La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé avoir révisé à la baisse ses prévisions macroéconomiques à court et moyen terme pour l’Afrique, pour les années 2023 et 2024. L’institution table désormais sur 3,4 % cette année et 3,8 % l’an prochain, contre 4,0 % et 4,3 % précédemment anticipés.
Ces taux de croissance sont inférieurs à ceux prévus dans les PEA 2023 lancé en mai, de 0,6 point de pourcentage et 0,5 point de pourcentage, respectivement. La révision à la baisse est attribuée à de multiples facteurs : les effets néfastes à long terme de la COVID-19, les tensions et conflits géopolitiques, les chocs climatiques, le ralentissement de l’économie mondiale et l’espace budgétaire restreint pour répondre de manière adéquate aux chocs et préserver l’activité économique.
Le ralentissement plus marqué de la croissance prévue est aggravé par des pressions inflationnistes persistantes qui témoignent non seulement de l’impact de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, mais également de la perturbation persistante des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les décideurs politiques sont confrontés à un arbitrage difficile entre stimuler la croissance économique et maîtriser l’inflation dans un contexte de faibles réserves budgétaires, et une politique monétaire minée par la nature structurelle de la vague actuelle d’inflation.
L’éruption de tensions géopolitiques au Moyen-Orient pourrait alimenter de nouvelles hausses des prix de l’énergie, déclencher une nouvelle vague de pressions inflationnistes et limiter la croissance mondiale, avec des implications directes sur la croissance à moyen et long terme de l’Afrique.
La croissance pourrait également être affectée par les mauvaises récoltes sur tout le continent en raison du phénomène climatique El Niño prévu et de la disponibilité des engrais agricoles, dont les prix continuent d’augmenter. Les faibles rendements agricoles peuvent aggraver les conditions d’approvisionnement déjà tendues, suscitant les craintes d’insécurité alimentaire et de pressions inflationnistes.
La croissance de l’Afrique du Nord devrait passer de 4,7% en 2022 à 4,0% en 2023, soit une révision à la baisse de 0,7 point de pourcentage par rapport aux prévisions de mai 2023. L’Afrique du Nord a été freinée par des chocs négatifs sur les termes de l’échange, d’importantes dévaluations monétaires (en Égypte) et un environnement marqué par une forte inflation (surtout en Algérie et en Tunisie) qui continuent de peser sur l’activité économique.