Ecrit par Imane Bouhrara I
Bien parti pour atteindre la neutralité eau en recourant pour ses sites à l’usage des eaux non conventionnelles, le groupe OCP a performé en développant aussi bien des moyens de dessalement de l’eau de mer que les STP pour la réutilisation des eaux usées. Avec le MoU relatif à la production d’eau potable par dessalement d’eau de mer pour les régies de Safi et d’El Jadida, OCP met les bouchées doubles. Visite au sein du site de Jorf Lasfar dont l’usine déssaline 40 millions de mètres cubes par an et dont la capacité est en phase de renforcement.
Passer de 12 millions de tonnes à un record de 20 millions de tonnes d’engrais, c’est l’objectif phare du programme d’investissement vert 2023-2027 de l’OCP (signé en avril 2022). Mais pour baliser le terrain vers un développement durable, le groupe mène une stratégie une stratégie basée sur l’optimisation de sa consommation d’eau, sur le recours aux ressources non conventionnelles et sur la R&D pour accompagner le développement du secteur de l’eau.
Et les réalisations sont au rendez-vous, le cas du site de Jorf Lasfar en autonomie depuis mai 2023, une prouesse mondiale. Pour mieux comprendre la performance, le site produira à partir de 2023 quelques 14 millions de tonnes d’engrais. Érigé sur 2.000 Ha, le site compte en plus des unités de valorisation et de productions 40.000 collaborateurs d’OCP et 10.000 sous-traitants… le tout en priorisant une démarche de développement durable.
Les capacités et innovations développées et en développement par le groupe OCP et les efforts consentis sur différents vont encore se renforcer avec la signature au mois de juillet 2023 d’un MoU et d’un contrat de concession entre l’État et le Groupe OCP, relatifs à un plan d’urgence de production d’eau potable par dessalement de l’eau de mer pour les régies de Safi et d’El Jadida.
Désormais, le groupe mets les bouchées doublés.
Focus sur le programme « Eau » d’OCP particulièrement le dessalement d’eau de mer
Le programme « Eau » porte sur la mobilisation des ressources non conventionnelles pour satisfaire les besoins en eau du groupe OCP à 100 % des ressources non conventionnelles. Il repose sur deux principaux piliers. Le premier concerne le renforcement des capacités d’épuration d’eaux usées urbaines par les STEP (stations d’épuration des eaux usées) pour leur réutilisation industrielles.
Le deuxième pilier repose sur l’investissement dans les capacités supplémentaires de dessalement d’eau de mer. L’objectif est de porter la capacité à 560 millions de mètres cubes (Mm3) par an (300 Mm3 au niveau du site de Jorf Lasfar, 200 Mm3 au niveau de l’axe Safi-Meskala-Gantour et 60 Mm3 pour le site de Laâyoune).
A cet effet, la caméra de EcoActu.ma a visité la station de dessalement d’eau de mer sur le site de Jorf Lasfar, comme chef de file de ce programme, avec 40 Mm3 d’eau dessalée par an et qui est en passe de doubler sa capaciter avec le chantier de la 2e station sur le site de Jorf Lasfar.
L’objectif étant de passer à une capacité de 170 Mm3 par an en 2024 et 300 Mm3 en 2025 (dont 90 Mm3 d’eau pour les besoins industriels, 45 Mm3 pour les besoins urbains dont eau potable et 85 Mm3 pour les besoins agricoles). Le tout en optant pour un mode d’exécution en Fast Trak sur toute la chaîne de valeur, soutenu par une gouvernance et des processus Lean.
Bilan d’étape
En 2022, les sites d’OCP étaient à 31 % en termes d’utilisation d’eau non-conventionnelle, pour atteindre 80% actuellement. Le site de Jorf Lasfar est 100% d’utilisation d’eau non-conventionnelle, et le site de Safi est également en phase d’atteindre son autonomie d’eau en usant des eaux non-conventionnelles émanant du dessalement d’eau de mer.
Ce résultat est le fruit de plusieurs programmes, le premier est le programme d’urgence lancé en avril 2022 et qui a ramené 85 Mm3 d’eau dessalée.
Son premier objectif était de desservir les sites industriels et dans une deuxième étape d’alimenter les villes avoisinantes des sites de l’OCP en eau.
Dans ce sens, la 1e ville qui sera alimentée est celle de Safi dans les prochains jours, pour avoir une autonomie de la ville en eau dessalée de Jorf, suivie de la ville d’El Jadida mais aussi Moulay Abdellah, Azemmour, Haouzia et région.
Tout cela a été rendu possible grâce à la mobilisation de ressources et aux capacités d’ingénierie locale de JESA et avec l’intervention et le support des autorités locales et partenaires institutionnels. Ce qui a permis de réaliser ce projet dans des délais réduits et en termes de réalisation on a pu avoir l’autonomie du site de Jorf Lasfar ce qui est une prouesse et une 1e mondiale qu’un tel site industriel soit autonome en eau en usant l’eau dessalée, explique Otmane Abousselham, Program Lead Dessalement OCP.
Cet objectif a été aussi réalisé grâce à des capacités industrielles au niveau du site, conjuguée à une optimisation d’utilisation d’eau (une réduction de 15% de la consommation en 2022-2023), qui a permis d’atteindre rapidement cet objectif et puis le recours à la R&D et le partenariat avec l’UM6P qui a permis de capter les meilleures technologies sur le marché et mobilisé toutes ces composantes en un délai réduit, poursuit-il.
La prochaine étape est l’alimentation du site de Khouribga et le site minier en autonomie grâce à l’eau dessalée et de réutilisation des eaux usées des step à partir de début 2024.
La step de Khouribga est opérationnelle depuis 2010 et d’autres STEP sont en cours de construction à Fkih Bensaleh, Tadla, Beni Mellal… pour atteindre l’autonomie au niveau de Khouribga au cours du 1e trimestre 2024.
Sur l’axe centre (Safi), c’est la même dynamique qui prévaut pour assurer une alimentation des sites miniers et industriels de Benguerir, Youssoufia et l’anticipation des besoins futurs du nouveau site industriel de Mzinda (complexe chimique et minier) et bien évidemment alimenter la ville de Marrakech en eau début 2025.
Pour le site de Laâyoune, depuis sa création il dispose d’une usine de dessalement, l’une des premières au niveau national.
Au départ sur la base d’énergie conventionnelle et 2000 osmose inverse, il est autonome mais aussi développer un programme pour ramener des capacités supplémentaires pour répondre à l’extension PFC et même les projets d’hydrogène et green amonnia pour ramener la capacité à 60 Mm3 au niveau de Laâyoune à l’horizon 2027.