Ecrit par L.Boumahrou I
La faible création d’emplois est le talon d’Achille de toute économie. Un moteur de développement et une locomotive de croissance qui, une fois à la traîne, donnent aux décideurs politiques du fil à retorde. La question a été abordée lors des assemblées annuelles du FMI/BM qui se tiennent à Marrakech du 9 au 15 octobre dans un panel sous le thème « la solution contre la pauvreté : une croissance créative d’emplois ».
Il faut dire que le sujet a toute son importance notamment dans le contexte actuel marqué par des crises qui se succèdent.
En effet, à peine s’est-elle remise de la crise sanitaire que l’économie mondiale a subi de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine dont les conséquences sur l’économie mondiale et sur les échanges commerciaux ont été lourdes. Ces crises impactent également les objectifs d’éradication de la pauvreté extrême à travers le monde.
Axel Van Trotsenburg, the World Bank’s Senior Managing Director (SMD), a souligné en marge de cette conférence que vu la croissance actuelle, le monde n’est pas en mesure d’éliminer la pauvreté extrême d’ici fin 2030. Bien au contraire, d’ici la fin de l’année prochaine, environ 30% des pays en voie de développement demeureront plus pauvres qu’avant la pandémie Covid.
Pour sortir de cette situation, il faudrait créer davantage d’emplois de meilleure qualité. « C’est un défi au cœur de la mission de la Banque mondiale. Il faut savoir que 205 millions de personnes à travers le monde sont sans emploi, dont beaucoup sont très jeunes. En sus, plus 2 milliards de personnes ont de faibles salaires et des possibilités de croissance limitées », a affirmé Axel Van Trotsenburg.
Ce sont 25% de la population mondiale qui sera sans emploi. C’est dire l’urgence de relever le défi de création d’emplois. Pour donner un ordre de grandeur, en Afrique subsaharienne l’économie produit seulement 1 emploi formel pour 5 nouveaux entrants dans le marché du travail.
Axel Van Trotsenburg a précisé que 3 grandes contraintes limitent la création d’emploi. En premier lieu, les coûts élevés des intrants qui freinent la production des entreprises notamment les PME. Rappelons que ces dernières représentent plus des 2/3 des emplois formels créés dans les pays en développement et 80% dans les pays à faible revenu.
C’est pourquoi Axel Van Trotsenburg a appelé à l’assouplissement des procédures réglementaires et juridiques pour favoriser la création d’emplois par les PME qui sont créatrices du plus grand nombre d’emplois, atteindre un accés équitable à l’éducation et aux compétences pour une main d’œuvre de qualité et enfin se tourner davantage vers les nouvelles technologies qui réduisent les obstacles.
Autre contrainte, la difficulté des entreprises à pénétrer les nouveaux marchés, à croitre et à innover les empêchant de produire davantage et de meilleure qualité. Plus de la moitié des PME n’ont pas accès aux financements officiels. C’est pourquoi, créer des conditions favorables à l’amélioration de l’accès au financement pourrait jouer un rôle phare pour la croissance des entreprises et la création de l’emplois, a affirmé le directeur général principal de la Banque mondiale.
Axel Van Trotsenburg a conclu son intervention en précisant qu’il est impératif de créer un milieu propice pour l’attirance des entreprises par les capitaux privés qui eux sont en mesure de créer plus d’emplois de qualité et mieux rémunérés.
» Les emplois sont au coeur de notre feuille de route de développement et de croissance car ils permettront de relever le défi de la pauvreté extrême. C’est pourquoi nous allons redoubler d’efforts pour agir. L’heure est à l’action », a-t-il conclu.