Réalisé par Soubha Es-Siari I
La démocratisation de l’épargne se veut désormais un impératif. En cause seulement 7% des actifs sous gestion sont actuellement détenus par des investisseurs particuliers. Le marché fait donc face à un très large potentiel de mobilisation de l’épargne populaire notamment à travers une éducation financière plus élargie et des plans d’épargne appropriés (PEA, PEL…).
L’Association des Sociétés de Gestion et Fonds d’Investissement Marocains (ASFIM) a organisé ce mardi 31 octobre 2023 l’édition 2023 de sa grande conférence sous le thème « la gestion d’actifs, vecteur de mobilisation de l’épargne pour un meilleur développement en Afrique », en présence d’experts, de professionnels et de régulateurs marocains et internationaux.
Dans cette édition de 2023, l’ASFIM a choisi de donner une dimension africaine en conviant des experts du secteur dans le continent. Inutile de rappeler que dans un contexte marqué de plus en plus par l’organisation des groupements régionaux, l’Afrique, continent d’avenir est appelé à se prendre en main, à se développer et à asseoir son autonomie sur des bases solides.
En marge de la conférence, EcoActu a interviewé Réda Hilali, président de l’ASFIM sur le rôle censé jouer la gestion d’actifs en matière de mobilisation de l’épargne dans un contexte où le Maroc se prépare à lancer de nouveaux chantiers structurants (CAN 2025), Coupe du monde 2030 sans oublier le chantier titanesque de la protection sociale. Le point également sur les écueils sur lesquels bute la gestion d’actifs.
A titre indicatif, l’industrie marocaine des OPCVM connaît, depuis son lancement en 1995, une évolution remarquable. Chiffres à l’appui : cette industrie compte actuellement 573 OPCVM en activité gérées par une vingtaine de sociétés de gestion avec un actif net qui s’élève à près de 55 Mds de dollars. A fin 2022, les OPCVM détiennent 34% de l’encours des Bons du Trésor et 60% de l’encours de la dette privée. Ces indicateurs attestent du rôle significatif de l’industrie des OPCVM dans le développement du marché financier marocain.
En contribuant au financement des besoins du Trésor, elles participent au financement des politiques publiques sociales et sectorielles en plus des besoins des agents économiques favorisant la canalisation de l’épargne vers l’investissement.
Toutefois, cela n’empêche pas de reconnaître que du chemin reste encore à parcourir et que des défis sont également à relever.
L’un des défis majeurs réside dans l’augmentation du nombre relativement faible des investisseurs en OPCVM. En effet, 63% des actifs sous gestion sont actuellement détenus par les investisseurs institutionnels, tandis que seulement 7% sont gérés pour le compte d’investisseurs particuliers.
« Globalement, nous ne comptons que 30 000 investisseurs sur le marché au total, et ce alors même que des produits destinés à mobiliser l’épargne populaire à long terme, comme le plan d’épargne en actions, ont été créés en 2011, sans pour autant avoir le succès escompté », rappelle à juste titre le président de l’ASFIM.
Un deuxième défi concerne la profondeur des marchés de capitaux. Aujourd’hui, la Bourse de Casablanca, deuxième de par la capitalisation en Afrique, ne compte que 74 valeurs cotées. Le marché de la dette privée, tout en étant relativement dynamique, ne concerne qu’un nombre d’émetteurs limité pâtissant de l’absence de notation du risque crédit comme c’est le cas dans d’autres marchés plus évolués.
En troisième lieu, Réda Hilali cite la limitation des produits financiers à des instruments relativement simples. En effet, l’absence actuellement de produits dérivés, de marchés à termes, ainsi que les restrictions concernant l’investissement à l’international ne permet pas aujourd’hui d’élargir la palette des produits proposés à nos clients.
Un autre défi et pas des moindres concerne la clientèle internationale. En effet, moins de 1% des encours gérés le sont pour le compte de clients non-résidents.
Dans un contexte où le Maroc est en plein lancement de chantiers structures, le rôle de la gestion d’actifs ne fait donc que s’accentuer et ce pour une meilleure mobilisation de l’épargne en vue d’accompagner ces différents chantiers. Le processus de réformes le concernant ne fait que se poursuivre notamment avec le projet de refonte de la loi relative aux OPCVM ayant pour principal dessin le développement de l’industrie au service de la mobilisation de l’épargne pour accompagner le développement économique du pays.
Le projet de refonte de la loi permettra de hisser le dispositif juridique régissant cette industrie aux meilleurs standards internationaux, conformément aux principes de l’Organisation Internationale des Commissions de Valeurs, et ce à travers une série de dispositions qui permettront dans la continuité du cadre actuel de renforcer la protection des porteurs de titres, de mieux encadrer l’exercice de l’activité de gestion d’OPCVM et de renforcer les moyens d’intervention de l’AMMC en matière de contrôle.
Ensuite, comme mentionné précédemment, seulement 7% des actifs sous gestion sont actuellement détenus par des investisseurs particuliers. Le marché fait donc face à un très large potentiel de mobilisation de l’épargne populaire qui reste à exploiter, notamment à travers une éducation financière plus diffusée et des plans d’épargne appropriés.
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