Dans de nombreux pays de l’Afrique, l’accès à l’électricité reste très limité avec peu de progrès ces trois dernières années notamment dans la région subsaharienne où pas moins de 567 millions de personnes en sont dépourvues. Or, force est de rappeler que l’électricité est un levier important pour l’industrie. Donc tant que le continent n’est pas électrifié, il est difficile d’assurer son industrialisation et, par ricochet, son autonomie.
A l’occasion du forum Medays 2023 qui se tient à Tanger du 15 au 18 novembre, sous le thème «Polycrise, Polymonde», organisé par l’Institut Amadeus, un panel a été dédié aux investissements, infrastructures et industries comme moteurs de développement du continent africain qui verra sa population doubler d’ici 2050. Ce dédoublement de la population se traduirait par de nouveaux besoins et d’où l’urgence de mettre à partir d’aujourd’hui les différents moteurs de croissance en marche.
A ce titre, les intervenants ont tour à tour mis en exergue le potentiel de leurs économies respectives dans une période où les lignes de l’échiquier mondial bougent sans cesse. Ils ont également pointé du doigt les contraintes qui s’érigent en véritables obstacles pour aller de l’avant.
L’exemple du Sénégal est édifiant. Le pays traverse une période charnière de son développement économique. Cette période pourrait même être qualifiée d’années glorieuses notamment avec la découverte de pétrole et de gaz. « Cette découverte offre des opportunités de développement parce que nous avons créé un cadre propice à l’investissement en réformant l’environnement des affaires et modifiant un certain nombre de lois », annonce Abdoulaye Baldé, Directeur Général de l’Agence pour la promotion de l’investissement et des grands travaux au Sénégal. En termes d’investissements directs étrangers, le Sénégal est aujourd’hui classé parmi les 10 pays ayant les plus importants IDE dans le continent. D’où l’enjeu et l’importance des infrastructures pour une meilleure attractivité des IDE. L’intervenant plaide foncièrement pour l’intégration africaine pour résorber le chômage des jeunes, subvenir aux besoins de la population en matière d’accès au logement, à l’eau, à l’électricité…
L’exemple du Nigéria, un pays disposant de ressources gazières et dont 92 millions de la population ne bénéficient pas de l’électricité, interpelle à plus d’un titre. Le Nigéria n’est pas le seul pays du continent à subir un tel sort. D’après l’Agence Ecofin, l’Afrique reste le continent le moins électrifié du monde.
Toutefois d’énormes disparités s’observent entre les différents pays. D’une manière générale, l’accès à l’électricité reste très limité dans de nombreux pays africains avec peu de progrès ces trois dernières années notamment dans la région subsaharienne où pas moins de 567 millions de personnes en sont dépourvues. Le continent est donc loin de réaliser l’objectif de développement durable 7 relatif à l’accès à l’énergie d’ici 2030. Or, force est de rappeler que l’électricité est un levier important pour l’industrie. Donc tant que le continent n’est pas électrifié, il est difficile d’assurer son industrialisation et, par ricochet son autonomie.
Les intervenants ont par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de développer les secteurs les plus porteurs. Ils sont conscients que le financement s’érige en un handicap empêchant les gouvernements à agir en toute agilité et investir dans l’infrastructure. A ce titre, le Partenariat public-privé (PPP) s’avère plus que déterminant pour accompagner cette nouvelle dynamique régionale. Le but étant bien entendu de garantir son autonomie et de mobiliser des ressources financières purement africaines.
Aussi et dans la foulée, le rôle de la blockchain dans le processus de développement a été débattu par les intervenants. Assurément le potentiel de technologies de blockchain a joué un rôle important au cours des dernières années, mais cela n’empêche de reconnaître qu’il reste le parent pauvre dans certains domaines. Toutefois, il existe un potentiel important dans la blockchain et qu’il est importtant d’exploiter pour libérer les énergies. Pour ce faire, il faut mobiliser des fonds massifs pour des projets de grande envergure.
A rappeler que les populations qui migrent des zones rurales vers les villes sont de plus en plus importantes. Ces populations n’arrivent pas à accéder facilement aux logements. Avec les nouvelles technologies et l’impression en 3D, la cadence de construction pourrait être augmentée. On parle de bilions de personnes qui doivent être logées dans les zones urbaines. C’est le cas de la chine avec du bâtiment préfabriqués.
Outre ce qui précède et autre écueil sur lequel bute l’Afrique est le commerce intra-africain qui reste timide par rapport au reste du monde. La plupart des articles échangés entre les pays du continent sont importés d’autres marchés hors Afrique. C’est dans ce sens que la Zone de libre-échange continentale (ZLECAF) a vu le jour le 1er janvier 2021. Elle devrait stimuler le commerce intra-africain de 52% d’ici 2025, augmenter les revenus de l’Afrique jusqu’à 450 milliards de dollars d’ici 2035 et sortir 30 millions de pauvreté de l’extrême pauvreté.
S’agissant du volet investissement en Afrique, les intervenants rappellent que le cadre juridique et réglementaire occupe une place de choix. Il permet la protection des investisseurs sans les différents aléas pouvant survenir en cours de route. Ajoutons à cela, la disponibilité du foncier qui détermine l’acte d’investir. A ce sujet, Mohssine Semmar, président of the Exécutive Board Medz a rappelé le rôle de la filiale de la CDG. Créée en 2002 pour accompagner l’État dans sa stratégie touristique, MEDZ a rapidement développé son expertise et son savoir-faire pour devenir leader au Maroc dans l’aménagement et la gestion de parcs d’activités industriels et offshoring. En 20 ans, elle est passée d’une société mono-projet, créée pour l’aménagement d’une zone touristique, à une société bénéficiant d’un portefeuille de 25 zones industrielles, offshoring et touristiques réparties sur le Maroc et qui accompagne plusieurs stratégies sectorielles.
Outre 2.000 hectares aménagés au niveau de ses parcs d’activité, MEDZ a également à son actif le développement de 400.000 m² de plateaux bureaux dédiés au locatif.
Medz a une stratégie d’action basée sur l’écoute du marché dans le sens ou on essaie d’adapter notre offre aux changements du marchés et des besoins d’investisseurs. Le but étant d’améliorer l’attractivité du Maroc et son rayonnement à l’échelle internationale.
Les initiatives menées par les pays du continent sont louables mais elles demeurent insuffisantes pour permettre au continent de se hisser au niveau mondial. L’enjeu d’une meilleure intégration africaine pour mobiliser les financements nécessaires n’est plus à démonter. L’Afrique a selon la BAD besoin de 100 Mds de dollars par an pour rattraper les autres Etats en matière d’infrastructures. L’Afrique a besoin également de créer des débouchés pour absorber le boom démographique soit 1,4 milliard d’habitants dans la région.