurs de nouvelles technologies de l’information.
L’autre élément aussi négatif c’est le niveau d’inflation élevé. Donc une inflation importante conjuguée à une croissance faible dans une configuration économique comme celle de l’économie marocaine s’accompagne d’une aggravation des inégalités sociales. Autrement dit, toutes les personnes non connectées à la machine économique verront leur situation se détériorer.
Toutefois, il faut nuancer parce que la succession des crises ajoutée à une sécheresse aigüe sans oublier le choc de la Chine qui depuis l’intégration de l’OMC a impacté l’économie mondiale y compris le Maroc avec le dumping. Cela n’a pas empêché le Maroc de mener un certain nombre de réformes importantes pour l’économie marocaine.
Mis à part le volet de l’endettement, lorsque nous regardons le déficit de la balance des paiements, on remarque qu’il y a des capacités de résilience extrêmement importantes à travers la résistance à la baisse des exportations.
Sur le plan budgétaire, force est de constater que malgré une conjoncture difficile, le Maroc a mené une politique expansionniste comme en atteste le budget alloué à l’investissement public avoisinant les 300 Mds de DH.