En général, la problématique du retard des délais de paiement dans le secteur privé laisse deviner des difficultés financières (crédit interentreprises) différenciées selon la taille de l’entreprise. Et souvent, cette situation est magnifiée comme une sorte de rapport de force imposé par les GE aux PME et les TPE (ce qui est au passage vrai). Pourtant avec un niveau de solde commercial le plus élevé, ce sont les TPE qui constituent le 1e maillon de cette chaîne « alimentaire ».
Le montant des crédits inter-entreprises est passé de 377 en 2020 à 375 milliards de DH en 2021, soit une baisse de 1%. Aussi, le montant du crédit interentreprises est passé légèrement en-dessous du crédit bancaire. Plusieurs explications sont possibles : baisse des transactions inter-entreprises en 2021 du fait de la crise, offres Damane Relance et Oxygène qui ont permis d’injecter des liquidités dans le circuit… Selon le rapport annuel 2023 de l’Observatoire des délais de paiement.
En général, la problématique du retard des délais de paiement dans le secteur privé laisse deviner des difficultés financières (crédit interentreprises) différenciées selon la taille de l’entreprise. Et souvent, cette situation est magnifiée comme une sorte de rapport de force imposé par les GE aux PME et les TPE (ce qui est au passage vrai). Pourtant avec un niveau de solde commercial le plus élevé, ce sont les TPE qui constituent le 1e maillon de cette chaîne « alimentaire ».
Même avec une amélioration généralisée, les disparités par taille d’entreprises persistent. Si la baisse des délais clients a concerné l’ensemble des tailles, elle a cependant été plus significative pour les TPE, avec un repli de 42j comparativement aux GE et PME dont les diminutions ont été respectivement de 16j et de 18j. En regard, les délais de paiement fournisseurs ressortent également en baisse, avec des réductions de 19j pour les GE, de 12j pour les PME et de 26j pour les TPE.
L’examen des niveaux des délais par taille d’entreprise fait ressortir la similarité des pratiques de paiement des GE et PME. En effet, les délais clients observés en 2021 restent relativement proches du délai pouvant être consenti de 90j, avec 84j pour les GE et 100j pour les PME. A l’inverse, les TPE continuent de pâtir des pratiques de paiement.
Niveau moyen des délais de paiement par taille d’entreprises en 2021
En plus de subir les délais clients les plus longs, avec 159j en 2021, elles enregistrent les délais fournisseurs les plus courts avec une moyenne de 97j.
Dans ces conditions, ce sont ces petites structures qui supportent la charge du crédit interentreprises, avec un niveau de solde commercial de 75j, alors qu’il n’est que de 20j pour les PME et de 2j pour les GE.
Bien évidemment, il ne faut pas non plus mettre les PME et les GE au même pied d’égalité puisque le rapport souligne que les Grandes Entreprises (GE) sont payées encore plus vite : en 2021, celles-ci sont payées à 83 jours contre 95 jours en 2020, résultant de leur pouvoir de négociation élevé vis à vis des autres catégories d’entreprises.
Cependant, le rapport constate une courbe inversée des délais de paiement : les GE payent plus tardivement leurs fournisseurs qu’elles ne sont payées par leurs clients, ce qui génère un impact positif sur leur trésorerie.
Cela s’explique par un rapport de force favorable et d’une puissance de négociation qui leur permettent d’imposer leurs conditions aux partenaires commerciaux.
Les déboires des TPE ne s’arrêtent pas en si bon chemin. En effet le rapport rappelle le lien de corrélation évident entre délais de paiement et défaillances d’entreprises : 40% des défaillances sont engendrées par des retards de paiement.
L’allongement des délais de paiement est depuis 2010, est 1ère cause de mortalité des entreprises ; La TPE, est la 1ère victime des délais de paiement, avec des délais clients supérieurs à 8 mois en 2021… et quasi unique victime des défaillances d’entreprise, soutient l’analyse.
Le solde commercial des entreprises en baisse
La baisse des délais de paiement clients a contribué à diminuer le solde commercial des entreprises, notamment dans le secteur des services. Exprimé en jours de chiffre d’affaires (JCA), le solde commercial reflète la situation nette de l’entreprise vis-à-vis de ses partenaires commerciaux.
Une situation prêteuse qui équivaut à un solde commercial positif renvoie ainsi sur un besoin de trésorerie, tandis qu’une situation emprunteuse, exprimée par un solde négatif, reflète un excédent de trésorerie. Les résultats observés en 2021 sont marqués par une forte disparité des évolutions des soldes commerciaux, même si les moyennes enregistrées montrent que les entreprises marocaines restent structurellement prêteuses.
En effet, les entreprises opérant dans les secteurs des transports, des services et de l’industrie manufacturière ont connu des évolutions positives, avec des baisses respectives de 13j, 12j et 3 JCA.
A l’inverse, le secteur des activités immobilières a connu la plus forte hausse de 35 JCA, suivi du secteur de la Construction avec une augmentation de 17 jours par rapport à 2020, en lien notamment avec les dégradations importantes de leurs délais clients.